"— Vous lisez l’Évangile de saint Marc ?
— Pas encore. Avant de plonger dans les Évangiles, je lis Pierre Boutang. C’est du lourd ! Hier soir, je dînais avec François Hollande qui me dit : “Vous lisez Boutang ? C’est la passion de mon père !”
Je lui réponds : “Transmettez mon salut admiratif à votre père car un lecteur de Boutang, c’est un costaud.” Je suis paumé…
— Qu’est-ce qui vous attire chez Boutang ?
— Le poison de la curiosité. Pourquoi suis-je ainsi happé ? C’est d’un tel niveau philosophique que je n’ai pas les moyens de suivre. Pourtant j’y vais. Autant Nietzsche, je peux facilement m’y mettre, car c’est un styliste poète, autant ces philosophes qui mettent Kant en allemand face à Thomas d’Aquin en latin… je ne fais pas le poids ! (…)"
Cette conférence nous introduit la personne et l'oeuvre de Pierre Boutang, l'un des philosophes les plus importants du XXe siècle.
Une longue discussion en roue libre -parfois un peu trop !- sur les thématiques favorites d'Etienne Chouard (la monnaie, le processus constituant, la dénonciation du régime représentatif, etc.) et sur des sujets d'actualité (les révoltes au Vénézuéla, le travail de la France Insoumise au parlement, etc.).
La Suisse est le pays le plus heureux du monde. C'est une étude internationale qui l'affirme. Les critères retenus ? L'emploi, le logement, la santé, la richesse, l'environnement, la sécurité...
Pourtant, la patrie de Rousseau reflète une image assez négative : corruption, évasion fiscale, islamophobie... Face à ce paradoxe, quels sont les secrets du bonheur suisse ?
La Suisse n'est pas seulement un îlot où cohabitent banquiers et gruyères sur fond d'alpages enneigés. Au coeur du miracle helvète ? Les votations. Composé de 26 cantons, qui sont autant d'États souverains, c'est le seul pays où, quatre fois par an, le peuple initie des lois et en surveille l'application : de l'immigration à la religion, de l'énergie à la fiscalité, de la protection des animaux aux bruits des avions ! Unique en son genre, cette démocratie participative suscite la curiosité des démocrates et des républicains du monde entier. Ses résultats sont en effet incroyables : un chômage quasi inexistant, une compétitivité à toute épreuve et le système de formation le plus performant sur le continent.
Les Suisses sont-ils alors xénophobes ? Non, car 24% de la population résidente y est étrangère.
François Garçon pose alors un franc diagnostic : affaiblie par une crise dont elle ne parvient pas à sortir, il est temps que l'Europe arrête de mépriser la Suisse pour enfin s'en inspirer.
Une analyse critique d’un porte-voix des idées communes au populisme de gauche et au populisme d'extrême-droite, Étienne Chouard, notamment de son populisme transversal, de son confusionnisme, de son conspirationnisme, de son démocratisme-citoyenniste et de son "anti-impérialisme".
En effet, le "populisme transerversal" peut être compris comme une idéologie s’adressant en même temps aux populistes de gauche (Mélenchon) et aux populistes d’extrême-droite (Le Pen) à partir de leurs thèmes communs (patriotisme, souverainisme, anti-finance, etc.). Le populisme de gauche, lui, s’adresse en partie, mais en partie seulement (contrairement au populisme transversal), aux populistes d’extrême-droite (à l’exclusion des thèmes d’extrême-droite). Le populisme d’extrême-droite, réciproquement, s’adresse en partie, mais en partie seulement (à l’exclusion des thèmes de gauche), aux populistes de gauche.
L'histoire juridique de l'édification de l'Etat moderne donne une idée de sa grandeur. Mais ce souverain débonnaire, tolérant la contestation et répondant du bien-être de ses sujets, semble aujourd'hui frappé de misère, comme l'illustre tristement le cas de la Grèce. Exposé par l'ouverture de ses frontières commerciales à des risques financiers systémiques, il voit ses ressources s'effriter et ses charges augmenter.
D'inquiétants docteurs se pressent à son chevet. Certains lui prescrivent saignée sur saignée, tandis que d'autres dressent déjà son acte de décès.
Plutôt que de cette médecine létale, c'est d'un diagnostic précis dont nous avons besoin afin de comprendre les causes profondes du dépérissement de l'Etat.
Ce discours est prononcée par Alain Supiot, Professeur au Collège de France, à l'occasion du titre de docteur honoris causa de l'université Aristote de Thessalonique qui lui est décerné.
Cette rencontre entre Etienne Chouard (professeur d’économie et de droit), Yves Sintomer (sociologue) et Jacques Testart (biologiste) nous offre une réflexion sur les usages possibles du tirage au sort face au mécanisme du vote au sein de la démocratie représentative, étant entendu que ce système est parfaitement calibré pour empêcher au peuple d'exercer le moindre pouvoir face à ses représentants...
- 00:25 Le tirage au sort ça change quoi dans une démocratie ?
- 06:22 Le citoyen peut-il faire de la politique ?
- 09:05 Comment on tire au sort aujourd'hui ?
- 13:13 Qui tire au sort ?
- 17:49 Une révolution du peuple est-elle possible ?
- 21:08 Que pensez-vous du printemps arabe ?
- 26:24 En France sommes nous en démocratie?
- 31:24 Qu'est ce qui bloque la modernisation de la politique ?
Une projet réalisé par Moise Courilleau et Morgan Zahnd.
À l'occasion de la parution aux éditions Kontre-Kulture de son livre Chavez, la patrie au coeur, Vincent Lapierre se confie au micro de David L'Epée et revient sur l'histoire du Venezuela et sur l'épopée du chavisme.
0:00:50 – raisons de l’intérêt de Lapierre pour Chavez, retour sur ses origines familiales
0:02:33 – Lapierre renonce à travailleur comme conseiller économique du gouvernement vénézuélien et décide de s’engager en France
0:05:18 – relations entre Chavez et l’extrême gauche européenne (Mélenchon par exemple), malentendu de cette gauche à l’égard du nationalisme émancipateur de Chavez
0:07:09 – l’idéal militaire de Chavez, à contre-courant de la tradition réactionnaire de l’armée
0:09:10 – Chavez hésite entre armée régulière et guérilla
0:12:35 – Chavez orateur et auteur de discours-fleuves, ses interventions dans l’émission Alo Presidente, le rôle de l’éloquence
0:14:52 – Chavez accomplit un tour du pays à sa sortie de prison pour renouer avec son peuple
0:17:16 – Maisanta, un héros révolutionnaire parmi les ancêtres de Chavez
0:18:35 – le populisme et la rhétorique chavistes, la notion de destin historique
0:22:12 – Chavez et les femmes, comparaison avec Robespierre, de l’amour des femmes à l’amour du peuple
0:25:51 – rapports entre populisme, homme providentiel et démocratie
0:28:16 – expériences de démocratie directe dans la Constitution vénézuélienne, la "démocratie participative et protagonique", la révocabilité des élus
0:32:15 – le pacte de Punto Fijo
0:33:44 – Chavez et de Gaulle : confiance en l’armée, méfiance dans les partis, alliance civico-militaire
0:35:40 – l’opposition trotskiste au Venezuela
0:40:03 – république bolivarienne contre république française, révolution et enracinement, le bolivarisme
0:45:35 – l’impérialisme yankee en Amérique latine et ceux qui y résistent
0:47:55 – le chavisme est-il une révolution conservatrice ?
0:49:03 – l’influence de la théologie de la libération
0:50:34 – la figure du Christ
0:52:36 – le socialisme du XXIème siècle et les noyaux de développement endogène
0:56:40 – un défi relevé : l’éducation et l’alphabétisation des masses
0:59:00 – la passion de Chavez pour la littérature
1:00:38 – le Sistema : un programme social d’éducation musicale pour les enfants
1:03:24 – une lutte culturelle contre le soft power étatsunien
1:04:44 – anti-impérialisme et anti-sionisme : les relations internationales de Chavez, l’ALBA, les accords Sud-Sud, la Chine, la Russie, l’Iran…
1:08:39 – Chavez et les dissidents nord-américains
1:10:18 – Lapierre commente des citations positives et négatives de diverses personnalités sur Chavez (Gabriel Garcia Marquez, Alexandre Adler, Jean-François Kahn, Dominique Ziegler, Ignacio Ramonet)
1:19:21 – annexe : quelques mots au sujet de la thèse de doctorat de Vincent Lapierre
"La Grèce antique est la plus belle invention des temps modernes", écrivait Paul Valéry. Au cœur de cette invention réside une forme singulière d'organisation de la vie collective qui incarnerait la singularité de l'expérience grecque : la cité.
Yves Sintomer s'interroge sur l'utilisation qui a été faite de la cité (polis) comme objet théorique et figure imaginaire dans la pensée politique contemporaine.
Il est évidemment tout d’abord affaire de pratiques politiques : parce qu'elle reposerait sur la mise en commun des paroles dans un espace où des égaux discutent et décident librement ensemble, la polis antique offrirait, à en croire une partie de la philosophie politique contemporaine, des ressources précieuses pour penser notre présent politique.
Mais cette expérience politique est indissociable d’une manière spécifique de faire commun, faite de gestes, manières de percevoir, attitudes et comportements. En ce sens, la polis est aussi l'emblème d'une "forme de vie", dans laquelle se réaliserait une politique authentique.
Les implicites théoriques d'une telle conception de la cité, à l’œuvre aussi bien chez Castoriadis que dans les travaux récents des historiens de la cité classique, sont au cœur de cette intervention.