Le mythe est un élément fondamental de notre civilisation. Mais la philosophie, reine des discours en occident, s'est en quelque sorte constuite contre le mythe, en le rejetant au nom de l'analyse rationnelle (le logos de Platon).
A contrario, la psychanalyse se propose de valoriser ce type de discours, en essayant de recouvrer le sens profond de ces récits qui sont au fondement de nos cultures et de nos psychologies individuelles.
Depuis vingt ans, l'OTAN n'a cessé de s'adapter à son environnement : opérations menées sur trois continents, accueil des pays de l'ancien bloc de l'Est, invention d'un dialogue avec l'Union européenne ou les Nations-Unies, nouvelles procédures opérationnelles, modification radicale de son organisation ou réponses aux questions nouvelles comme la cyberdéfense, le terrorisme ou la défense anti-missile.
En mutation permanente, le domaine d'action de l'Alliance Atlantique va bien au-delà de la relation entretenue avec la France. Les enjeux liés à l'OTAN sont bien plus intéressants que ce prisme réducteur, et il est temps de comprendre enfin comment s'est transformé ce qui n'était encore récemment qu'un héritage de la guerre froide.
Olivier Kempf nous permet de comprendre les permanences, de distinguer les évolutions, de pointer les lacunes et de situer les perspectives de cet acteur incontournable des relations internationales contemporaines qu'est l'OTAN.
Modérer la modernité reviendrait à imposer une limite, une mesure, à l’hybris technicienne qui, dans son fantasme progressiste, ne peut se penser que dans l'illimitation et la transgression permanente. Cela est-il seulement possible ?
Nous ne pouvons apparemment plus compter sur la philosophie pour nous y aider, car elle a perdu le sens du proportionnel en confiant le domaine du mesurable, du quantitatif, aux scientifiques pour se réserver le domaine du qualitatif : les concepts créés n'ont alors plus aucun lien avec le réel.
D'où pourrait venir la solution ?
De Richelieu demeure trop souvent l'image d'un politique froid et déterminé, animé depuis son plus jeune âge par une ambition sans limites et conduit par les seuls impératifs de la raison d'Etat. S'il est désormais admis qu'il fut à ses débuts un évêque appliqué, l' "Homme rouge" est décrit surtout comme un politicien sinueux et un maître de l'intrigue, perçu à l'aune de nos critères actuels.
En réexaminant ses années de jeunesse, en relisant avec une attention nouvelle ses abondants écrits politiques et religieux, en réinterprétant l'imposante production de ses documents d'Etat, Arnaud Teyssier propose un Richelieu étonnant qui tranche sur la tradition : un grand politique certes, mais habité par une vision constamment religieuse du monde.
Il redessine ainsi une aventure d'homme d'Etat qui reste sans équivalent dans l'histoire de la France et de l'Europe : celle d'un ministre qui, en des temps tragiques, raisonne constamment en prêtre et lutte pied à pied contre la faiblesse des hommes celle du roi, celle des Grands, celle des corps constitués, la sienne propre.
Tel est le vrai secret de "cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé" (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires).
Le politique est un domaine autonome, qui a ses règles propres.
Attaqué par les feux croisés du marché et du droit, fruits du déploiement de la logique libérale, il semble de moins en moins visible.
Comment comprendre que le politique, autrefois si flamboyant dans notre tradition européenne, soit aujourd'hui réduit à peau de chagrin ?
Après une longue introduction où la signification et les conséquences politiques de l'attentat contre Charlie Hebdo sont traités, Pierre-Yves Rougeyron revient sur l'actualité du mois de janvier. Entre les secousses populaires dans l'Union européenne (Siriza) et la "révolte des élites" (QE de la BCE), entre les différents dossiers géopolitiques (Ukraine, Boko Haram), il reste encore quelques temps pour analyser l'actualité intellectuelle (Houellebecq, l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut).
Une analyse bienvenue qui essaie de comprendre le sens des événements qui nous submergent.
Avec le corps maigre et mobile de Kate Moss, c'est une nouvelle figure qui apparaît au tournant du XXIe siècle, celle d'un sujet idéal, adaptable en toutes circonstances, capable de se réinventer sans cesse à travers la mise en scène et la narration de soi.
La figure de Kate Moss nous enjoint à devenir stratèges de nous-mêmes, en sujets aguerris capables de faire un usage intensif de nos compétences et de nos affects, dans le but de donner la meilleure image possible. Qu'il n'y a pas d'autre rapport à soi que ce travail de mise en valeur, assisté par toutes sortes d'experts du développement personnel. Que les individus n'ont plus le choix qu'entre une vie échangeable et donc stylisée, relookée et coachée, et une vie non stylisée mais qui ne vaut rien et dont personne ne veut.
Dans cette logique exclusive, nous sommes tous des mannequins anglais...
Tout au long de cet entretien, Jean-Vernant nous livre directement de bouche à oreille un peu de cet univers grec auquel il s'est attaché et dont la survie en chacun de nous semble, dans le monde d'aujourd'hui, plus que jamais nécessaire.
Ce dialogue permet à cet héritage de nous parvenir sur le mode de ce que Platon nomme des fables de nourrice, à la façon de ce qui passe d'une génération à la suivante en dehors de tout enseignement officiel.
La voix qui autrefois, pendant des siècles, s'adressait directement aux auditeurs grecs, et qui s'est tue, Jean-Pierre Vernant nous la fait entendre à nouveau aujourd'hui.
Qu'elle puisse encore longtemps résonner...
Comment notre société comprend-elle et ritualise-t-elle la mort aujourd'hui ?
Dans un grand nombre de sociétés traditionnelles, cet événement était vu comme une étape essentielle et socialement acceptée, à laquelle chacun devait se préparer.
Charles Melman, en utilisant les outils de la psychanalyse, s'attaque à cette grande question de la mort et essaie de comprendre la façon dont nos sociétés modernes s'y accommodent.