Du milieu du XVIIIe siècle à nos jours, le mortalité maternelle a été divisée par 131, et la mortalité infantile par 69. A présent, dans les sociétés développées, les enfants qui naissent et leurs mères sont assurés de vivre. Cette nouvelle certitude a révolutionné la venue au monde des enfants, et cette transformation, qui rompt avec une condition humaine marquée par la centralité de la mort dans l'expérience quotidienne de la vie, a provoqué l'avènement de l'individu contemporain. L'enfant n'est plus un enfant de renouvellement par anticipation, appelé à s'inscrire, un parmi d'autres, dans une descendance, mais il est un enfant du désir d'enfant, individuellement décidé, à chaque fois un enfant unique appelé à développer une singularité propre dans un monde d'où la mort précoce a été chassée.
L'enfant désiré est le point de rencontre du repli de la mort, déplacée vers la vieillesse, et d'une longue histoire de contention, puis de réduction de la fécondité, un processus propre à l'Europe de l'Ouest qui s'est universalisé.
Paul Yonnet montre comment ces nouvelles conditions d'arrivée au monde des enfants organisent l'infrastructure psychique de l'individu contemporain dès ses premières années, et leurs conséquences sociales, notamment durant l'adolescence.
Bernard Lietaer esquisse une composante fondamentale de la civilisation qui remplacera notre système en phase terminale : la monnaie complémentaire.
L'argent, par sa logique de création par la dette et son mécanisme de prêt contre intérêt est comparée au système d'exploitation d'un ordinateur. Le système d’exploitation est le logiciel coordinateur qui permet à un PC de fonctionner. De manière analogue, la monnaie est cet intermédiaire qui réside au coeur de toutes les activités humaines, partout dans le monde. Selon une métaphore de Bernard Lietaer, elle est aussi omniprésente pour l'homme moderne - et "inconsciente" - que l'eau pour le poisson. L’économiste explique comment le mécanisme du taux d'intérêt, et son corollaire l'actualisation, est à l’origine de la préférence pour le court terme qui empêche nos sociétés d'empoigner à bras le corps les problèmes qui les conduisent dans le mur.
Bernard Lietaer propose de complémenter le système des monnaies en vigueur par des monnaies circonscrites géographiquement et dont le fonctionnement induit naturellement chez les agents économiques et les particuliers des comportements non plus compétitifs, mais collaboratifs. Le mécanisme est le suivant : l'Etat prélève ses taxes non sous forme de monnaie ordinaire, mais en monnaie alternative. Cette monnaie alternative se gagne en fournissant des services à la collectivité ou en contribuant d'une manière ou d'une autre à l'atteinte de ses objectifs de long terme, écologiques ou sociétaux. La monnaie complémentaire est associée à un intérêt négatif, ce qui lui fait perdre sa valeur avec le temps, encourageant ainsi sa circulation et non sa capitalisation, le mécanisme d'actualisation s’en trouve inversé, ce qui évite que des dépenses importantes se produisant dans un futur éloigné soient artificiellement minimisées dans les calculs financiers de rentabilité d'investissement.
La véritable richesse d'un pays, d'une ville, n'est pas constituée de capital monétaire, mais de biens tangibles qui concourent au bien-être des citoyens ainsi que de rapports sociaux harmonieux. Une société est un écosystème dont la valeur provient de l'équilibre et de la qualité des relations qui se développent entre ses composantes.