Loin de tracer une vision positive de ce qu’il faut faire, la culture de la dénonciation et de la déploration autour de laquelle les médias s’organisent contribue à rendre le monde illisible et désespérant, peuplé qu’il est d’un mal inépuisablement renaissant, dont les racines restent incompréhensibles et auquel il est vain, en dernier ressort, de vouloir remédier. Le message subliminal et ultime est qu’on ne peut rien.
Cette situation n’est pas le dernier mot de l’histoire. Elle n’est que le premier de la période dans laquelle nous avons été jetés sans bien comprendre ce qui nous arrivait.
Emission "Le premier pouvoir".
Longtemps la démocratie a eu mauvaise presse, notamment dans les pays où elle s’est installée la première à la faveur d’une révolution, en France ou aux États-Unis. Çela peut paraître étrange aujourd’hui, alors que ce régime est en passe de s’étendre à l’ensemble de la planète et que les ONG de la bonne gouvernance, qui soutiennent partout dans le monde le passage des anciennes dictatures à la démocratie en vantent les qualités indépassables, jointes à celles de l’économie de marché.
Pourtant, dans le vocabulaire politique, à commencer par celui des "pères fondateurs" des démocraties modernes, le mot était affecté d’une fâcheuse connotation de désordre, de démagogie, de tyrannie du grand nombre, de revanche des pauvres et des sans-grades. À ces époques le mot renvoyait à ce que nous appellerions aujourd’hui la "démocratie directe". Et pour les hommes qui firent la révolution en France, tout comme pour ceux qui réalisèrent l’indépendance des Etats-Unis, le terme et l’idée qu’il suggérait avait tout d’un repoussoir.
C’est ce paradoxe que va explorer Francis Dupuis-Déri des deux côtés de l’Atlantique.
Il détaillera également plusieurs expérimentations démocratiques qui ont eu lieu dans notre histoire, dans les communautés d’habitants au Moyen-Âge en France ou les sociétés amérindiennes par exemple.
Jacques Sapir nous présente son dernier ouvrage dans lequel il explique la généalogie contradictoire de la Dictature en régime réputé démocratique, et de ses pré-supposés en droit.
Un projet qui lui permet de qualifier l'état d'urgence comme urgence de et dans l'État et qui le rapproche plutôt de Montesquieu que de Rousseau, et de Max Weber et Carl Schmitt que de Karl Marx.
Dans le débat qui s'en suit, on découvre le magnifique travail épistémologique et constitutionnaliste de Jacques Sapir. En dépit de sa répugnance à évoquer la primauté causale des forces productives, la responsabilité des classes bourgeoises dirigantes dans l'exploitation de l'homme par l'homme, et la fonction historique de la lutte des classes, il nous permet de comprendre, à partir des cas concrets de l'actualité, pourquoi dans une perspective de souveraineté populaire, la dictature du prolétariat est bien la phase intermédiaire (qualifiée de "socialiste" par Marx) requise pour toute transformation sociale susceptible de conduire à la société sans classe, c'est à dire... au communisme !
Nos vies sont aujourd'hui prises en charge par une multitude d'organisations, consacrant ainsi le règne du management. Un tel bouleversement de nos sociétés passe pourtant souvent inaperçu.
C'est ce qui motive Baptiste Rappin à faire la contre-histoire du management, afin de comprendre le sens de cette gigantesque entreprise de manipulation.
Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Renaud Camus soutient le contraire.
Si la culture s'est répandue, selon lui, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. L'université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l'école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement.
Tout a baissé d'un cran. C'est la grande déculturation. Le paradoxe est que l'objectif quantitatif, qui est au cœur de l'ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l'argent, par le biais de la publicité, des taux d'audience et des lois du marché.
Le constat est-il partagé ? Et ce phènomène est-il irréversible ?