Nous avons perdu les deux repères qui permettaient autrefois de nous définir entre les dieux et les bêtes. Nous ne savons plus qui nous sommes, nous autres humains. De nouvelles utopies en naissent. D'un côté, le post-humanisme prétend nier notre animalité et faire de nous des dieux promis à l'immortalité par les vertus de la technique. D'un autre côté, l'animalisme veut faire de nous des animaux comme les autres et inviter les autres animaux à faire partie de notre communauté morale.
Le philosophe Francis Wolff se penche plus particulièrement sur la première de ces utopies contemporaines, le post-humanisme, qui nous fait la promesse d'un dépassement de la condition humaine par le recours à la technique.
Et si nos très démocratiques pays d'Occident avaient enfanté quelques nouveaux monstres ? Et si ces monstres étaient déjà au travail pour formater les esprits et enrôler les corps ?
Dany-Robert Dufour, dont le travail porte principalement sur la façon dont les corps sautent dans des fictions et la façon dont les fictions s'incarnent dans des corps, est bien placé pour traiter la problématique.
Une conférence qui s'inscrit dans le aster en "Arts du Spectacle" de l'Université Libre de Bruxelles, associée pour l'occasion au centre chorégraphique des Brigittines.
Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814) a bouleversé l'histoire de la littérature comme celle des arts, de manière clandestine d'abord puis en devenant un véritable mythe.
L'oeuvre du "Divin Marquis" remet en cause de manière radicale les questions de limite, proportion, débordement, les notions de beauté, de laideur, de sublime et l'image du corps. Il débarrasse de manière radicale le regard de tous ses présupposés religieux, idéologiques, moraux, sociaux.
Anie Le Brun, commissaire invitée de l'exposition Sade : attaquer le soleil tenue au Musée d'Orsay, met en lumière la révolution de la représentation ouverte par les textes de l'écrivain. Car avant d'avoir une importance majeure dans la pensée du XXe siècle, l'oeuvre du Marquis de Sade a induit une part de la sensibilité du XIXe siècle.
Émission "Les Nuits de France Culture", animée par Christine Goémé.
Pour comprendre le monde et devenir un homme libre, il faut, avec pragmatisme, se détacher de son animalité. En se détachant de ses passions humaines qui ne sont que des pulsions animales, sous couvert de sentiments humains, et ne garder que deux paradigmes permettant d’avoir une vision claire, nette et précise de ce que nous sommes réellement et du fonctionnement du monde.
Premièrement : il faut toujours concevoir le monde comme un ensemble de flux énergétiques, de prédation et d’échanges caloriques entre les êtres. Chaque être ou entité organique, que ce soit l’individu ou le groupe, ayant pour fonction de prendre la calorie et de la conserver pour rester en vie et la transmettre avant de mourir.
Secondement : il faut avoir à l’esprit que dans un groupe, tout caractère physique ou tout comportement qui se conserve au cours du temps a toujours une fonction positive pour ce groupe, même si ce caractère paraît inutile ou ce comportement paraît stupide, car dans la nature tout ce qui n’est pas positif pour le groupe finit fatalement à plus ou moins long terme par être éliminé.
En comprenant que toutes nos relations et comportements ne sont que des relations énergétiques, et que ce qui perdure dans une communauté organique de l’ordre du caractère physique, comportemental ou culturel, a toujours une valeur positive pour le groupe, on devient un être éveillé, détaché spirituellement de ses passions, capable enfin de raisonner avec sagesse.
Quand nous aurons intégré cela, nous rechercherons instinctivement pourquoi des comportements paraissant si stupides, cruels ou primitifs perdurent, et quelles causes énergétiques se cachent derrière les luttes entre États, des conflits religieux, des haines entre individus ou des rapprochements amoureux.
Cette façon de penser le monde peut être intégrée dans tous les domaines de la vie organique, de la cellule à la civilisation, en passant par l’individu et la communauté et fera de nous des hommes capables de diriger notre vie en choisissant notre avenir en pleine conscience.
Nous serons alors des surhommes, nous serons alors des hommes libres.
Depuis quinze ans, les femmes se détournent de plus en plus de la pilule. Lassées de subir les effets secondaires de ce médicament puissant : dépression, baisse de libido, migraines, etc. Face à cette désaffection, certains crient au retour en arrière. Pourtant, il devient difficile de fermer les yeux sur les effets de la contraception hormonale : produit cancérigène de première catégorie, perturbateur endocrinien et véritable castration chimique, ses effets sur les femmes, leurs enfants et l'environnement sont extrêmement préoccupants.
Une telle chape de plomb règne sur le sujet qu'il est aujourd'hui impossible de critiquer la pilule sans être traité de dangereux rétrograde.
Après avoir longuement enquêté sur le sujet, et loin de toute idéologie, Sabrina Debusquat montre qu'il est urgent de lever le tabou de la pilule et nous invite à entrer dans l'ère de "l'après-pilule".
Son travail répond à toutes les questions que nous pouvons nous poser et analyse rigoureusement ce fait de société majeur qui concerne 4,5 millions de femmes en France.
À la croisée de l'histoire, des sciences et du féminisme, Sabrina Debusquat bouscule nos certitudes et nous exhorte à repenser nos habitudes contraceptives.
Un entretien mené par Melissa Carlier.
Théologien associé à la Radical Orthodoxy, mouvement lancé par John Milbank et qui entend réconcilier la pensée chrétienne classique avec ce qu’il reste de la philosophie moderne, William Cavanaugh est très connu en France où son oeuvre a été très bien accueillie.
Dans le cours de cet échange, il revient notamment sur le contenu de ses livres Migrations du sacré, Le mythe de la violence religieuse et Torture et eucharistie.
Opposition du séculier et du religieux, mythe de la religion intrinsèquement violente, réévaluation historique de l'émergence de l'Etat sur dans la modernité, critique du libéralisme comme idéologie politique axiologiquement neutre, tyrannie de la société de consommation, l'eucharistie et la question du corps à l'heure de la mondialisation : autant de sujets que le théologien américain traite en profondeur pour nous rappeler la puissance du message de l'Eglise du Christ.
Lorsque le corps devient humain, la mémoire passe hors du corps : elle devient alors technique et sociale en cela, et constitue ce que l'on appelle des savoirs. C'est ce qu'auront montré l'anthropologue André Leroi-Gourhan, le psychologue Lev Vygotsky, le biologiste Alfred Lotka, le philosophe Karl Popper et la neuropsychologue Maryanne Wolf – comme bien d'autres.
Cela ne signifie évidemment pas qu'il n'y a plus de mémoire incarnée dans le corps humain : cela signifie que celle-ci se transforme et co-évolue avec la mémoire extériorisée.
C'est comme poursuite de cette co-évolution qu'au XXe siècle, les mémoires artificielles deviennent le cœur du développement industriel, ce qui pose de nombreuses questions auxquelles Bernard Stiegler tente de répondre.
Une conférence qui s'inscrit dans le cadre de la "Semaine de la Mémoire".
Penser le corps à partir des humanistes de la renaissance et à travers ses savoirs et ses arts, telle est la question que se propose d'examiner Pierre Caye à partir de divers points de vue et méthodes.
Depuis les deux grand paradigmes hérités de Dante et de Pétrarque, l'on voudra mieux comprendre cet humanisme esthétique qui, par les arts du beau et ceux du corps (l'escrime, par exemple), vise à la connaissance, au perfectionnement et à la construction de soi.