Même s'ils en ont peu, les pauvres ont de l'argent. Cet argent est source de fantasmes : on l'imagine mal dépensé, mal utilisé, mal alloué. Pourtant, on s'interroge peu sur la manière dont ils le gèrent, ce qu'il devient et qui il enrichit.
Des émeutes du Nutella à la baisse des APL, en passant par le steak doré de Franck Ribéry, le travail de Denis Colombi déconstruit notre perception de la pauvreté et interroge notre rapport à la consommation : la place du luxe ou du superflu dans nos vies, les dépenses contraintes, la nécessité – ou non – des "petits plaisirs" que l'on s’octroie, ou encore l'influence du regard de l'autre sur nos achats.
Traducteur, philosophe et charpentier, Arthur Lochmann publie Toucher le Vertige (Flammarion). Ecrivain et philosophe, Julien Syrac publie de son côté Deshumanité. Approche historique de l'an de disgrâce 2020 (éditions du Canoë).
Deux contributions qui rappellent notre fragilité, fragilité qui s'est rappelée à nous pendant la pandémie de Covid-19 et ses suites politiques et sociales.
Émission "Décryptage", animée par Laurent Lemire.
On annonce souvent son éclatement, ses transformations, voire sa disparition et pourtant la famille est toujours là. Comment expliquer la persistance de cette réalité sociale ?
Raymond Debord déboulonne les idées reçues sur les évolutions de la famille et des politiques familiales. De la Troisième République à nos jours, il montre comment la vision nataliste au service de la Nation a fait place à l'individualisme accompagnant l'avènement du néolibéralisme.
Avec les débats sur la PMA, la GPA et les nouvelles formes de parentalités, la famille demeure plus que jamais un sujet de vives polémiques. Dépassant le clivage traditionnel entre la gauche et la droite, Raymond Debord montre que la réelle opposition et les véritables enjeux sur la question familiale se situent entre d'une part les pratiques et les attentes populaires et d'autre part une vision de la famille promue par les classes dominantes.
La montée de l'insignifiance, c'est l'entrée dans une société qui n'a plus d'image d'elle-même, à laquelle les individus ne peuvent plus s'identifier, où les mécanismes de direction se décomposent. Mais une société qui refuse l'autolimitation et la mortalité est vouée à l’échec.
Des deux grandes significations constitutives du monde moderne, celle qui avait fini par s'imposer sans partage – l'expansion illimitée – est aujourd'hui en crise. L'éclipse de l'autre – l'autonomie individuelle et collective – sera-t-elle durable ? Saurons-nous créer de nouvelles façons d'être ensemble ?
Les questions soulevées par Cornelius Castoriadis se posent à nous de façon toujours plus pressante.
Émission "Du jour au lendemain", animée par Alain Veinstein.
Si représenter la sexualité a longtemps été un défi à l’ordre établi, ce n'est plus le cas depuis les années 1970, époque où le capitalisme entre dans sa phase consumériste et sensualiste. La transformation des images pornographiques, mais aussi du dispositif dans lequel elles s'insèrent – pratiques, normes, lois, modalités d'accès –, répond à l'émergence des industries du loisir et du plaisir. Ces marchés du désir, chargés de redynamiser un mode de production à la peine, ne peuvent rencontrer leur clientèle qu'à cette condition : la vie heureuse doit être redéfinie comme la poursuite illimitée de la jouissance sexuelle.
1. Dans la première partie sont explorées les zones de friction, c’est-à-dire les trois grands conflits dans les discours sur la pornographie, ainsi que la façon dont les intellectuels libéraux tranchent généralement la question. Qu'est-ce que la pornographie ? Peut-on la définir ? Quels sont ses effets sur la société ? Que signifie-t-elle pour les femmes et les minorités sexuelles ?
2. Dans un second temps, c'est de la consommation pornographique elle-même dont il est question, de son histoire en France, de sa diffusion, ainsi que de certains angles morts des thèses féministes radicales. Quels rapport entre numérique et pornographie ? Qui prescrit et qui diffuse la pornographie ? Comment ? Quid du choix et du consentement ?
3. Enfin, dans le troisième et dernier épisode, nous allons voir en quoi Michel Clouscard nous aide à analyser la pornographie aujourd'hui, ses effets, l'idéologie, le mode d'emploi qu'elle diffuse. Comment définir la pornographie contemporaine au sein du mode de production capitaliste ? De quoi avons-nous été dépossédés ? Que dire de la diversité du catalogue marchand ? La pornographie dispose-t-elle au sadisme ? Qui veut en finir avec la pornographie ?
Né en 1863, Werner Sombart a produit une œuvre considérable. En 1896, il est l'auteur d'un best-seller qui popularise la pensée de Marx dans la sphère germanique : Socialisme et mouvement social. En 1902, son maître-livre, Le Capitalisme moderne, introduit le terme de "capitalisme" dans le monde universitaire. D'autres ouvrages, dont Le Bourgeois et Les Juifs et la vie économique, compléteront l'une des analyses les plus riches et les plus profondes du capitalisme. Durant le premier tiers du XXe siècle, Sombart est aussi l'un des pères fondateurs de la sociologie, au même titre que Max Weber, Georg Simmel et Ferdinand Tönnies.
Cependant, son œuvre reste sujette à controverse. A-t-il écrit un ouvrage antisémite avec Les Juifs et la vie économique ? Et ses ouvrages plus tardifs, dont Le Socialisme allemand, le rapprochent-ils du national-socialisme ?
Loin des accusations gratuites, Guillaume Travers nous présente Werner Sombart pour ce qu'il fut : un des auteurs majeurs de la Révolution conservatrice en Allemagne, le penseur d'une authentique troisième voie, entre capitalisme et socialisme marxiste.
Auteur de plus d'une trentaine d'ouvrages portant principalement sur le statut d'artiste et la notion d'auteur, l'art contemporain et le rapport aux valeurs, la sociologue Nathalie Heinich revient sur la problématique des valeurs engagées dans la réception des œuvres d'art, réception généralement conditionnée par le travail des critiques.
Quelles sont les valeurs engagées dans ce processus ? Existe-t-il une tension entre la question du prix et celle de la valeur, dans le domaine de l'art (contemporain) ? La valeur esthétique est-t-elle prédominente dans le jugement rendu par les critiques ? Finalement : l'admiration ou le rejet des oeuvres d'art peuvent-ils s'expliquer ?
Selon Nathalie Heinich, les réponses sont à chercher dans l'activité artistique elle-même, de la création à la réception, en passant par la circulation, des œuvres d'art.
Les périodes de transformation, d'effondrement et de crises du niveau de celles que nous vivons sont exceptionnelles. Nous n'assistons pas seulement à une crise économique ou sociale mais à une rupture civilisationelle, anthropologique, démographique, d'une rapidité et d'une portée inouïe.
Pour comprendre notre époque et anticiper un avenir qui verra revenir des stress archaïques pour les territoires, les ressources et la reproduction, il faut faire l'équivalent d'une anamnèse, un recour à la mémoire. Pour rester vivant, comprendre notre monde et ce qui nous le rend invivable ou anxiogène, dangereux ou absurde, la nature et l'histoire sont des outils utiles.
Laurent Ozon cherche à éclairer notre époque à partir de l'histoire et des sciences du vivant de façon profonde et amusante, surprenante et très concrète.
À l'heure des foules hypnotisées et malades, et du retour des totalitarisme stimulés par la technologie et la génétique, il s'agit de se donner les moyens d'un regard réaliste et éveillé, sans y perdre son sens de l'humour et nos capacités d'émerveillement.
Rester vivant et pour cela comprendre la façon dont le monde vivant gère ses crises, ses stress vitaux, comprendre un peu mieux les sociétés humaines parfois si désespérantes et les forces qui détruisent le monde.
Il est temps de rendre possibles les coopérations sous stress maximal qui permettront de voir un nouveau jour se lever.