La pensée d'Adolf Portmann, biologiste et philosophe du vivant, interroge la nature même de l'apparence et de la forme dans le monde animal et humain. En mettant en lumière l'importance de l'auto-présentation des êtres vivants, son œuvre ouvre des perspectives nouvelles sur la finalité du vivant, la place de l'homme dans la nature et les limites du darwinisme classique.
Ce colloque propose d'explorer ces thématiques à travers plusieurs approches : la possibilité d'une autre science du vivant, la finalité de l'apparence entre auto-conservation et expression, ou encore les évolutions récentes du darwinisme. Il s'agit aussi de réfléchir à la spécificité humaine à travers le prisme de la philosophie aristotélicienne, du rapport à l'animalité dans la chasse et des tensions entre anthropomorphisme et exception humaine.
À travers ces échanges, il importe d'approfondir notre compréhension des formes du vivant et de questionner la manière dont nous, humains, nous situons dans le monde naturel.
Fondateur de l'école hétérodoxe de l'économie des conventions, André Orléan nous expose ici les enjeux d'un "tournant expérimental" des sciences économiques.
L'essor de l'économie comportementale, des RCT (Randomized Controlled Trials) et de l'analyse économétrique à partir d'expériences naturelles (histoire économique, développement) montre un désir d'objectivité et de scientificité qui cache des choix théoriques et épistémologiques qui ne sont pourtant pas neutres.
Selon lui, cette tentative de baser le débat scientifique sur des faits et des causalités rigoureusement établies cache un grand décalage de ces méthodes avec celles des sciences expérimentales et peut mener à des dérives.
Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923-1992) fut l'une des figures tutélaires de la Nouvelle Droite, tutélaires mais lointaines, effet du temps. Raison pour laquelle il fallait le remettre à l'honneur !C'est l'objet de cette émission où son fils Pierluigi Locchi, accompagné d'Antoine Dresse, nous présentent les grandes lignes de force de sa pensée, en revenant notamment sur le mythe surhumaniste et sa philosophie de l'histoire.L'occasion de renouer avec un auteur fascinant qui fut un réel maître à penser.
Émission "La Méridienne", animée par Wilsdorf et Jean-Louis Roumégace.
Mathématicien et philosophe, Olivier Rey analyse dans ses essais le rôle crucial de la taille dans la dynamique des sociétés humaines, jusqu'aux éventuels effondrements qui peuvent s'en suivre. Il explore également les limites du progrès technique et les dérives d’une humanité dépassée par ses propres créations technologiques.
Dans cet entretien, il nous offre des pistes de réflexion pour comprendre pourquoi l'humanité est arrivée à un point critique de son évolution, notamment en raison de sa capacité d'innovation technique, et nous invite à changer de trajectoire pour nous en remettre à d'autres formes de sagesse.
Un point de vue indispensable pour saisir les enjeux de notre époque et les limites d'une modernité démesurée.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'00'56 : Les ressorts de la crise politique actuelle
- 0'08'55 : L'absence de sens dans la société de consommation
- 0'10'39 : L'humanité face au franchissement des seuils
- 0'29'21 : Le règne des mathématiques
- 0'37'05 : Du silex à la centrale nucléaire, l'homme écrasé par la technique
- 0'44'00 : Quand la technologie devient contreproductive
- 0'49'45 : La faillite de la politique face au devenir technique du monde
- 0'56'53 : Tik Tok et la revanche de la Chine
- 1'05'00 : La facture écologique et énergétique de la technologie
- 1'07'44 : L'impasse de la géoingénierie
- 1'12'15 : Tainter et la fragilité des sociétés complexes
- 1'14'19 : Misère du transhumanisme
- 1'23'08 : Renoncer à la démesure
Un entretien mené par Thomas Arrighi.
C'est à partir du problème que l'existence même de la bombe atomique pose à la pensée que Félix St-German nous introduit à la pensée de Günther Anders, saisie depuis son ouvrage majeur L'Obsolescence de l'homme dans lequel l'auteur une implacable "critique de l'ère de la technique".
L'occasion de comprendre sa méthode "occasionnaliste" ses concepts de décalage prométhéen et de honte prométhéenne, soit un monde non seulement configuré par ses objets techniques, mais où ceux-ci déterminent également les critères de valeurs pour s'ériger en idéal.
Konrad Lorenz, père de l'éthologie moderne, et Arnold Gehlen, philosophe et anthropologue, ont offert des perspectives complémentaires sur la nature humaine. L'un explore les instincts et l'animalité chez l’homme, l'autre interroge son caractère inachevé et sa dépendance aux institutions.
Yves Christen et Benjamin Demeslay mettent en dialogue leurs réflexions pour éclairer la condition humaine entre biologie et culture. Une exploration originale des fondements de notre identité et de notre place dans le vivant.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.
Pendant longtemps, les humains étaient persuadés que la Terre était plate. Depuis quand a-t-on dépassé ce préjugé, qui apparaissait comme du "bon sens", pour prouver que la Terre était ronde comme une orange ?
Disons-le tout de suite, c'est un lieu commun et même un mythe, que de penser que le Moyen Âge a cru que la Terre était plate.
Cette idée est non seulement historiquement fausse, mais relève même d'une manipulation de l'histoire des sciences, et surtout des consciences. De l'Antiquité grecque à la Renaissance européenne, on n'a pratiquement jamais défendu et encore moins enseigné, en Occident, que la Terre était plate. Pour Platon, par exemple, la Terre est "enroulée autour de l'axe qui traverse le tout", affirme-t-il dans Le Timée. Chez Aristote également, les arguments qui démontrent la sphéricité de la Terre sont bien présent, et se situent dans son traité Du ciel. Par conséquent, si philosophes comme géographes de l'Antiquité, tels qu'Anaximandre de Milet ou Strabon, ont découvert que la terre était ronde, comment passe-t-on à la conception de la Terre plate au Moyen Âge ? Est-ce une question de croyances religieuses et d'ignorance en matière scientifique ?
Bien que c'est au XIXe siècle que s'est ancrée le préjugé selon lequel le Moyen Âge croyait la Terre plate, cette légende est plus ancienne puisqu'elle apparaît dès les XVIIe et XVIIIe siècles. Les raisons qui expliquent le succès de la légende de la Terre plate sont multiples et parfois même souterraines. Parmi ces raisons, on compte la lutte contre le cléricalisme de la part de la jeune République, qui tend à se démarquer ainsi de l'obscurantisme de l'Eglise au Moyen Âge. Il y a aussi la glorification de l'idée de Renaissance, qui a du coup désigné le Moyen Âge comme le temps de la barbarie, des "Goths", comme dirait Rabelais. Il y a enfin l'historiographie qui cultivait le goût des grands hommes et des grands récits plutôt que de la vérité des sources…
Émission "Sans oser le demander", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.
Dans les débats sur les promesses du transhumanisme, on questionne l'immortalité, le contrôle de l'humanité par la machine intelligente, ou la modification de notre génome.
Il faudrait plutôt s'interroger respectivement sur le rapiéçage des corps et ses limites, la manipulation par quelques humains de mécanismes puissants et obéissants, ou la sélection itérative de nos enfants. Ces perspectives sont déjà d'actualité sans faire réellement débat.
Concevoir le transhumanisme comme l'exacerbation illimitée du progrès médical permettrait de remettre en cause certaines pratiques actuelles.