Depuis la disparition du général de Gaulle, un spectre hante toujours plus la France : celui de l'identité. Les Français ne savent plus qui ils sont. Médias et intellectuels, toujours prompts à se tourner vers "l'Autre", assurent que la France, c'est la République, les droits de l'Homme, les valeurs, l'universel.
Mais si la France ce sont des "valeurs", des "idées", alors qu'est-ce que le peuple français ? Que deviennent la langue, le territoire, les moeurs et les traditions ?
Confusion profonde entre valeurs et culture, universalisme idéologique, passions antagonistes pour l'élitisme et l'égalitarisme, telles sont, selon Paul-François Paoli, les questions qui se trouvent au centre du malaise identitaire français.
Dans cette conférence, il les dissèque et y répond avec clarté, ouvrant la voie au retour de l'identité paisible, ce sentiment d'être soi et pas un autre.
La nation est une création vieille d'à peine deux siècles qu'il fallut, au sens propre, "inventer" et ensuite consolider autour de mythes fondateurs et, souvent, à coup d'épurations ethniques. Le regain récent des nationalismes en Europe en général et en France en particulier -avec la question de l'identité nationale- reflète avant tout le retard du politique et la difficulté à forger de nouvelles identités collectives associées à un vrai projet politique.
Pour évoquer ces questions, la directrice de recherche au CNRS Anne-Marie Thiesse, auteur de Faire les Français. Quelle identité nationale ?, est réunie avec l'historien Christophe Charle ayant récemment fait paraître Discordance des temps. Une brève histoire de la modernité.
Émission "Les Lundis de l'histoire", animée par Michelle Perrot.
Le colloque Lippmann sʹest tenu à Paris en 1938 autour de l'influent éditorialiste américain Walter Lippmann et du livre qu'il venait de publier, La Cité libre. C'est au cours de ce colloque que le terme "néo-libéralisme" fut en quelque sorte intronisé.
Cette série d'émissions en compagnie du philosophe Serge Audier permet de revenir sur ce colloque et sur les principaux penseurs néolibéraux et notamment à lʹun des plus célèbres dʹentre eux : Friedrich Hayek.
Émission "Histoire vivante", animée par Jean Leclerc.
L'essayiste québécois Mathieu Bock-Côté et l'historien belge David Engels, établit en Pologne, débattent de la souveraineté, l'identité et la mondialisation à l'heure du coronavirus !
Deux voix discordantes qui nous font profiter de leurs réflexions sur ces questions cruciales.
Un entretien mené par Nicolas Vidal.
Inquiet de voir la civilisation européenne dépérir, l'historien David Engels nous livre ses réflexions et conseils personnels tout au long de cet entretien.
L'occasion de revenir sur la situation sanitaire en Europe centrale, l'état de la mondialisation et le déperissement de l'Union européenne.
Un entretien mené par Nicolas Bonnal.
Qu'en est-il de l'héritage catholique de la France aujourd'hui ? Peut-on parler d'identité chrétienne ?
Les historiens Camille Pascal et Jean Sévillia revisitent les scènes fondatrices de la France catholique qui ont fait de notre pays la "Fille aînée de l'Église", depuis son baptême au Ve siècle jusqu'au divorce inscrit dans la loi de 1905.
Il est plus que nécessaire de renouer avec notre récit national afin de donner une réalité à l'idée même de la France en la faisant connaître, aimer et partager par tout un peuple.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Les diverses modalités de la transmission du passé posent à l'historien la question de comment aborder les violences du XXe siècle, à un moment où les témoins et acteurs disparaissent pour laisser la place aux ayants droit des victimes.
Ces violences ont été le fait d'une culture de guerre identifiée au modèle du combattant et orientée vers un monde futur. La culture de paix d'aujourd’hui fondée sur la primauté des victimes vit au présent un passé qui ne passe plus.
Les historiens doivent donc faire face non à une exigence d'explication, mais une de reviviscence qui les met d'autant plus mal à l'aise que c'est aussi leur devoir de respecter les souffrances et les groupes qui les portent.
Au moment où s'achève, le plus logiquement du monde, la commémoration de la Grande guerre, le président de la République, en plein usage d'un des pouvoirs les plus régaliens et solitaires qui soient, a décidé le transfert au Panthéon des cendres de Maurice Genevoix et il a choisi l'endroit même, dans ce temple de la République, où elles seraient précisément déposées.
Il est stimulant de s'interroger sur les ressorts de cette parousie d'un écrivain particulier, l'auteur de Ceux de 14, à qui va être conféré de la sorte un glorieux label national.
L'écrivain national, voilà bien une figure qui pose toutes sortes de questions historiques, celles mêmes que vient d'aborder, dans un livre précieux, Anne-Marie Thiesse, directrice de recherches au CNRS.
Cette figure est doublement ambivalente. Elle porte à l'extrême la dualité de la plus exceptionnelle individualité et de la quintessence d'une nation. Et d'autre part elle incarne une tension entre l'œuvre d'un génie original, enraciné dans un pays spécifique, et la dimension universelle sans laquelle il n'exprimerait pas autre chose qu'un égotisme collectif voué au repli sur soi et, en somme, à une façon de rabougrissement.
Une figure dont il va falloir considérer à la fois l'émergence, à partir surtout du XIXe siècle, et les multiples avatars au siècle suivant, au cours de laquelle elle a été mobilisée, tout autour de la planète, de régime en régime, au service des causes les plus diverses et parfois les moins honorables. A côté d'un sacre démocratique dans les pays de liberté, des instrumentalisations souvent fétides ont en effet surgi dans les régimes d'oppression.
Un inventaire historique est nécessaire. Avec à la clef, forcément, une réflexion sur la responsabilité des auteurs eux-mêmes parmi ce tohu-bohu.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.