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Les "fakes" (fausses nouvelles), les théories du complot, l'intoxication en ligne ou la prolifération des faits dits alternatifs ou de révélations imaginaires, tout cela mobilise des vérificateurs et dénonciateurs dans la presse, dans les gouvernements et même chez les grands du Net. La montée du faux est sensée expliquer des votes irrationnels (Brexit, Trump), voire annoncer une ère de la "post-vérité" où les masses deviendraient comme indifférentes aux faits vérifiés. Au final, ce seraient autant de menaces pour la démocratie.
Chacun peut-il choisir les versions de la réalité conformes à ses préjugés et les communautés en ligne vont elles s'isoler de plus en plus dans des univers imaginaires partagés au détriment de la vérité commune ? Si tel est le cas, il faut se demander pourquoi une fraction de la population est devenue si rétive aux évidences que professent médias ou experts, d'où vient ce scepticisme de masse et comment se propage l’affabulation.
Prolongeant ses travaux sur la désinformation, François-Bernard Huygue montre les ressorts culturels, psychologiques et technologiques de la prolifération des impostures et délires. Il analyse aussi la coupure politique entre des élites convaincues que leurs convictions raisonnables ne peuvent être remises en cause que par volonté de manipulation et, d'autre part, des communautés "anti-système" insensibles au pouvoir des médias classiques. Il pose aussi la question de l'impuissance idéologique à maintenir un consensus sur le réel et analyse également le pouvoir inédit des technologies de communication et le conflit entre les médias, les vieilles machines à faire-croire et les nouveaux réseaux du croire ensemble.
Une conférence organisée par l'association "Rencontres et Débats Autrement".
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