Cette question est moins ordinaire que la réponse qu'on lui apporte souvent : "Il faut de tout pour faire un monde". Le monde semble désigner ici un ensemble de réalités qui se caractérise par sa variation : plus il y a de différences existantes, plus le monde sera monde. Cette réponse est précieuse sur un point : elle permet de comprendre que le monde est un concept normatif (pour le faire, il "faut" que des conditions soient remplies). C'est un point d'appui pour le distinguer de la seule réalité ou de la nature. Elle a aussi quelque chose d'égarant puisqu'elle suggère qu'il y a un lien nécessaire entre le monde et la "totalité", ce qui renvoie à une conception métaphysique du monde qui est ici critiquée.
C'est pourquoi, Michaël Foessel propose de revenir au tranchant de la question : "que faut-il pour faire un monde ?". Non pas : quelles choses sont nécessaires à cet effet ? Ni même : quelle loi doit-elle régir ces choses pour qu'elles fassent un monde (et pas un chaos) ? Mais : sous quelles conditions quelque chose comme un monde peut-il apparaître ? A quoi s'ajoute une question qui n'a rien de subsidiaire : à qui peut-il apparaître comme monde ?
En termes philosophiques, on dira que la position défendue ici est "corrélationniste" (il n'y a pas de monde sans quelqu'un pour le voir, le percevoir ou le penser). Cette position sera argumentée dans une perspective que l'on dira "cosmopolitique" dans un sens large.
La conquête est l’inverse de la résignation : elle est mouvement vers un ailleurs, désir d'élargissement de son propre territoire – géographique ou sentimental –, souvent aux dépens des autres, toujours pour accroitre sa propre puissance. Lorsqu'il est occasionnel, par exemple pour conquérir un droit, le conquérant d'un jour est tout entier à son but, il n'emprunte les habits de la conquête que temporairement, le temps d'obtenir gain de cause. Mais le conquérant, par définition, n'est jamais rassasié, il veut plus par principe. Or que devient la conquête lorsqu'elle n'a plus de but, lorsqu'elle n'est plus mouvement vers, mais mécanisme répétitif qui tourne à vide et ne retient de son dynamisme que l'aspect destructeur d'un étalement de soi, pays ou individu ?
Le texte de Benjamin Constant intitulé De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne, qui paraît en 1814 au moment de la première Restauration, est l'occasion de réfléchir à ces questions. Il y exprime là son opposition à Napoléon le conquérant, en pointant les contradictions et l'anachronisme de l'esprit de conquête à l'heure du libéralisme naissant.
Émission "Les Nouveaux Chemins De La Connaissance", animée par Adèle Van Reeth.
Alors qu'il vient de publier La montée de l'insignifiance, Cornélius Castoriadis prend le temps de détailler les masques utilisés par la société capitaliste pour perpétuer sa domination.
Un travail de démystification et de confrontation au marxisme qui permet également de mesurer les principaux points de convergence -et de divergence- entre l'anarchisme et le projet de démocratie radicale tel que Castoriadis le porte.
"Je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL" avait déclaré Michel Onfray en 2015. Mais qui est vraiment Alain de Benoist ?
Philosophe, penseur de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist a écrit plus d'une centaine d'essais sur la métapolitique et l'histoire des idées. Son dernier ouvrage s'intitule L'Exil intérieur, carnets intimes paru récemment chez Krisis Editions. Un essai qui témoigne de la forte évolution intellectuelle et politique d'un jeune militant d'extrême-droite dans les années 60 passsé au populisme actuel, invoquant ainsi Proudhon et Orwell.
L'apport théorique de Michel Clouscard est immense. Mais aussi important soit-il, il se révèle parfois difficile à comprendre pour le néphyte !
Cette série d'interventions vise à replacer ses travaux dans la tradition des grandes percées conceptuelles qui ont mené à l'élaboration la plus avancée du matérialisme historique et dialectique, soit le mouvement engagé par Rousseau (état de nature/état civil, être suprême, volonté générale et psyché) et se prolongeant par Kant (théorie de la connaissance), Hegel (dialectique) et Marx (valeur d'usage et valeur d'échange, fétichisme de la marchandise, dans son oeuvre maîtresse Le Capital), jusqu'à Clouscard lui-même.
Monisme dialectique, infrastructure et superstructure, néo-kantisme, structuralisme dynamique en inclusion, antéprédicatif : autant de concepts qui sont clairement expliqués et contextualisés par l'étude plus particulière du Traité de l'amour fou et de Critique du libéralisme libertaire de Michel Clouscard.
Les difficultés, la structure du texte et la problématique sont clairement définies afin de nous permettre d'accéder au concept de libéralisme(-libertaire), matrice de toute l'histoire des idées politiques depuis la Révolution française, dont la genèse permet d'expliquer les évolutions du capitalisme depuis deux siècles, en apparence contradictoires.
"Les uns font accroire au monde qu'ils croient ce qu'ils ne croient pas. Les autres, en plus grand nombre, se le font accroire à eux-mêmes, ne sachant pas pénétrer ce que c'est que croire" écrivait Montaigne dans son Apologie de Raymond Sebond.
Aujourd'hui plus encore qu'au XVIe siècle, nous ne savons plus croire ni ce que veut dire croire. Et après avoir longtemps craint d'être les dupes de nos anciennes croyances, le paradoxe veut que nous nous soyons rendus à nouveau follement crédules. Il faudrait tout réapprendre et réintroduire la foi dans la philosophie.
Car il faut bien que la croyance soit tout autre chose que le savoir, fût-il un savoir amoindri, pour que, marquée d'un déficit qui lui est propre, nous aspirions à nouveau vers elle. Partir ainsi à la redécouverte des sources antiques où la foi s'était abreuvée et qui semblent aujourd'hui taries, c'est réactiver "le grand tournant de la philosophie" qui s'était opéré "de Pascal à Nietzsche" et que Deleuze résume d'un trait bref : "remplacer le modèle du savoir par la croyance".
C'est pour répondre à la "violence divine" évoquée par Walter Benjamin que Carl Schmitt a conceptualisé le théologico-politique, soit en posant les conditions philosophiques et juridiques nécessaires pour canaliser la sauvagerie de l'instance dispensatrice de puissance, conditions qu'il a résumées sous le terme stoïcien de katéchon : l'arche politique et morale qui maintient l'ordre du monde institué et retarde le jugement dernier.
Cette idée de la puissance qui se donne au monde et son transit ne cesse de revenir à travers la philosophie contemporaine, mais ce n'est plus le politique qui en est le médiateur mais l'économie sous quelque forme qu'on entende cette notion, aussi bien libidinale chez le philosophe que financière chez l'économiste. Là est la nouveauté : ce qu'on peut appeler le théologico-économique.
Ce terme de nomos qui définit dans le vocabulaire non pas de la Grèce antique, mais bien de la philosophie contemporaine, cette dispensation tous azimuths de la puissance par quelque instance que ce soit, est utilisé par Gilles Deleuze aussi bien que par Carl Schmitt, par Friedrich Hayek aussi bien que par Heidegger.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.