Si la plupart des groupes d'écrivains revendiquent leur appartenance à un mouvement – que l'on songe au naturalisme de Zola et Maupassant, à la Négritude de Césaire et Senghor, ou encore au Nouveau Roman de Sarraute et Robbe-Grillet –, les hussards dénotent profondément car leur unité repose plus sur ce qu'ils ne sont pas que sur ce qu'ils sont.
En effet, ils ne constituent pas une école littéraire (tiré du Hussard bleu, leur nom leur a été attribué malgré eux), ils n'épousent pas les idéaux de leur époque (l'humanisme de Camus et l'existentialisme de Sartre), ils ne se reconnaissent pas dans le monde dans lequel ils évoluent (leur difficulté d'être les rapproche du romantisme) et, enfin, ils n'acceptent pas la bien-pensance marquant l'après-guerre (ils réhabilitent des auteurs controversés comme Céline).
L'écriture contestataire et le style frondeur des hussards ne fait donc aucun doute, et c'est ce qui les rassemble. De la Libération à la fin de la guerre d'Algérie, Roger Nimier, Antoine Blondin et Jacques Laurent, leurs chefs de file – rejoints plus tard par Michel Déon –, publient nombre d'essais, de pamphlets, d'histoires d'amour et de romans d'aventure. Ces jeunes auteurs désinvoltes et insouciants produisent une œuvre considérable d'une richesse absolue, marquant ainsi profondément et durablement la France des années 1950.
Émission du "Libre Journal de la Jeunesse", animée par Hugues Sérapion.
Qui se souvient encore de Jean Cau ? L'homme qui, avant de passer maître dans l'art de brocarder les bonnes âmes de son temps, fut un de leurs plus fidèles apôtres.
Né en 1925, dans une famille de villageois occitans, ce brillant élève devint à vingt ans secrétaire de Jean-Paul Sartre, puis journaliste vedette de L'Express, avant de recevoir le prix Goncourt 1961 pour La Pitié de Dieu.
Après vingt ans de compagnonnage, l'enfant chéri des intellectuels de gauche reprit soudain sa liberté. Depuis sa tribune de Paris Match, et au fil de mémorables pamphlets, Cau l'indocile n'épargna plus rien ni personne : Mai 68, l'égalitarisme, la technocratie, le tout-Amérique, Mitterrand...
Ludovic Marino et Louis Michaud rendent hommage à l'écrivain admiré des Croquis de mémoire, et à l'exceptionnelle leçon d'indépendance que porte sa destinée : il fut un témoin passionnément impliqué dans les débats de son siècle, mais aussi un amoureux fou de l'Espagne, un aficionado viscéralement attaché à ses origines paysannes.
Une vie entière à toréer la littérature.
L'écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) n'aura cessé d'exprimer la nécessité de trouver une langue qui ne soit pas artificielle, une langue juste, toujours plus singulière tant par son rythme que par sa construction.
"Un français de plein air" que Ramuz disait avoir trouvé en prenant exemple sur la liberté de parole des Parisiens...
Depuis les Homérides de l'Archipel, un tel jet de poésie primitive n'avait pas coulé. "C’est Homère !", s'était écrié Lamartine à la découverte de Mireille.
D'inspiration gréco-latine, la poésie de Frédéric Mistral n'est aucunement un simple divertissement bucolique, elle est une œuvre sacrée autant qu'un fait politique et civique. En ce sens, comme Homère fut, selon Platon, "l'éducateur de la Grèce", Mistral, à la fois classique et romantique, fut l'éducateur de la Provence.
Rémi Soulié nous révèle le fond de cette idée mistralienne qui, à travers le chant épique, réunit à la fois l'appel du divin et de l'enracinement dans une terre et dans une langue.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.
Quatre émissions en compagnie du philosophe français Jacques Rancière, pour mieux comprendre son leg intellectuel :
1. Souvent qualifiés de post-marxistes, Jacques Rancière et Étienne Balibar ont œuvré à un renouvellement de la théorie politique, gardant comme optique l'émancipation collective. Près de soixante ans après le séminaire de Louis Althusser à l'ENS Ulm en 1965, ont-ils dit adieu à Marx et au marxisme ?
2. Jacques Rancière définit l'émancipation comme la sortie d'une situation de minorité qui, loin de se réduire à un résultat, implique une autre manière d'être au monde. Comment expliquer le déclin de l'intérêt porté à l'émancipation aujourd'hui ? N'est-elle pas masquée par la notion de domination ?
3. Jacques Rancière tente de contrer l'idée selon laquelle l'image est quelque chose de passif. En tant qu'elles sont des relations, et non de simples copies, les images de l'art agissent. Pour autant, il soutient aussi que l'image peut résister à la façon dont on veut la regarder et la penser.
4. Pour Jacques Rancière, la littérature est une révolution qui s'installe en Occident en opposition aux belles-lettres. Sa politique tient au désordre qu'elle institue dans le partage du sensible : la littérature opère une destruction des hiérarchies, notamment entre les sujets nobles et les sujets vils.
Émission "Avec philosophie", animée par Géraldine Muhlmann.
Le diable est un curieux personnage, aux multiples facettes. Tour à tour Belzébuth, Bélial, Satan, Lucifer, Mammon, Astaroth, le Malin, le Démon, l'Accusateur, l'Adversaire, le Serpent ou légion, cette incarnation du mal est diverse et ne cesse de fasciner.
Mais notre modernité occidentale, elle, semble en avoir fini avec le négatif. Comment donc la littérature continue-t-elle de composer avec le diable ? Car comme le disait Baudelaire, sa plus grande ruse ne consiste-t-elle pas à nous laisser croire qu'il n'existe pas ?
Émission du "Libre journal des littératures", animée par Hector Burnouf.
"J'aime boire du champagne et devenir follement exaltée. J'aime partir en voiture vers Rodmell dans la chaleur d'un vendredi soir et manger du jambon, et être assise sur ma terrasse et fumer un cigare avec un hibou ou deux. "
Virginia Woolf fut une femme aux vies multiples, partagée entre Londres et sa retraite du Sussex, rompue aux mondanités comme à la solitude, attentive aux petits miracles quotidiens et bousculée par la folie. Mais qui était-elle vraiment ?
Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Lise Andries et Nathalie Triandafyllidès.