Poésie de la pensée. Avec George Steiner sur France Culture.


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04.2012

George Steiner est un esprit libre qui agace certains et en fascine d'autres par sa culture encyclopédique, sa connaissance des langues anciennes et son amour de la philosophie. Cet auteur d'une œuvre complexe, prolifique, qui navigue entre poésie, linguistique et métaphysique, Laure Adler a souhaité dans des entretiens réalisés chez lui à Cambridge, l’interroger sur les chaos du monde, la montée des intégrismes, le bonheur de l’existence.
Au cours de ces émissions, il revient sur son adolescence au moment de la montée du nazisme, évoque son apprentissage de la science, sa fascination pour les grands mythes qui structurent notre pensée occidentale, évoque les figures de Gershom Scholem, Walter Benjamin, Heidegger, avoue son sens de la contemplation qu’il assouvit dans l’amour infini de la lecture et de la musique lui qui, en raison d'un handicap, fut un musicien contrarié.
George Steiner, un intellectuel insoumis, insolent, luttant contre toutes les modes.

Un printemps russe. Avec Alexandre Latsa au Cercle Pouchkine.


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22.09.2016

Le traitement systématiquement négatif de la Russie dans les médias français et occidentaux est indiscutable : corruption, guerres dans le Caucase, atteinte aux droits de l'homme, opposition politique interdite, attentats à Moscou, discothèques qui brûlent, démographie qui s'effondre, minorités sexuelles menacées... Même lorsque la Russie mène seule une guerre juste en Syrie contre ce danger pour la France qu'est l'Emirat islamique, comme les derniers attentats nous l'ont démontré, les médias s'en prennent au Kremlin qui serait une menace pour la paix et la sécurité.
Ce traitement médiatique n'est pas le fruit du hasard. Il est en réalité l'une des facettes de la guerre totale menée contre la Russie renaissante. Une guerre qui monte en intensité au même rythme que le réveil russe bouscule l'agenda voulu par des élites occidentales souhaitant imposer à la Russie, comme à l'Afrique ou l'Amérique du Sud, une occidentalisation forcée sous domination morale, politique, économique et spirituelle américaine. Une guerre qui traduit l'emprise quasi totale sur le monde médiatique, politique et intellectuel français d'une nouvelle idéologie, l'atlantisme, cette variante européenne du néoconservatisme américain.
Notre pays doit briser cette dynamique qui l'engage sur une trajectoire extrêmement risquée pouvant mettre en péril sa sécurité et même son existence. La France doit ressurgir par une nouvelle trajectoire stratégique et historique qui lui permette d'initier son retour dans l'histoire.
Elle pourrait pour cela prendre modèle sur la Russie dont chacun pensait, au coeur de cet hiver 1999, qu'elle était au bord de la disparition, alors que le pays allait, au contraire, connaître une incroyable renaissance, que l'on peut qualifier de printemps russe.

Heurts et malheurs de la société multiculturelle. Avec Mathieu Bock-Côté et Alain Renaut à Répliques sur France Culture.


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14.05.2016

L'extension des mouvements migratoires en Europe a eu pour effet d'accroître l’hétérogénéité des sociétés d'accueil et de relancer le problème de l'intégration. Faut-il d'ailleurs parler encore d'intégration ? Le mot lui-même est devenu problématique.
Substitué au terme d'assimilation jugé niveleur et même colonial, il est à son tour contesté. Les plus ardents défenseurs de la diversité lui préfèrent aujourd'hui l'expression de société inclusive.
Que recouvre donc cette querelle sémantique ? Et plus généralement, comment vivre ensemble et aujourd'hui avec nos différences culturelles, religieuses, ethniques ou sexuées ?

Redécouvrir le sujet du féminisme : pour une phénoménologie du féminin. Avec Camille Froidevaux-Metterie à la Sorbonne.


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17.12.2013

Le mouvement féministe a produit bien plus qu'une dynamique d'égalisation des conditions féminine et masculine. Il a contribué, montre Camille Froidevaux-Metterie, à réorganiser en profondeur notre monde commun, à la faveur d'un processus toujours en cours qui voit les rôles familiaux et les fonctions sociales se désexualiser. Par-delà les obstacles qui empêchent de conclure à une rigoureuse égalité des sexes, il faut ainsi repérer que nous sommes en train de vivre une véritable mutation à l'échelle de l'histoire humaine. Plus d'attributions sexuées ni de partage hiérarchisée des tâches : dans nos sociétés occidentales, la convergence des genres est en marche.
La similitude de destin des hommes et des femmes ne renvoie pourtant à aucune homogénéisation. Dans un monde devenu mixte de part en part, les individus se trouvent plus que jamais requis de se définir en tant qu'homme ou en tant que femme. Or ils ne peuvent le faire sans prendre en considération la sexuation des corps. S'évertuer à la nier, comme le fait un certain féminisme, c'est heurter de plein fouet cette donnée nouvelle qui veut que la maîtrise de sa singularité sexuée soit la marque même de la subjectivité.
Camille Froidevaux-Metterie entreprend ainsi de réévaluer la corporéité féminine pour en faire le vecteur d'une expérience inédite englobant l'impératif universaliste des droits individuels et l'irréductible incarnation de toute existence. Le sujet féminin contemporain se révèle alors être le modèle d'une nouvelle condition humaine.

Une intervention dans le cadre du séminaire ANR de philosophie politique du Centre International de Philosophie Politique Appliquée, organisé par Alain Renaut et Jean-Cassien Billier.

La Banque Nationale Suisse. Avec François de Siebenthal sur Le Mumble.


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20.04.2016

La Suisse, qui a sa propre monnaie, son propre système économique, croule sous les mêmes problèmes que tout le reste de l’Europe, qui a choisi sa monnaie unique, l’Euro.
​C’est ce que dénonce justement François de Siebenthal, homme politique indépendant, banquier, économiste mais aussi consultant aux entreprises dans les domaines bancaires, financiers, juridiques, d’ouverture de marchés internationaux.
En effet, il donne avec l’aide d’une ONG canadienne les meilleures technologies bancaires suisses aux plus pauvres, soit des banques alternatives qui créent leurs propres masses monétaires sans aucun taux d’intérêt ni usure, avec ou sans ordinateurs, un mélange des systèmes locaux Raiffeisen et de la banque Wir.
Il revient ici particulièrement sur les initiatives du Revenu de Base Inconditionnel et de la Monnaie Pleine qui devraient permettre aux citoyens de se réapproprier le bien public qu'est la monnaie.

La modernité désenchantée : relire l'histoire du XIXe siècle. Avec François Jarrige, Emmanuel Fureix et Guillaume Carnino sur France Culture.


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23.04.2015

Le désenchantement qui accompagne notre modernité nous rend plus attentifs à celui des hommes et des femmes qui, en plein XIXe siècle, doutaient des vertus du progrès, des fantasmagories de la technique et de la toute-puissance du sujet rationnel – autant de grands récits devenus hégémoniques, mais dont l'épuisement récent a profondément renouvelé le regard sur ce siècle.
Depuis une trentaine d'années, les historiens insistent sur les multiples possibles qui se sont entrouverts alors et qui portaient en eux les germes d'une émancipation qui ne s'est pas produite. Ils repensent en profondeur les chemins de l'industrialisation et les conflits qu'elle a engendrés, ils restituent les mutations du temps et de l'espace perçus, ils déconstruisent les illusions de la culture "démocratique" et d'un "universalisme" exclusivement blanc et masculin, ils retracent aussi les formes plurielles de l'expérience coloniale, entre violences extrêmes et accommodements...
Ce sont tous ces déplacements historiographiques, et bien d'autres encore, dont les invités proposent de nous entretenir, afin que nous puissions mieux prendre la mesure de ce qui nous sépare et nous rapproche de la société de ce temps.

La common decency ou décence ordinaire : esquisse d'un autre socialisme. Avec Denis Collin à l'Université Populaire d'Évreux.


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16.09.2016

Il s'agit d'explorer, dans cette conférence, la signification et les conséquences de l’idée de "common decency" empruntée à Orwell. La réactivation de cette idée pourrait nous offrir une nouvelle dynamique de transformation sociale, radicalement différente des tendances traditionnelles du socialisme et du communisme révolutionnaires.
L'idée n'est pas de faire ici l’exégèse du socialisme orwellien, mais, en, partant d’Orwell, d’essayer de tracer quelques lignes pour un autre socialisme, un socialisme des hommes ordinaires et non de proposer le retour à une utopie définitivement enterrée.

La fabrication de l'ennemi. Avec Pierre Conesa au Cercle Ptolémée.


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23.06.2015

"Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi !", avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un "bon" ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance.
Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les États (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d'opinion ont consciencieusement "fabriqué de l'ennemi" et décrit un monde constitué de menaces, de risques et de défis.
L'ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique...
Comment advient ce moment "anormal" où l'homme tue en toute bonne conscience ? Avec une grande finesse d'analyse, Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.
Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes.

Le Chant des morts. Avec François Angelier sur France Culture.


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10.2015

1_4 - Chants du cygne
"Ne chantez pas la mort !" prévient, avec des envolées de prédicateur goguenard, Jean-Roger Caussimon, avant de découvrir qu'elle "soeur de l'amour". C'est bien cet éros noir que nous allons chanter, en prélude à la Toussaint. La mort qui chante en nous et que, de toujours, on aime conjurer, provoquer, exalter, mimer ou accompagner. Mais n'entrons pas trop vite dans la danse macabre et savourons, dans un premier temps, le sentiment de la fin des choses, dissolution et abolition de tout (Strauss, Schubert), égarons-nous dans Venise mortifère (Liszt, Britten), finissant par entrer à l'hôpital en compagnie de Schönberg et Chostakovitch, Catherine Ringer ou Gainsbourg, et se laisser envouter par quelques redoutables chants du cygne (Britten, Schumann).
Le "Lugubre" est "la cristallisation du Funèbre", "Notre prise de conscience du Funèbre et notre participation active à celui-ci".

 2_4 - Le dernier souffle
Après une cure de nihilisme douceâtre parfumé à l'éther, acheminons-nous vers notre horizon imparable : le dernier souffle, l'ultime regard, les derniers mots. Un moment soudain ou prévisible, dit-on, par les cartes fatales (Carmen, la Dame de pique), les lignes de la main (Un Bal masqué). L'opéra mouroir ou arène, espace d'agonie et de mise à mort, n'a-t-il été créé que pour que l'on y exorcise sa peur du trépas ? À voire quand l'on écoute Wagner (mort d'Isolde), Puccini (Madame Butterfly), Berg (Wozzeck ou Lulu) ou Britten (The rape of Lucretia). Succèderont à ces pentes douces ou chutes brusques dans la mort, la grande bifurcation, les enfers (Rachmaninov) ou la ciel (Messiaen), et la douloureuse mémoire (Berg, Korngold, Rachmaninov).

 3_4 - A son dernier repos
Herbe tendre ou allées gravillonnée de blanc, fosse commune ou mausolée de marbre, terre retournée ou urne scellée : tous les scénarios sont disponibles en magasin.
Mais se rend-on au cimetière pour le seul soucis d'honorer les morts ? S'y rendent également, soucieux de dandysme sacrilège, certains songeurs ou libertins à la forte carrure : Hamlet, Don Giovanni et leur vaste descendance (Mozart, Ambroise Thomas, Igor Stravinski),
Fin en grand appareil avec requiem et messe des morts (Purcell, Britten, Ligeti) et surtout marches funèbres (Schubert, Wagner, Mahler).

 4_4 - Debout les morts ! Le Dies Irae, histoire d'un tube
C'est l'un des plus grands succès de la musique occidentale, composé, dit-on, au XIIIème siècle, et présent (ou tapi) dans l'ADN de toute musique tendu vers la mort ou la fin des temps : le Dies Irae, musique apocalyptique, bande-son de la Fin du monde. On l'entend rugir, gémir ou être psalmodier aussi bien chez Antoine de Brumel et Lully que Michel Sardou, Liszt que Les Frères Jacques. "Un peu de terre et s'en est fini pour jamais." écrivait Pascal, quelques notes et cela redémarre pour toujours !

L'authentique pensée de Karl Marx. Avec Francis Cousin à L’Heure la plus sombre pour E&R.


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13.06.2016

Index chronologique :
0:00:00 : Introduction
0:01:06 : Comment définir la pensée de Francis Cousin ?
0:03:20 : Marx : des positions radicales et indépassables
0:06:49 : La crise terminale du capital
0:10:05 : Vers une "grande insurrection" de l’être ?
0:11:34 : Manipulations terroristes : le gouvernement du spectacle mondial
0:12:07 : Où la crise nous mènera-t-elle ?
0:13:10 : Grèves, syndicats et radicalité
0:17:35 : L’abolition du salariat
0:21:54 : Le "grand remplacement"
0:25:25 : La "fédération mondiale des communes émancipées"
0:30:33 : "Division du travail" ou "harmonie complémentaire des fonctions" ?
0:33:30 : La pathologie narcissique du "je" et de la concurrence
0:36:03 : "La fête est née lorsque l’homme est devenu triste"
0:38:00 : La religion, ou le sacré comme caricature du sacral
0:39:16 : L’invalidation du capital par lui-même
0:42:31 : Marx réel contre Marx falsifié
0:44:14 : Chavez, Obama, Poutine : les luttes de libération nationale et la "solution à zéro État"
0:49:34 : La loi au secours des plus faibles ?
0:50:30 : L’histoire ne repasse pas les plats
0:55:13 : Que faire ?
0:59:00 : "La vérité s’inscrit en négatif des apparences" : l’exemple du 11 Septembre
1:02:17 : Chaman’Jo, "Non", album Et après, Kontre Kulture musique

Le dialogue des religions a-t-il encore un sens ? Avec Mezri Haddad au Cercle Aristote.


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05.09.2016

Alors que les extrémismes religieux semblent avoir pris le pouvoir dans notre monde, comment pouvons-nous poser la question théologico-politique de manière sereine aujourd'hui ?
C'est la grande question qu'aborde, dans une perspective résolument comparatiste, Mezri Haddad, philosophe, maître de conférence en théologie catholique et ancien diplomate tunisien.

Combattre le terrorisme islamiste. Avec Yvan Blot au Cercle Aristote.


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12.09.2016

Quand on s'intéresse à la révolution bolchevique, on étudie Karl Marx. Lorsqu'on veut savoir ce qu'est la révolution islamiste, on doit connaître Sayyid Qutb et son œuvre. Le professeur et poète égyptien Sayyid Qutb, martyr de l'islamisme, condamné à mort par le régime du colonel Nasser, a posé les bases de la nouvelle révolution pour bâtir une société nouvelle et faire apparaitre un homme nouveau, le djihadiste moderne.
Qutb a été épouvanté par l‘individualisme et le matérialisme de la société américaine et ce qui lui est apparu comme la régression de l'homme sans Dieu au niveau de l'animalité. Il a voulu revenir aux sources de l'islam conçues comme un contrepoison. C'est l'esprit du mouvement salafiste de retour aux origines de l'Islam. Avec ses amis les Frères musulmans, il a imaginé une révolution totale en Egypte, avec comme perspective un califat, un empire s'étendant sur toute la surface du monde.
Il eut de nombreux disciples dont les plus célèbres sont sans doute Oussama Ben Laden, l'ancien chef d'Al Qaida et Abou Bakr Al Baghdadi, actuel calife de l'Etat islamique en Irak et au Levant. Qutb fut condamné à mort, Ben Laden fut tué par un commando américain mais le Calife Al Baghdadi est bien vivant et appelle au combat armé et aux méthodes terroristes pour faire triompher son idéal totalitaire. Il recrute ses jeunes combattants dans le monde musulman et mais aussi dans les banlieues occidentales.
L'islamisme est une mystique guerrière révolutionnaire et totalitaire, qui profite de la décadence morale du monde atlantique. Pour le vaincre, il faut comprendre qu'il s'agit de combattre un mouvement révolutionnaire nouveau. C'est un défi pour les services secrets, les forces de police et de gendarmerie, la justice nécessairement spécialisée et le système éducatif.