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Que la politique soit en proie aux "passions", tout le monde l'accordera. Autrement malaisé serait de faire entendre qu'elle ne connaît que cela, que les affects sont son étoffe même. La politique n'est-elle pas aussi affaire d'idées et d'arguments, protestera-t-on, et les "passions" que distorsion de cet idéal d'une politique discursive rationnelle ?
Spinoza bouscule ces fausses évidences. En soustrayant la catégorie d' "affect" à ses usages de sens commun – les "émotions" – il en fait le concept plus général de l'effet que les hommes produisent les uns sur les autres : ils s'affectent mutuellement. Il n'y a alors plus aucune contradiction entre les "idées" et les affects. On émet bien des idées pour faire quelque chose à quelqu'un – pour l'affecter. Et, réciproquement, les idées, spécialement les idées politiques, ne nous font quelque chose que si elles sont accompagnées d'affects. Autrement, elles nous laissent indifférents.
La politique, idées comprises, n'est-elle pas un grand jeu d'affects collectifs ?
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