Paul Chack (1876-1945) : "J'ai été marin. Quarante années durant, j'ai servi dans le Grand Corps. À bord de quinze bâtiments de guerre, j'ai exercé à peu près tous les métiers. J'ai fait mes premiers quarts à la voile, tour à tour sur deux frégates. J'ai parcouru les sept mers et bien des terres [...]. J'ai commandé un sous-marin en temps de paix et un contre-torpilleur pendant la guerre. Bref, j'ai servi."
Les livres de Paul Chack, on les trouve dans toutes les vieilles maisons de bord de mer. De fabuleux tirages ont assuré une énorme diffusion à ces récits maritimes et historiques de l'entre-deux-guerres. Et puis Chack n'était pas un écrivain. C'était un marin qui écrivait.
Paul Chack nous emmène des Dardanelles aux brumes du Nord, de patrouilles tragiques en traversées épiques et de naufrages miraculeux en croisières merveilleuses.
Ce n'est pas tout : raconter Paul Chack, c'est aussi donner quelques coups de projecteur sur le monde politique, littéraire et artistique de l'entre-deux-guerres et de l'Occupation, sur son ami de plume et de Marine, Claude Farrère, ou sur son éditeur, Horace de Carbuccia.
Enfin, il y a la face tragique de Chack : les engagements sous l'Occupation, l'arrestation, le procès : jugé au pire moment de l'Épuration, il fut passé par les armes, à cet instant critique de l'histoire de la France, ces quelques semaines où le Parti communiste dit "français", stalinien, totalitaire, hideux, s'était cru installé définitivement au pouvoir.
Dans cette émission, Francis Bergeron entend réhabiliter la mémoire de Chack, permettant ainsi de porter un regard plus indulgent sur ceux qui, par un anticommunisme parfaitement légitime et justifié, engagés dans le camp des futurs vaincus, ont basculé du statut de soldats de l'Europe à celui de réprouvés, de mauvais français.
Émission "Les trésors en poche", animée par Anne Brassié.
En 1972, alors que la jeunesse occidentale poursuit sa mobilisation contre la guerre du Viêtnam, des bombes explosent aux quartiers généraux américains de Francfort et Heidelberg. Des soldats sont tués et des ordinateurs chargés d'assurer la logistique de l'armée américaine au Viêtnam sont détruits.
Pour la première fois, un groupe de lutte armée, la RAF, affirme qu'il ne représente que lui-même, qu'il est sujet révolutionnaire. Il attaque l'impérialisme au cœur même des métropoles, en Allemagne fédérale. Pour les militants de la Fraction armée rouge, le mot d'ordre du mouvement étudiant, "Il faut lutter ici et maintenant", est devenu une prescription éthique qu'ils ont assumée jusqu'en prison, dans les conditions les plus dures.
D'autres attentats suivront, contre des juges, des policiers. En 1977, le groupe prend en otage le chef du patronat allemand, un ancien SS chargé de hautes responsabilités sous le Troisième Reich.
Dans l'histoire qu'ils nous racontent, Anne Steiner et Loïc Debray ont accordé une place déterminante aux écrits de la RAF et aux enjeux qu'ils sous-tendent car c'est avant tout la production théorique du groupe qui éclaire le mieux sa cohérence et sa singularité.
Émission "Offensive sonore".
Des années de la Guerre froide à la période contemporaine, néolibéralismes social et conservateur coexistent en France. Parfois rivaux, leurs tenants ont un adversaire commun : le socialisme. Un néolibéralisme modéré s'épanouit d’abord chez des économistes et des hauts fonctionnaires. Parallèlement, un discours plus radical prend son essor dans l'univers patronal, où il s'agit de remettre en cause la place prise par l'État dans le développement économique national.
Le premier de ces néolibéralismes s'impose sur la scène politique durant les années 1950 puis au sein même des bureaucraties d'État. La seconde forme bénéficie des crises pétrolières des années 1970 et des effets produits par l'arrivée au pouvoir d'une majorité socialiste en 1981. Le maintien des structures mises en place à la Libération a pu dissimuler les progrès du néo-libéralisme première manière, parfois qualifié de "gestionnaire". Durant les années 1980, la vigueur du second a aiguillonné la droite parlementaire pour échafauder le programme de privatisations et de déréglementations qu'elle engage une fois revenue aux affaires.
Il aura ainsi fallu près de cinquante ans pour que le modèle néo-libéral se métamorphose en solution politique.
Car à l'encontre des idées reçues, le néo-libéralisme n'est pas venu tout droit de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis dans les années 1980. Son histoire s'enracine dans le bouillonnement intellectuel et politique de la France de l'entre-deux-guerres. Des économistes, des patrons et des hauts fonctionnaires jettent alors les hases d'un libéralisme nouveau et élaborent un art de gouverner.
C'est cette longue longue marche du néo-libéralisme des années 1930 à aujourd'hui que François Denord nous retrace.
Nous ne faisons plus la guerre comme avant. Ce n'est plus le droit qui la régit, ce n'est plus un affrontement entre Etats. Mais alors... est-ce là la cause du terrorisme ?
Carl Schmitt nous aide à y répondre aujourd'hui, en compagnie de Jean-François Kervegan.
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
Comme si une bonne fée s'employait, magnanime, à faire coïncider sa morale et ses intérêts, le prétendu monde libre revêt ses ambitions matérielles des oripeaux de la justice et du droit. C'est ainsi qu'il pratique le bombardement de pays étrangers à des fins "démocratiques", mais de préférence dans les contrées riches en hydrocarbures ou en ressources minières. Conjuguant la foi du charbonnier et la rapacité du capitaliste, il agit comme s'il pouvait convertir sa puissance économique en privilège moral.
Le reste du monde n'est pas dupe, mais finalement peu importe. "Le monde libre" a toujours raison car il est du côté du Bien, et il ne risque pas la contradiction aussi longtemps qu'il est le plus fort - c'est du moins ce qu'il croit.
La barbarie congénitale qu'il attribue aux autres est l'envers de son monopole autoproclamé de la civilisation. Auréolé du sacro-saint "droit d'ingérence", ce mariage réussi du sac de sable façon GI's et du sac de riz façon Kouchner, l'Occident vassalisé par Washington s'imagine sans doute qu'il sauve le monde en le soumettant à l'impitoyable razzia exigée par les vautours de la finance et les multinationales de l'armement.
En octobre 2008, le système financier mondial a failli s'écrouler. Depuis, la crise financière s'est muée en une crise de la dette publique qui s'aggrave de semaines en semaines.
Le fonctionnement de l'économie, à l'heure actuelle, repose sur la croyance en la capacité des États à maintenir la valeur de la valeur. Que cette croyance s'effondre et le système périt.
Léon de Mattis saisit l’occasion de la crise pour poser une question que les économistes évitent toujours : pourquoi l'argent vaut-il quelque chose plutôt que rien ? Répondre à cette question c'est s'interroger sur les fondements de la valeur dans le capitalisme.
À l'heure où beaucoup s'indignent de la situation actuelle en croyant naïvement que l'on pourrait revenir à l'économie "régulée" des lendemains de la seconde guerre mondiale, il faut rappeler que le rapport social capitaliste ne peut être combattu qu'en s’attaquant à sa racine. Et tant qu'il y aura de l'argent, il n'y en aura pas assez pour tout le monde...
Émission du "Carrefour des utopies".
A des degrés divers, tous les livres de Freud prouvent qu'il est fou.
Mais la Psychopathologie de la vie quotidienne prouve qu'il ne l'est pas seulement dans son cabinet de consultation et lorsqu'il prétend soigner des névroses quitte à les inventer de toutes pièces comme pour le petit Hans. Elle prouve qu'il l'est du matin au soir et dans toutes les circonstances les plus ordinaires de la vie de tous les jours.
Elle prouve également que celui que l'on considère volontiers comme un esprit moderne et éclairé, celui que beaucoup célèbrent comme un digne continuateur de l'esprit des Lumières, est, en réalité, profondément superstitieux.
Comme tous les esprits crédules, il se refuse à admettre le rôle pourtant considérable que joue le hasard dans tous les événements de la vie.
Bref, selon René Pommier, la lecture de la Psychopathologie de la vie quotidienne conduit à se demander si Freud n'était pas seulement un maboul accompli, mais aussi, mais d'abord un sombre crétin.
Émission "Psychologie et littérature", animée par le Pr. Quentin Debray.
Nathalie Heinich, sociologue et auteure du récent Des valeurs. Une approche sociologique (Gallimard, 2016), intervient sur la question de l'écriture en sciences sociales et s’appuie notamment sur son expérience d'écrivaine/chercheuse autour de la sociologie de l'art et de la sociologie de l'identité.
Un siècle après, Alexandre Skirda nous fait une brève histoire des révolutions russes de 1917 : révolution prolétarienne de Février, contre-révolution bourgeoise de Mars-Juin 1917, coup d'État pseudo-révolutionnaire du parti bolchévique en Octobre 1917 et contre-révolution bolchévique qui s'ensuit.
Car la révolution des ouvriers et des soldats de Février 1917 et ses conquêtes (libertés démocratiques, suffrage universel, amnistie politique, abolition de la peine de mort, journée de 8 heures de travail) s'oppose d'emblée à la prise du pouvoir par le parti bolchévique en Octobre 1917 (s'achevant avec une dissolution arbitraire de l'Assemblée constituante en Janvier 1917), avec entre-deux une révolte anti-guerre en Juillet 1917 et une tentative de coup d'Etat du général Kornilov en Septembre 1917 conduisant à une libération des bolcheviks détenus depuis Juillet.
Alexandre Skirda nous livre également une histoire de longue durée des révolutions russes de 1917, en rappelant l'existence d'une tradition d'auto-organisation des vetché (assemblées traditionnelles), mais surtout d'une terrible dictature du tsarisme à partir du XVIème siècle, avec son système de servage généralisé créant une classe de serfs et une classe de seigneurs.
Émission "Sortir du capitalisme", animée par Armel Campagne.
Une fois la Seconde guerre mondiale passée, qu'est-il resté de la réalité de l'engagement de Lucien Rebatet et Jacques Chardonne en faveur de l'Allemagne nazie d'une part, et de Paul Morand en faveur du gouvernement de Vichy d'autre part ?
Émission du "Libre Journal des enjeux actuels", animée par Arnaud Guyot-Jeannin.
Du ferment transcendantaliste, Thoreau a retenu la nécessité de résister à l'emprise des stéréotypes : il a mis les idées reçues la tête en bas pour déstabiliser les habitudes mentales.
Son opposition à la tradition l'a conduit à une réflexion éthique, politique et écologique qui retient l'attention par ses interrogatinos et sa vigueur provocatirce.
Il a prêché la sauvegarde de l'humanité par le respect de la nature.
Et en dépit de son exentricité, il est devenu un héros de la culture américaine.
Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Françoise Estèbe.