Agrégé de philosophie, Jean-Claude Michéa est assurément l’un des penseurs les plus radicaux et les plus originaux de la scène intellectuelle française contemporaine. Catalogué dans le même mouvement socialiste, conservateur, populiste, adulé par un courant de pensée proche de la droite catholique, Jean-Claude Michéa, lui, se revendique de la pensée de l’écrivain et essayiste Georges Orwell, l’homme de "la décence ordinaire", et fustige une gauche acquise depuis bien longtemps, assure-t-il, au libéralisme et à la religion du progrès et de la croissance, même si elle s’en défend.
Dans son dernier ouvrage Notre ennemi, le capital, il considère que, pour avancer dans la dénonciation du capitalisme et rassembler la grande majorité des classes populaires, il faut commencer par remettre en question le système de clivages opposant l'idée de progrès à celle de conservatisme, clivages paralysants qui permettent à la gauche européenne de dissimuler sa réconciliation avec ce même capitalisme.
Une rencontre animée par Olivier Postel-Vinay.
Rencontre au somment entre Emmanuel Macron et Donald Trump : cette visite d'Etat se déroule dans un contexte explosif. Guerre en Syrie, guerre au Yémen, guerre économique et terrorisme : les crises se multiplient partout dans le monde et la propagande médiatique continue de batre son plein.
Sur chaque théâtre, une véritable partie d’échec se joue. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts et avec le soutien des médias.
Qui tire son épingle du jeu, qui sont les grands perdants ? Où se situe la France dans tout ça ?
Émission "Samedi Politique", animée par Élise Blaise.
La crise actuelle a-t-elle une signification ? S’agit-il d’une simple étape de l’Histoire ou d’un combat métaphysique ultime ? Qui croire, les chantres de l’utopie ou les prophètes de malheur ? A quel rendez-vous nous convie l’idée d’apocalypse ?
Pour explorer ces questions, Erik Audouard se sert d’une boussole susceptible d’orienter notre regard dans la confusion et le chaos qui nous cernent d’assez près aujourd’hui : cette boussole intellectuelle et spirituelle sera formée par les deux grands pôles que sont les travaux de René Girard et l’expérience vitale de Leonardo Castellani.
Qu'est ce que l'intelligence artificielle et en quoi se distingue-t-elle de l'intelligence humaine ? Peut-on refuser de vivre avec les derniers outils technologiques à la mode ? Et comment alors comprendre les enjeux de la société numérique en vivant dans le passé ?
Alain Finkielkraut tente de répondre à ces questions avec Laurent Alexandre, essayiste et chirurgien, et Olivier Rey, mathématicien et philosophe.
La cybernétique a produit, dans l'après seconde guerre mondiale aux États-Unis, l'un des discours d'accompagnement de la révolution technologique de l'informatique et des télécommunications. Cette fonction de "discours d'accompagnement" s'entend non seulement comme une opération qui consiste à "faire sens" du changement technique, à travers un discours adressé au grand public, mais aussi comme un travail spéculatif destiné à étayer des paris, paradigmatiques, sur l'avenir du développement technique.
Pourquoi revenir à la cybernétique aujourd’hui ? Cette communication entend tester et discuter trois propositions.
(1) Dans ce travail paradigmatique et spéculatif, la question de la nature physique de l'information occupe une place considérable chez les cybernéticiens. Ces derniers ont adopté une ontologie physicaliste de l'information, en rupture complète avec l'idée d'une information immatérielle ou de l'ordre du symbole. Ce clivage entre une information-symbole et une information-signal joue un rôle décisif dans la détermination des programmes de recherche que se donne la première cybernétique, autour notamment des réseaux de neurones formels.
(2) A cette ontologie physicaliste de l'information s'adosse chez Wiener une forme de politique des artefacts cybernétiques. Celle-ci consiste à imaginer, par des récits qui voisinent parfois avec la science-fiction, des techniques projetées en situation dans le social. La cybernétique discute ainsi de questions autour de l'automatisation, du remplacement du travail humain par les intelligences artificielles, qui ne dépareilleraient pas en 2017. Ces dimensions techniques, scientifiques, philosophiques, politiques forment une trame inextricable au sein de la cybernétique américaine.
(3) Ce retour à la cybernétique nous paraît posséder un intérêt historique, au sens où il fournit des instruments pour comprendre le présent. Il ne s'agit pas d'affirmer que la cybernétique aurait pensé par avance la situation contemporaine, mais d'évaluer ce qui change dans les agencements de science, de technique, de philosophie, de politique, au prix sans doute de la péremption de ce que la cybernétique d'origine avait lutté pour mettre en place.
La sociologie se trouve aujourd'hui éclatée entre une multitude de propositions hétérogènes. Deux grandes lignes de clivages se dégagent cependant : d'une part, la tension entre une "sociologie du social", d'un haut degré de généralité mais peu ancrée dans l'empirie, et une "sociologie de l'expérience", basée sur l'enquête mais d'ambition souvent restreinte ; et, d'autre part, la tension entre une sociologie à visée normative, ancrée sur le politique, et une sociologie à visée analytico-descriptive, ancrée sur la production de savoir.
Du point de vue de Nathalie Heinich, une sociologie non empirique, de même qu’une sociologie normative, appartiennent à la préhistoire de la discipline. Elle plaide donc pour une sociologie d'enquête mais lestée d'une ambition théorique lui permettant des modélisations transposables à différents domaines et objets de recherche ; et pour une sociologie enfin débarrassée de la tentation de se substituer au militantisme, même si l'utilisation pratique des savoirs produits est toujours souhaitable.
Considérer le savoir comme une fin en soi, refuser de l'inféoder à des objectifs autres qu'épistémiques, et en respecter la spécificité : voilà qui devrait permettre d'éviter les réductions démagogiques de la connaissance à l'opinion commune, autant que l'extension du domaine de l'égalité au monde scientifique, lequel n'a rien à voir avec la démocratie. Enfin délivrés de la régression post-moderne, il sera enfin possible d'entrer, tous ensembles, dans l'histoire de la sociologie.
Lorsque Slavoj Zizek, en 1990, est candidat aux premières élections libres de son pays, il a alors déjà une renommée internationale en tant que philosophe. Encore aujourd'hui, c’est la philosophie qui le fascine le plus : "je fais des analyses politiques, parfois provocantes, on m’accuse etc… mais mon amour véritable n’est pas là, il est dans la philosophie et spécialement l’idéalisme allemand". Il est également spécialiste de la pensée de Jacques Lacan.
A travers ses travaux, Slavoj Zizek exhume les idéologies cachées et montre la manière dont les Etats démocratiques, à travers leur idéologie, parviennent à neutraliser toute forme de pensée : "Je crois qu’il y a aujourd'hui un "Denken Verbot", c'est-à-dire une interdiction de penser. Ça peut paraître paradoxal mais ce n’est pas une interdiction directe. (…) On n’est pas prêt à prendre des thèmes problématiques au sérieux".
Il évoque le mouvement qui au début des années 2010 a prôné l'occupation des bureaux de Wall Street. "Avant Occupy Wall Street, même la gauche radicale n'a pas osé poser de questions fondamentales comme : quel est le destin du capitalisme ? Est-ce que notre démocratie parlementaire est la seule chose possible ? (…) Occupy Wall Street est le premier mouvement (…) de masse dont la cible est le système comme tel…"
Retour, donc, sur le parcours intellectuel et militant de cet étrange philosophe néo-marxiste et post-structuraliste slovène.
Émission "Hors-champs", animée par Laure Adler.
Les écrits du contre-révolutionnaire Joseph de Maistre sont souvent assez mal connus et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations. Car la pensée maistrienne, finalement assez proche de la doctrine des théologiens de l'époque, est un molinisme affirmé et consolidé par un recours constant aux Pères et aux Docteurs de l'Église, mais aussi à Origène, dont l'œuvre est souvent sollicitée par les théologiens de la fin du XVIIIe siècle.
Marc Froidefont nous invite à nous pencher sur la vie et l'oeuvre de celui dont la théologie est parfois présentée -à tort- comme un catholicisme teinté d'illuminisme, voire hétérodoxe.
L'ambition de Paul-François Paoli, dans son dernier ouvrage L'imposture du vivre ensemble est de présenter un panorama de la vie intellectuelle française et de ses enjeux idéologiques à travers un certain nombre d'éléments de langage et de noms propres couramment utilisés par les hommes politiques, les journalistes et les citoyens.
Il s'agit notamment de démontrer que moult personnalités de renom (écrivains, philosophes, personnages historiques...) auxquels nous faisons spontanément référence, loin d'exprimer ce que l'on veut leur faire dire, témoigneraient plutôt de l'inconsistance de l'idéologie à la fois lénifiante et contraignante du "vivre ensemble" à laquelle on nous exhorte.
Au-delà de ce constat, comment une société où l'idée de Vérité a disparu du champ philosophique et politique pourrait-elle absolutiser des valeurs, fussent-elles républicaines ? Et comment donner du sens à ce fameux "vivre ensemble" si ces "valeurs" fonctionnent sur un mode qui exclut du champ de la normalité ceux qui n'y adhèrent pas ? Tel est le paradoxe général que fait apparaître le travail de Paul-François Paoli.
Émission du "Libre Journal des débats", animé par Charles de Meyer.
De nombreux rapprochements ont été faits entre le terrorisme dans le monde contemporain et la Théorie du partisan de Carl Schmitt.
Il s'agit donc de relire cette théorie en la restituant dans son contexte propre et dans le cadre de la théorie schmittienne des grands espaces, afin d'évaluer ce qui peut nous éclairer aujourd'hui et ce qui relève d'une projection anachronique.
Une conférence qui a lien dans le cadre des Rendez-vous philosophiques d'Orléans–Tours, sur la thèmatique "Etranges étrangers".
Jean-Marc Jancovici, l'un des plus grands experts actuels sur la question énergétique, vient nous parler du problème de la raréfaction des ressources fossiles, des possibilités d'anticipation technique et d'adaptation politique. Car la frugalité énergétique sera nécessaire dans les années à venir pour faire face au pic pétrolier, à la pollution atmosphérique et à la dégradation des écosystèmes.
Ancien polytechnicien et enseignant aux Mines ParisTech, il est régulièrement sollicité pour des analyses stratégiques par de grandes entreprises ou le gouvernement français. Bien conscient des enjeux environnementaux actuels, il est fortement impliqué dans les réflexions sur la transition énergétique à engager.
À travers son travail, Jean-Marc Jancovici s’efforce de critiquer les écueils de la "croissance verte". Et face aux difficultés d'approvisionnement à venir, il propose une posture écologique originale, rationnelle et réaliste.
Une rencontre organisée par le journal "La Gazelle".
David L'Épée et Jean Bricmont croisent le fer autour de quelques questions qui les divisent : l'héritage des Lumières, le libéralisme, la Nouvelle Droite, l'idéal socialiste, la pensée de Michéa et l'avenir de la gauche.
L'occasion de comprendre quelques lignes de fractures qui traversent la pensée en rupture avec le catéchisme médiatique.