Cela s'appelle la "toiturophilie". Mais, se référant au grec ancien, l'écrivain Sylvain Tesson a forgé lui le mot "stégophilie" pour nommer cette passion. Depuis son adolescence, elle lui a fait courir les toits des villes, escalader les immeubles, les églises, les cathédrales jusqu'à leurs sommets, pour y passer des nuits entières.
Il s'est ainsi hissé sur les hauteurs de Notre-Dame de Paris des centaines de fois, et c'est en compagnie de Sophie Nauleau, écrivain et productrice de radio, qu'est entreprise l'escalade de nuit du dos et de la flèche. Une aventure nocturne et clandestine, des plus poétiques, mais risquée, sur les toits de la cathédrale.
Suivons-les jusqu'au sommet.
Nul n'ignore à l'AF, le jugement élogieux porté par Proust en 1920 sur L'Action Française quotidienne : "Ne pouvant plus lire qu'un journal, je lis, au lieu de ceux d'autrefois, L'Action française […] dans quel autre journal le portique est-il décoré à fresque par Saint-Simon lui-même, j'entends par Léon Daudet ? Plus loin, verticale, unique en son cristal infrangible, me conduit infailliblement à travers le désert de la politique extérieure, la colonne lumineuse de Bainville. Que Maurras, qui semble détenir aujourd'hui le record de la hauteur, donne sur Lamartine une indication géniale, et c'est pour nous mieux qu'une promenade en avion, une cure d'altitude mentale."
Stéphane Blanchonnet, ici inverse les rôles et invite chacun à prendre une cure d'altitude mentale à la lecture du momument À la Recherche du temps perdu. Quel plus sublime moyen en effet pour un Français du XXIe siècle de retrouver la France d'avant et, par-dessus tout, la langue française dans la perfection de sa forme ?
L'œuvre de Proust nous apparaît de plus en plus comme une arche immense sur laquelle tous les trésors de la francité ont été déposés en prévision d'un déluge imminent. Tous les usages, populaires ou mondains, toutes les hiérarchies, sociales ou culturelles, tous les raffinements, de la langue, du cœur ou de l'art, qui firent le fond de la civilisation française pendant des siècles, ont trouvé asile dans les milliers de pages de cette cathédrale de mots.
Proust, par la méticulosité de son verbe, par la finesse de ses jugements moraux et esthétiques, par l'enracinement de son œuvre dans la France éternelle, incarne précisément ce qui se perd aujourd'hui sous l'effet conjugué de l'effondrement du niveau scolaire et de l'effacement de tous les repères historiques et de toutes les transmissions. Parce que l'œuvre de Proust est comme le symbole, — le résumé —, de ce que signifiait, dans l’ancien régime du sens, la "culture", elle constitue le meilleur antidote à la cancel culture.
Partie de sa niche éco-géographique africaine, l'espèce Homo sapiens a étendu son emprise sur l'ensemble de la planète au cours de son expansion, entraînant une perte de la biodiversité et la disparition d'autres espèces humaines, comme les Néandertaliens, avec lesquelles elle a parfois coexisté.
Comment notre espèce s'est-elle ainsi imposée ? Était-elle réellement plus avancée que les autres formes d'humanité qui ont évolué parallèlement à elle ?
Le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin tente de définir Homo sapiens, de l'évolution de ses traits morphologiques et physiques à ses capacités cognitives, en passant par la maîtrise de certaines technologies.
Auteur de nombreux ouvrages dont L'avènement de la démocratie et Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet vient également de faire paraitre Le nœud démocratique : aux origines de la crise néolibérale. Il revient ici sur les points essentiels de son œuvre : une analyse de l'histoire humaine centrée sur l'affrontement dialectique entre la religion et la politique.
Ainsi, notre époque moderne est marquée par une sortie de la religion, et la consécration d'une autonomie individuelle à la source de nombreux maux. L'individualisme exacerbé de nos sociétés (encouragé par le néolibéralisme) abime profondément nos démocraties, qui ne parviennent plus à maintenir le lien collectif, nécessaire au bonheur de tous.
Un entretien mené par Carla Costantini.
Plus de 13'000 entités exercent leur lobbying auprès de la Commission européenne. Environ 3'500 d'entre elles sont des ONG. Si les entreprises font régulièrement l'objet d'enquêtes sur leurs pratiques, les ONG restent épargnées et les dessous de leurs activités ne sont jamais analysés.
Excellent connaisseur du sujet, Thibault Kerlirzin met en lumière la présence des ONG dans l'ensemble des portefeuilles européens, sous la forme tantôt de réseaux, tantôt de plateformes, mais aussi de coalitions pour accroître leur résonance.
Des énergies renouvelables aux politiques d’accueil des migrants, de la pêche et des affaires maritimes à la loi européenne sur le climat, ces organisations dites issues de la société civile -mais sans mandat électif- cherchent à faire entendre leur voix sur l'ensemble du processus législatif communautaire.
Émission "La Méridienne", animée par Tesla et Beluga.
La guerre de l'information par le contenu est peu étudiée dans le monde académique ainsi que -malheureusement- dans l'appareil d'Etat.
C'est la raison pour laquelle Christian Harbulot, expert international en intelligence économique et directeur de l'Ecole de Guerre Economique, nous propose cette série d'émissions, démarche pédagogique visant à faire naître une réelle culture civile du combat par l'information.
Une série d'émission animée par Nicolas Moinet.
Julius Evola est l'une des grandes figures de la Droite italienne et même européenne du XXe siècle. Souvent associé à René Guénon et à l'école traditionnaliste, Evola appartient également au monde de la "Révolution conservatrice".
Philippe Baillet, l'un de ses principaux traducteurs français, revient en détail sur la vie et l'œuvre de cette figure étrange et fascinante par bien des aspects, ainsi que sa postérité.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'07'08 : Présentation du parcours de Philippe Baillet
- 0'14'15 : Division de l'entretien
- 0'17'23 : Origines et milieu social d'Evola
- 0'23'20 : Attitude anti-bourgeoise : débuts artistiques et philosophiques
- 0'30'45 : Evola et Arturo Reghini
- 0'37'02 : Impérialisme païen – nationalisme italien et critique du christianisme
- 0'53'29 : Relations d'Evola avec le régime fasciste
- 0'58'53 : Découverte de René Guénon
- 1'10'37 : Bachofen et "le droit maternel"
- 1'14'43 : Révolte contre le monde moderne
- 1'30'27 : Julius Evola et l’Allemagne
- 1'45'34 : Julius Evola et la droite italienne d’après-guerre
- 1'57'45 : Le fascisme vu de droite
- 2'00'13 : Chevaucher le tigre
- 2'12'40 : La postérité d'Evola en Italie
- 2'19'15 : La postérité d'Evola en France
- 2'30'47 : Regard critique sur Evola
- 2'46'48 : Recommandations de lecture
- 2'48'39 : Evola et Klages, une mise en parallèle
Si c'est bien le personnage du "Père Brown" et ses enquêtes qui ont rendu célèbre G. K. Chesterton (1874-1936) dans le monde entier, ses autres œuvres, innombrables, ne sont pas moins importantes.
En témoigne cette émission consacrée au troisième roman de l'auteur britannique, intitulé La Sphère et la croix et relevant du réalisme féerique, où il est question de l'incompréhension radical entre deux visions du monde : la chrétienne et la moderne.
Manne économique inédite, et mieux servie que jamais par les technologies numériques, la pornographie constitue aujourd'hui le nouveau totem occidental, notamment pour une caste d’intellectuels.
En dévoilant cette collusion de la théorie, du marketing et de la propagande, Romain Roszak se risque de briser le totem.
Sans attendre son entrée en fonction, le 20 janvier 2025, Donald Trump a déjà indiqué que déjà son futur gouvernement, Elon Musk sera en charge d'une commission spéciale sur l'efficacité gouvernementale. Sa mission, tailler à la hache dans les dépenses publiques... Un rôle de "cost killer" pour lequel l'homme le plus rich du monde dispose d'une solide expérience.
Pour évoquer le futur probable de cette nouvelle configuration, notamment en ce qui concerne les ressources énergétiques, l'ingénieur et président du Shift Project Jean-Marc Jancovici échange avec Philippe Bihouix, ingénieur spécialiste des ressources non renouvelables et promoteur des Low-tech.
À l'heure de la crise écologique, le dogme révolutionnaire de la "réappropriation des moyens de production" ne peut plus être affirmé innocemment. Moteur humain, moteur mécanique : ce sont là les bases de l'invention capitaliste du "travail". La croyance en la substituabilité indéfinie d'une dépense d'énergie abstraite nourrit le développement technologique et entretient une relation ambivalente avec la thermodynamique.
Une conception substantialiste de la valeur, telle que développée par Karl Marx et relue par Robert Kurz, permet de réinscrire le paradigme énergétique à l'intérieur de la forme sociale capitaliste et d'en expliciter la dynamique propre. Le rapport de composition organique du capital articule en effet étroitement le "travail mort" des machines et le "travail vivant" des
humains. La crise énergétique et ses retombées écologiques constituent en ce sens le mur externe du métabolisme capitaliste, l'autre mur étant la création d'une humanité superflue.
L'abolition du travail abstrait ne pourrait donc que signifier la fin des technologies qui sont la "matérialisation adéquate" du capitalisme. Seule une exigence d'émancipaton portée jusqu'à cette pointe pourrait à la fois cesser de consumer sans limites le monde matériel et offrir les bases sociales d'une réinvention des techniques et des activités libérées de la compulsion de valorisation.
Alors que ne nombreux pays européens sont politiquement destabilisés, il est tant de faire le point sur les différentes luttes d'influence et d'ingérence que subit le Vieux Continent.
Pour en parler, Laurent Ozon, chef d'entreprise, intellectuel à la sensibilité écologiste ayant plusieurs postes à responsabilités militantes.
Un entretien mené par Alexis Poulin.