Pierre Magnard revient sur le travail qu'il avait consacré à Pascal dans le cadre de sa thèse de doctorat intitulée Nature et histoire dans l’apologétique de Pascal.
La problématique générale concerne la Nature en tant que parole ou silence de Dieu, et en quoi cette Nature peut être considérée comme la manifestation de Dieu. Pierre Magnard interroge l’hypothèse d’une apologétique pascalienne en tant qu’herméneutique, qui s’efforcerait d’interpréter à la manière d’un texte, une simple description de l’existence. L’enjeu est de montrer que c’est une valeur diacritique et non pas dialectique qu’il faut donner aux distinctions pascaliennes, en les interprétant comme des différences et non pas comme des oppositions.
À l'issue de l'exposé, Antoine Assaf rapporte sa propre expérience de réception du travail de Pierre Magnard sur Pascal.
L'islamo-business, concept novateur dans le champ politique, désigne deux réalités mal connues et complémentaires : d'une part le financement de l'islamisme radical par les revenus de l'économie informelle et le détournement de procédures en vigueur dans le monde musulman, ce qui représente plus de 1000 milliards de dollars par an, d'autre part les méthodes de recrutement des candidats terroristes et leur parcours, qui commence par la fraude et la délinquance, se poursuit par la réhabilitation grâce à l'islam et s'achève par le choix ultime de la posture du héros, voire du martyr.
Jean-Paul Gourévitch dresse un état des lieux de la galaxie islamiste, explicite les mécanismes de l'islamo-business, ses ressources, ses méthodes et celles qu'emploient ses adversaires pour le combattre. Il analyse enfin la validité de plusieurs scénarios pour l'avenir : ceux de l'affrontement, du vivre-ensemble, de la coexistence, de la crise ou du déclin.
Dans cette analyse, la France occupe une place particulière-elle est en effet le pays occidental qui abrite le plus grand nombre de musulmans : entre 8 et 9 millions, dont 3,5 millions de pratiquants et plus d'une centaine de milliers d'islamistes radicaux, dont environ 10 000 activistes.
Etudes de marché, publicité ciblée, profilage, solvabilité, recrutement professionnel, les algorithmes sont partout.
Faut-il sʹen réjouir ou en avoir peur ? Le pouvoir dʹappréciation est-il en train de passer de lʹhomme à la machine ?
Pour en parler, l'émission "Tribu" reçoit Frédéric Kaplan, professeur de Digital Humanities à lʹEPFL.
Les tenants de la mondialisation capitaliste et les marxistes orthodoxes s'accordent sur un point : la vision économiste des rapports sociaux. Les religions, cultures et cilivsations n'auraient aucune logique propre et ne seraient que les produits de l'évolution de la structure économique.
À l'opposé de cette grille de lecture, il semble tout autant erroné de faire du conflit des civilisations un facteur autonome, surdéterminant la marche du monde.
Quelle est le schème explicatif adéquant ? Il nous faut, dans ce domaine comme dans tous les autres, une approche "dialectique", c’est-à-dire articulant les différents niveaux et les différentes formes de conflits.
À l'occasion du 350e anniversaire de la mort de Cervantès, Philippe Sollers est invité par Severo Sarduy dans un programme intitulé "Cervantès parmi nous". C'est évidemment de la modernité de l'écriture de Cervantès dont il est question.
En deuxième partie de émission, Severo Sarduy introduit le célèbre texte de Jorge Luis Borges, Pierre Ménard, auteur du Quichotte.
Les Etats-Unis d'Amérique nous font savoir, depuis quelques années, que leur attention se porte désormais en priorité sur l'est du continent asiatique.
Le centre de gravité des relations internationales seraient donc en train de basculer des théâtres européen et moyen-oriental vers la Chine, l'Inde et le Pacifique.
Une raison évidente pour s'intéresser à la géopolitique de cette région.
Remarque : la conférence est prononcée en français ET en flamand.
Alain Ehrenberg se pose la question des frontières entre le biologique et le social, entre l'individuel et le collectif, entre l'homme et l'animal, entre le vivant et le non vivant.
Car les frontières que nous établissons ne sont-elles pas le reflet de notre incapacité ou de notre difficulté à penser la complexité du vivant ?
En tant que sociologue qui s'est interrogé sur les relations entre l'individu et la société, entre le biologique et le social, Alain Ehrenberg se propose d'envisager le cerveau comme un fait scientifique mais aussi comme un fait social.
Lundi 24 avril 1916, le soleil illumine Dublin. Vers 10 heures, les hommes des Irish Volunteers et de l’Irish Citizen Army font leur jonction avant d’investir la Grande Poste, symbole du pouvoir britannique. À midi, le jeune poète Patrick Pearse proclame : "Au nom de Dieu et des générations, l’Irlande appelle ses enfants à se rallier à son étendard et à frapper pour sa libération." La riposte anglaise est sanglante, et pourtant moins de six ans plus tard, le drapeau vert blanc et orange flotte sur la Grande Poste.
Cette émission est destinée à nous faire le récit de cette insurrection, et de nous aider à la comprendre. Une rétrospective haletante qui donne le goût des libertés qui s’enracinent.
Alors que Fidel Castro vient de disparaître, et loin des commentaires journalistiques s'arrêtant irrémédiablement à la surfaces des choses et des événements, il est important de s'interroger sur la trajectoire de la révolution cubaine pour questionner les luttes de libération nationales dans le cadre du développement du capitalisme.
Un discours radical qui s'inscrit dans les pensées de Karl Marx et Rosa Luxemburg face au désastre du capitalisme d'état, dont l'URSS est l'exemple historique le plus achevé.
Dès 1942, Jean-Jacques Pauvert (1926-2014) fait son entrée dans le monde du livre, comme apprenti-vendeur à la librairie Gallimard et courtier en bibliophilie. Trois ans plus tard, il se propose d’ "ouvrir un lieu d’asile aux esprits singuliers", à l’enseigne du "Palimugre", où il publie notamment Sartre, Montherlant, Alphonse Allais, Renan, Marcel Aymé, avant de fonder en 1953 la SARL Librairie Jean-Jacques Pauvert. Il entreprend dès 1947 la publication des Œuvres complètes du marquis de Sade, au grand jour, sous son nom propre. De poursuites en procès, il est défendu par Maître Maurice Garçon et soutenu par Bataille, Breton, Cocteau et Paulhan. Condamné en 1957 à une forte amende, ainsi qu’à la confiscation et à la destruction des ouvrages incriminés, il est relaxé en 1958, avec l’obligation d’en restreindre la diffusion. Ce combat intransigeant contre la censure littéraire, rapporté dans L’Affaire Sade, contribue à faire reconnaître par la magistrature l’existence d’une "littérature pour adultes". Ami de Genet et de Breton, éditeur de Vian, Pauvert ouvre son catalogue au surréalisme, à la pataphysique, à l’esprit de liberté et à l’irrévérence (revue Bizarre, collections "Libertés" et "Libertés nouvelles"…), aux nouveaux dessinateurs satiriques (Chaval, Gébé, Siné, Topor, Wolinski…), à la contestation (revues Siné-Massacre en 1962-1963 et L’Enragé en 1968…) et à l’érotisme (Histoire d’O, Bataille, Mandiargues, collection "Bibliothèque internationale d’Erotologie"…).
Dans les années 1960 et au début des années 1970, plus d’une vingtaine de ses publications sont frappées d’interdiction (d’affichage, de publicité, de vente aux mineurs) : condamné à de nombreuses amendes, il est privé de ses droits civiques. Il refuse toute censure, qu’elle s’applique à de grandes œuvres ou à la pornographie ordinaire.
Maître Emmanuel Pierrat, écrivain et avocat spécialiste de la propriété intellectuelle et de la censure, conservateur du musée du Barreau de Paris, collectionneur, lui a consacré un essai biographique : Jean-Jacques Pauvert, l’éditeur en liberté (Calmann-Lévy, 2016).
François Jarrige, maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne, revient ici sur le processus d’adoption des machines agricoles dans les campagnes.
On pense souvent que les machines agricoles ont été utilisées en France de manière décisive après la Seconde Guerre Mondiale. C’est vrai, mais dès le XIXeme siècle, les machines sont introduites dans les campagnes, et plus particulièrement les batteuses. Elles vont rapidement rendre obsolètes un certain nombre de travailleurs journaliers. Dangereuses car instables, elles provoqueront de nombreux accidents. Des révoltes ont lieu contre son introduction. En Angleterre, les insurgés signant leurs actes de sabotage du nom de "Captain Swing". De côté des promoteurs, tout un discours de progrès, aidé par les ressorts de la publicité, va être entretenu autour de la généralisation du battage mécanisé.
De manière générale, cette intervention nous permet de prendre du recul face à tous les discours qui placent le développement technologique et technophile comme inéluctable et naturel. Non, le développement actuel de la robotique agricole est bien le résultat d'un choix de société et d’un contexte socio-économique.
Succès de librairie, sous l'Occupation, à sa sortie fin juillet 1942, lieu de mémoire sulfureux lors de sa réédition augmentée et caviardée chez Jean-Jacques Pauvert en 1976 sous le titre Mémoires d'un fasciste, Les Décombres de Lucien Rebatet demeure un des textes-limites de la littérature et du journalisme français, limite par la vision (celle d'un apologète déclaré de l'hitlérisme faisant siens tous les aspects du nazisme, de l'antisémitisme racial au militarisme pangermanique), limite par l'analyse historique (celle d'un maurrassien déçu passé à la collaboration enthousiaste par haine de la IIIème république), limite aussi par le ton (flamboyant, d'un lyrisme qui s'alimente de la haine éprouvée) et de la culture mobilisée (mélange inouï d'humanisme traditionnel, d'avant-gardisme véhément et d'esthétisme nazi). Livre-monstre qui focalise en lui la quintessence d'un engagement et d'une époque.
Cette comète brune repasse dans le ciel éditorial à la faveur d'une exemplaire édition procurée par Bouquins-Laffont. L'occasion de fouiller ce dossier Rebatet en compagnie de l'historien Pascal Ory, spécialiste de la Collaboration et préfacier du volume.