Anthropologue, spécialiste de l'Inde, Louis Dumont a nourri toute une réflexion sur les sociétés occidentales. Partant de l'étude des castes, il procède par "détour anthropologique" : confrontation avec des mondes humains radicalement différents qui induit une compréhension renouvelée de la culture occidentale, de son histoire et de son originalité. Aussi, toute l'entreprise de Dumont - dont l'œuvre traverse les domaines les plus variés : philosophie, histoire, droit, sciences politiques, sociologie, anthropologie - tente-t-elle de mieux appréhender les contours d'une modernité centrée autour de l'individualisme, en contraste avec le holisme porté par d'autres civilisations, dont l'Inde constitue le paradigme.
Car même dans les régimes démocratiques, la prééminence en valeur de l'individu libre, moral et rationnel, ne reste pas moins soumise à l'existence d'une société comme "sens, domaine et condition du sens", dont les significations partagées contribuent à définir le "bien commun".
Professeur de philosophie et de métaphysique, journaliste politique, poète, romancier, critique littéraire et chrétien engagé : Pierre Boutang fut l’un des observateurs de la vie politique et intellectuelle les plus marquants du siècle dernier. Né en 1916 et mort en 1998, nous célébrons cette année le centenaire de sa naissance.
Décryptage d'une figure passionnée et bouillonnante de ce XXe siècle en compagnie de Stéphane Giocanti qui vient de lui consacrer une biographie, ainsi que de Gérard Leclerc et Raphaël Sorin, trois hommes conviés par Philippe Delaroche à relater leur rapport à l’oeuvre de Pierre Boutang.
Au pays de Nabuchodonosor et du Code de justice trilingue d'Hammurabi, le pétrole est le moins cher du monde. Un Iraq libre, démocratique, et en paix avec ses voisins pourrait mettre à genoux les compagnies pétrolières anglo-saxonnes par le seul jeu du marché.
Cette contradiction interne à la géopolitique des Etats-Unis est la clé pour comprendre son impasse actuelle, élargir le champ d'analyse, dessiner la sortie de crise par le haut.
Portant un autre regard sur le Moyen-Orient et balayant les idées reçues, Bernard Cornut montre qu'une voix étroite s'ouvre à la non-violence : la réforme de l'ONU pour donner tout son poids à un objectif commun pour l'humanité, la paix par la justice et le développement durable partagé. Ces cicatrices de l'histoire nous concernent tous, au-delà des frontières.
En dialoguant avec Robert Philippe, Pierre Nora, Emmanuel Le Roy Ladurie et Jean-Claude Schmitt, Jacques Le Goff parcourt l'itinéraire qui, des marchands et des intellectuels du Moyen-Âge, en passant par la synthèse de la Civilisation de l'Occident médiéval, le purgatoire, la ville, l'imaginaire et la royauté, lui a fait explorer le Moyen-Âge, comme terrain de renouvellement de l'histoire et de ses méthodes en s'efforçant de définir une anthropologie historique.
Toute croyance suppose un acte de conscience dans le choix d'une politique, d'un parti et/ou d'une personne et c'est en même temps un acte de confiance pour une politique ou une personne.
Il y a des croyances fragiles, changeantes, mais aussi des croyances consolidées : certaines croyances entrainent au dogmatisme et au fanatisme, quand elles deviennent manichéennes (conviction d'être du parti du Bien contre celui du Mal), réductrices (ne voyant qu'une partie réduite d'une réalité multidimensionnelles) ou bien quand l'idéologie non seulement masque les réalités, mais se prend pour LA réalité. Ainsi le croyant extrême, devenu fanatique, est persuadé d’être au service d'une Vérité absolue et peut vouloir chasser ce qu'il estime le Mal de façon meurtrière.
Comment lier dans la croyance politique comme dans toute croyance la raison et la passion? Comment les dialectiser ? Car c'est leur dialectique permanente qui évite une raison seule, glacée, insensible, et une passion qui sans contrôle rationnel devient délirante.
La drague est-elle un art ? Est-elle différente de la séduction ? Quels sont les codes français dans cet exercice social ? L’amour a-t-il sa place dans cette quête sexuelle ?
Dans ce 3e épisode de l'émission, Alain Soral, auteur du seul livre sociologique sur le sujet (Sociologie du dragueur, paru en 1995), répond à nos questions.
Depuis longtemps, Régis Debray s’intéresse au problème du religieux et de la croyance au sein du groupe social. Son postulat de départ est qu'il n’y a pas de société sans transcendance. De même qu’un État laïc a ses obligations morales, les athées ont des valeurs sacrées. Pour lui, cette transcendance est nécessaire à la cohésion sociale. L’Union soviétique avait Lénine, les États-Unis d'Amérique ont George Washington et les pères fondateurs, la Constitution. Il y en avait aussi autrefois en France avec les héros mythiques de la République, comme Danton ou Leclerc.
Un groupe ne peut donc se définir que vis-à-vis d'une référence transcendante (qu'elle soit territoriale, doctrinaire ou légendaire) vers laquelle se tourne la croyance des gens. Il appelle cette nécessité de définir le groupe par une entité qui lui est extérieure l'incomplétude, et nomme cette entité le "sacré du collectif", qui est la représentation de ce que le groupe estime être le "meilleur". C'est cette croyance qui assure la confiance réciproque entre les membres du groupe, et garantit l'ordre social.
Edgard Morin, lui, a une toute autre approche fondée sur son parcours personnel, approche qui l'a mené à ressentir personnellement -autant qu'à souhaiter l'émergence au niveau planétaire- l'appartenance à une humanité commune qui dépasserait les cadres traditionnels d'appartenance (national, ethnique, religieux, etc).
C'est donc pour faire suite à la première rencontre qu'ils ont eu en février 2016 sur la croyance politique, qu'Edgar Morin retrouve Régis Debray pour confronter leurs points de vue.
Dans ce nouvel épisode de l'émission "Les idées à l’endroit", Alain de Benoist reçoit le philosophe Pierre Manent, auteur de l’ouvrage intitulé Situation de la France.
Ensemble, ils débattent de la laïcité, des rapports entre religion et politique et des nouveaux défis imposés par l’émergence de l’islam en France.
Allons-nous vers un nouveau contrat social avec les musulmans ? Divisés entre communautarisme et intégration, en veulent-ils seulement ? Quel avenir pour la France ? Qu’en est-il de l’église catholique au milieu de tout ça ?
Pierre Manent tentera de répondre à ces questions en compagnie de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, de Françoise Bonardel, d’Olivier François et de Vincent Coussedière.
"Le combat n'est pas un phénomène normal, c'est un événement extraordinaire et les individus qui y participent ne le font pas de manière moyenne. La proximité de la mort et la peur qu'elle induit déforment les individus et leur comportement. La répartition des rôles y obéit à une loi de puissance où, entre l'écrasement et la sublimation, beaucoup font peu et peu font beaucoup."
Le baptême du feu, c'est le "dépucelage de l'horreur", selon le mot de Louis-Ferdinand Céline. Et c'est bien à l'expérience au combat, cette vie près de la mort, que nous confronte Michel Goya. Combattre, c'est évoluer pendant quelques minutes dans un monde étrange régi par ses propres lois. En sortir vivant, c'est se réveiller épuisé, brisé ou exalté, mais toujours transformé.
Le travail de cet ancien Colonel des Troupes de Marine consiste d'abord en une description précise de la manière dont les hommes, individuellement et collectivement, se comportent au combat et par extension en situation de danger extrême. La dépense d'énergie que réclame à chaque pas la progression sous le feu, l'effort pour éviter le danger à tout instant tout en cherchant à accomplir sa mission mettent l'individu dans une tension extrême.
À l'appui de son expérience personnelle, de témoignages récents et de nombreux exemples historiques, le conférencier propose une analyse complète, originale et passionnante du comportement des hommes au combat.
C'est à une réflexion approfondie sur la notion de légitimité en politique et sur les processus historiques qui engendrent la naissance des républiques que nous invite Yannick Jaffré. Dans son ouvrage Vladimir Bonaparte Poutine, il compare d'une part les trajectoires de Poutine rénovateur de la vertical du pouvoir en Russie et celle de Bonaparte sous le directoire, et d'autre part l'état déplorable de la France contemporaine.
Et c'est en pratiquant ce billard à trois bandes historiques qu'il nous délivre une grande leçon de politique qui dessine en même temps une espérance pour la France.
Winfried Georg Sebald naît dans un petit village retiré de Bavière, quand les bombes pleuvent sur l’Allemagne.
Trop petit pour se souvenir mais incapable d’oublier, Sebald ne cessera de s’attaquer aux troubles de la mémoire allemande et à ses ravages dans les têtes et dans les corps, comme il l’écrira dans son essai manifeste De la destruction, publié en 1999.
Dès l’âge de vingt deux ans, Sebald s’exile volontairement en Angleterre, d’abord à Manchester, puis à Norwich, où, jusqu’à sa mort tragique dans un accident de voiture, à l’âge de 57 ans, il enseigne et commente les œuvres de ses auteurs de prédilection, comme Kafka, Walser ou Bernhard.
Chercheur de traces, Sebald se met à arpenter le paysage et à collectionner les vieilles cartes postales pour écrire ses propres livres. Les émigrants, Les anneaux de Saturne, Austerlitz sont tous des objets inclassables dans le paysage littéraire : montage de texte et d’images, télescopage d’époques et de lieux, qui réveille les mémoires.
Portrait d'un promeneur mélancolique qui chassait les souvenirs comme on chasse les papillons.