La crise sanitaire du COVID-19 a mis en lumière une problématique majeure au sein de la science médicale occidentale : une perte massive de confiance et d'efficacité dans les systèmes de soins. Cette crise de confiance, exacerbée par des scandales tels que le PfizerGate, a révélé des failles profondes, où la collusion entre l'industrie pharmaceutique et les instances de régulation a remis en question l'intégrité des pratiques médicales. La gestion de la pandémie a également mis en exergue une méthodologie scientifique qui, loin de garantir une approche rigoureuse et objective, a parfois imposé une vision autoritaire, manquant de véracité scientifique.
Pour comprendre cette crise, il est essentiel de revenir aux fondements de la science médicale occidentale. Depuis la Renaissance, la médecine occidentale s'est distinguée par des avancées majeures, telles que la dissection des corps et la découverte des germes, qui ont révolutionné notre compréhension de la santé et de la maladie. La médecine, initialement basée sur l'observation et l'expérience, a progressivement évolué vers une science reposant sur des preuves tangibles. Cependant, cette évolution a également conduit à une forme de dogmatisme, où la méthodologie scientifique est devenue une norme parfois rigide, peu adaptable aux réalités complexes et variées de la santé humaine.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un tournant décisif. La défaillance du système de santé occidental, la marginalisation des pratiques alternatives, et les dysfonctionnements des comités de surveillance sont autant de signes d'une crise profonde. Deux scénarios se dessinent : l'un, pessimiste, où cette radicalisation mène à une dégradation encore plus prononcée de la confiance et de l'efficacité des soins ; l'autre, optimiste, où cette crise offre l'opportunité d'une refonte en profondeur de notre rapport à la science médicale et à la santé, vers une approche plus holistique et respectueuse de la diversité des savoirs.
Ainsi, la crise actuelle n'est pas seulement une remise en question des méthodes, mais aussi une invitation à repenser la place de la science médicale dans nos sociétés, pour qu'elle puisse véritablement servir l'humanité dans toute sa complexité.
Alors que l'érotisme met en scène le mystère du sujet et de la sexualité, la pornographie flatte le voyeurisme et livre au regard un corps morcelé, privé de visage. Confiant le spectateur dans le registre de la sensation et de la consommation, elle efface le désir lui-même. Elle conduit à l'asservissement et à la disparition de l'humanité de l'homme.
Loin d'être un rappel à l'odre, le travail de Michela Marzano permet de distinguer les enjeux éthiques qui sous-tendent les représentations du corps humain et offre un plaidoyer pour la liberté et la responsabilité, afin que l'autre demeure celui dont la rencontre nous conduit au meilleur de nous-même et au-delà.
Émission "Planète Féministe", animée par Marie-Anne Juricic.
Notre société libérale prétend que l'individu a désormais le pouvoir de prendre, pour lui-même, toutes les décisions. Les "choix de vie", tant loués par la publicité ou la presse psychologique, font figure de libertés fondamentales arrachées héroïquement au conservatisme. C'est ainsi, par exemple, que nous pouvons changer de sexe comme on change d'apparence ou de fond d'écran. N'y aurait-il pas là une confusion, voire un mensonge ?
Si le sexe relève de l'anatomie et du réel biologique, le genre obéit quant à lui à la culture et à la sexualité – deux réalités très différentes. Or le concept postmoderne de genre, si cher à l'individualisme ambiant, introduit une grande nouveauté : une "simple" opération chirurgicale permettrait d'effacer la différence sexuelle. Dans le même ordre d'idée, on tient à présenter le transsexualisme comme une nouveauté. C'est oublier que depuis toujours, sous toutes les latitudes et pour mille raisons, des hommes se sont fait passer pour des femmes, des femmes pour des hommes. Le droit de fabuler sur son sexe et d'adopter des pratiques sexuelles sur-mesure s'avère aussi ancien que le droit de se tenir debout.
Dany-Robert Dufour décrypte avec précision les véritables enjeux du phénomène "trans". Où l'on se rappelle que le fonctionnement de l'économie de marché dépend de désirs toujours renouvelés. Et où l'on comprend assez vite que le changement de sexe n'est qu'une option de plus dans le catalogue libéral. Peu importe son coût : sociétal, médical et anthropologique.
colloque "Ethique et questions contemporaines", organisée par des associations de Formation Psychanalytique et de Recherches Freudienne.
Avec Nietzsche s'inaugure une philosophie nouvelle, centrée dorénavant sur le corps et la vie, qui appelle une nouvelle histoire de la philosophie. En parcourant les grandes étapes de cette histoire, Barbara Stiegler introduit le lecteur aux philosophies de Descartes, Kant, Schopenhauer, Hegel et Marx, ainsi qu'à quelques grandes figures de la philosophie contemporaine, proches ou héritières de cette nouvelle philosophie de la vie.
Parce que le fil conducteur de cette nouvelle histoire suit la réalité concrète du corps et de la vie, son travail est aussi une introduction à l'histoire de la biologie, de la physiologie à la théorie de l'évolution, et jusqu'aux débats les plus brûlants de la biologie et des sciences médicales contemporaines.
À la lumière de ce parcours, la philosophie de Nietzsche ne peut plus apparaître comme une météorite solitaire et fulgurante. Elle se situe bien plutôt au beau milieu d'un tournant : celui à partir duquel, sur fond de fin de la métaphysique et de crise des savoirs, le gouvernement de la vie et des vivants doit devenir l'affaire de tous, nous obligeant à repenser de fond en comble les notions de "réalité" et de "vérité" en même temps que la valeur des énoncés produits par la science.
Pourquoi les plus pauvres ont toujours des dents abîmées alors que le système de soin est censé être accessibles à tous ? Olivier Cyran retrace l'histoire de nos dents et de la dentisterie liées aux évolutions socio-économiques du Néolithique ou du commerce triangulaire qui augmenta la consommation de sucre en Occident… pour les plus riches.
La multiplication des centres dentaires en France depuis quelques années pose question sur la pratique de soin low cost où la rentabilité prime sur la qualité des opérations. Le scandale de Dentexia révéla cette gestion calamiteuse dont les victimes furent laissée à l’abandon avec des opérations bâclées, encore en cours voire inutiles.
Sur la base de témoignages et de ses recherches, il décrit un système à double vitesse qui privilégie les soins à haute valeur ajoutée sur les soins de base remboursés par la sécurité sociale.
Un travail qui invite à faire autrement, à penser une politique de prévention sans culpabiliser les gens. De la critique nait alors le monde vaste des possibles.
Depuis quelques années, nous voyons éclore des salles de musculation à tous les coins de rue. Leur succès repose toujours sur la même promesse. Dans l'ambiance moite et surpeuplée des salles, il est possible de se faire un corps puissant, performant et transformé. Une industrie de la rationalisation et du perfectionnement du corps (complément alimentaire, coaching, etc.) accompagne l'injonction de se faire un corps débarrassé de ses lourdeurs pour être en capacité d'assumer la brutalité de la vie ordinaire.
La fabrique du muscle a rarement été investie politiquement. Au mieux, cette pratique serait le symptôme du désespéré qui, à mesure qu'il expérimente son impuissance, se tourne vers la seule chose appropriable dans un monde inappropriable : son corps. Au pire, elle n’est que l'affaire de quelques activistes virilistes qui, aux côtés des agents de sécurité, des néo-fascistes et des petits policiers, gonflent le torse et se cherchent une certaine allure dont la visée n’est autre que d’apparaître.
Plutôt que de disqualifier d’emblée une pratique qui s'est popularisée, Guillaume Vallet se propose de réfléchir la fabrique du muscle. Qu'est-ce que la généralisation de cette pratique dit de notre société ? Comment ressaisir politiquement la fabrique du muscle pour en faire autre chose qu'un corps dressé et conforme à l'ordre social ?
Si le clitoris a longtemps été impensé, l'utérus caché, la chevelure voilée, les seins, eux, ont été montrés, dénudés, affichés, jugés, évalués.
Sexuels ou maternels, esthétiques ou érotiques... Mais bizarrement (ou pas), ceux qui les montrent, les affichent, les jugent, les évaluent ou les dénudent, ne sont pas forcément ceux qui en ont !
Leur omniprésence traduirait-elle cette objectivation du corps des femmes qui trouverait dans les seins son paroxysme ? Doit-on donc en finir avec la beauté des seins ? Comment penser la libération du corps féminin ? Et comment réinvestir la question du corps ?
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Géraldine Mosna-Savoye.
Incarner infailliblement l'Etat, le pouvoir et l'autorité dans un corps mortel : le paradoxe de la royauté ne manque pas de sauter aux yeux de nos contemporains. Dans ce contexte, la moindre spécificité biologique ou physique a son influence : la voix de Louis XV, cassée et enrouée, l'amène à déléguer ses discours et donc à apparaître plus distant de la cour et des affaires du royaume. Le célèbre portrait en-pied de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, peint en 1701, est le reflet de ce paradoxe : le visage du roi vieillissant et atteint de goutte n'est pas idéalisé outre mesure, pour permettre son identification, éviter l'invraisemblance et le ridicule ; les jambes en revanche sont celles d'un jeune homme, pour ne pas diminuer la "royale virilité" du sujet. A la fois éphémère et extraordinaire, le corps du roi est au cœur d'un nombre important de procédés tentant de pallier sa nature mortelle, de la cérémonie du sacre à celle des funérailles, en passant par les rituels thaumaturgiques.
Face à lui, la noblesse est un corps politique en entourant un autre, qui le protège et le regarde tout à la fois. Comment la noblesse négocie-t-elle jusque dans son corps ses privilèges, comment tente-t-elle de les justifier en incarnant physiquement des qualités supérieures, comment sa "bonne" tenue incarne-t-elle un rempart pour l'ordre monarchique ?
Émission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.