Au cours de son histoire, l'Église chrétienne a fait face à des centaines de divergences, qui se sont succédé jusqu'à la Réforme de Luther et ont laissé leur empreinte sur l'esprit occidental. Dès l'origine, ces mouvements ont été considérés par les autorités ecclésiales comme de graves menaces ; des définitions de l'orthodoxie ont rapidement été posées pour cibler les écarts et les combattre par tous les moyens possibles.
Pourquoi le christianisme présente-t-il cette spécificité que sont ces interactions, conflits et arbitrages entre hérésie et orthodoxie ?
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
À l'heure des migrations de masse, des pandémies mondiales, du réchauffement planétaire et des multinationales omnipotentes, la notion d'enracinement semble vouée à la ringardise. Pour beaucoup de chrétiens, elle paraît s'opposer de plus en plus à l'impératif de fraternité universelle. L'idée s'impose qu'il faudrait choisir entre la patrie du ciel et la patrie terrestre, qu'il serait urgent de dépasser les frontières pour réaliser l'unité du genre humain. L'universalisme semble n'être plus qu'un autre nom du mondialisme.
Pour Laurent Dandrieu, cette vision est en contradiction avec l'essence même du catholicisme, religion de l'incarnation. Une contradiction aussi avec l'idée même d'universalisme chrétien, unité spirituelle qui a toujours marché main dans la main avec l'attachement de l'Église à la diversité des peuples et des cultures.
À contre-courant des oppositions binaires, il renouvelle de fond en comble le sujet, et ouvre un débat vital pour l'avenir du christianisme en défendant l'idée qu'en oubliant l'esprit de la Pentecôte au profit de son exact contraire qu'est la tentation de Babel, l'Église prêterait la main à son pire ennemi, ce mondialisme qui vise à arracher l'homme à tous ses liens, culturels, historiques, humains et religieux.
Appel vibrant à un renouveau catholique, Laurent Dandrieu trace une ligne de crête exigeante : la voie étroite qui mène à Dieu passe par une contribution singulière et enracinée à la civilisation chrétienne.
Émission du "Libre journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Le grand philosophe catholique Jean-Luc Marion nous invite à considérer la fin du mythe de la mort de Dieu : penser autrement "la mort de Dieu", c'est avant tout considérer la mort d'un concept, d'une certaine primauté de l'Etre et du "Dieu moral". En somme, le Dieu qui est mort est une représentation (une idole) contre lequel il faut lutter et Dieu, lui, est mort sur la croix et est donc en retrait – manière, pour nous, d'éprouver la filiation.
Ce retrait du divin pourrait d'ailleurs bien être l'ultime figure de la révélation. Mais quelle révélation ?
La pensée chrétienne revendique radicalement une Révélation en se fondant sur la tradition biblique. Cela soulève des difficultés, car la divinité se manifeste par ce que les philosophes nomment : des phénomènes. Yahvé se révèle à Abraham et à sa descendance, Dieu se révèle aux disciples à travers Jésus.
La philosophie a contesté la réalité et la possibilité même de tels phénomènes. Ce refus d'une Révélation en philosophie peut-il se discuter ?
Sans doute, à condition d'élaborer une réflexion sur ces phénomènes qui reconnaisse toutes leurs dimensions possibles. Jusqu'à envisager "un phénomène absolument saturé" se manifestant à ceux qui consentent à le recevoir.
"La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel", écrivait Karl Marx en 1843. Depuis, communisme et christianisme semblent incompatibles.
C'est oublier que la doctrine communisme s'est en partie inspirée du christianisme social et que l'un des premiers théoriciens communistes importants, Etienne Cabet voyait dans le communisme la réalisation des principes chrétiens. Christianisme et communisme pourraient-ils faire bon ménage ?
A partir du Nouveau Testament, mais aussi des écrits des pionniers du communisme, le journaliste et écrivain Kévin Boucaud-Victoire revient sur les liens entre deux doctrines qui ne s'opposent moins qu'on ne pourrait le croire.
La philosophie a longtemps mis de côté la théologie - et tout ce qui relève de l'irrationnel et de la Révélation. Or peut-elle ignorer ce qui relève de l'expérience ?
Cet écart entre philosophie et théologie intéresse beaucoup le phénoménologue Jean-Luc Marion et constitue une excellente porte d'entrée pour comprendre sa pensée et son parcours.
Émission "Culture et Société", animée par Sarah Brunel.
Y a-t-il une vérité certaine ? L'intelligence humaine peut-elle savoir ce qui est vrai ou faux ? Questions essentielles auxquelles cette série de cours a l'ambition de répondre en retournant aux vérités philosophiques fondamentales qui sont les principes directeurs de la vie individuelle. Il y a, en effet, contrairement à ce que pensent beaucoup de nos contemporains, des certitudes obtenues par l'expérience et le raisonnement et dont les conclusions peuvent être admises et comprises par tous.
Issu de dizaines d'années de pratique, cet enseignement suit un plan pédagogique en abordant la question de l'être, de l'objet de la connaissance et des limites de l'intelligence, des moyens d'action de l'homme et enfin des êtres immatériels, de la conscience et de l'existence de Dieu et de ce que nous pouvons connaître de lui sans faire appel à la révélation.
Jean Daujat n'écarte pas non plus le statut des vérités révélées. En effet, même la foi a besoin de l'intelligence. Elle présuppose que l'intelligence humaine qui va adhérer aux vérités révélées en les croyant vraies est une faculté de connaissance qui sait discerner le vrai du faux et reconnaître la vérité avec certitude.
Les miracles rapportés dans les quatre Evangiles et dans le livre des Actes sont-ils, à l'analyse, possibles ou impossibles ? Pour étudier cette question et y répondre, il est nécessaire de faire appel à plusieurs disciplines complémentaires : la philologie parce qu'il importe d'entendre exactement le sens des termes utilisés dans les vieux documents hébreux, l'histoire parce qu'il faut établir autant que faire se peut la réalité des faits. Mais il est aussi indispensable de recourir à l'analyse philosophique, à l'analyse logique, à l'analyse métaphysique au terme desquelles se trouve la question très ancienne du possible et de l'impossible, du possible et du réel. La théorie de l'univers, la cosmologie, rentre en jeu et avec elle l'étude, indispensable à toute métaphysique, des sciences de l'univers et de la nature. C'est parce qu'ils n'ont pas effectué ce travail préalable que nombre d'éxégètes des siècles passés, et un grand nombre de leurs successeurs de nos jours, se sont efforcés d'écarter ou d'amoindrir les faits rapportés par les Evangiles. C'est ainsi que les miracles accomplis par le Rabbi Galiléen qui ont emporté la certitude de la vérité chez leurs témoins, sont paradoxalement devenus des obstacles pour les hommes d'aujourd'hui. Ce petit livre propose un exercice simple d'analyse logique sur les présupposés philosophiques de l'éxégèse dominante et leurs conséquences.
Émission des "Mardis de la mémoire", animée par Pierre Chaunu.
Et si ? Et si l'universalité du christianisme étouffait dans la vision étroite selon laquelle son origine serait limitée à l'Ancien Testament ? Et si postuler que le seul message de Dieu fait homme dans l'Évangile serait de réformer la religion du peuple juif était un contresens ? Et si ne donner comme point de départ de l'action divine pour l'humanité que les quelques siècles qui ont précédé la Nativité était une offense à l'éternité de Dieu ?
Lors de cette rencontre, Henry de Lesquen ose une analyse sans tabou sur cette question fondamentale pour l'humanité tout entière. Il nous invite à découvrir une révision copernicienne de l'histoire des religions en s'appuyant sur les analyses des plus grands savants : notamment Georges Dumézil et Jean Haudry pour la tradition indo-européenne ; Geo Widengren et Jacques Duchesne-Guillemin pour l'héritage de l'Iran dans le christianisme ; Émile Burnouf et André Dupont-Sommer pour celui de l'Inde ; Marcel Simon et Jean Daniélou, dans la lignée des Pères de l'Église comme saint Justin martyr et Clément d'Alexandrie, pour celui de la Grèce.
C'est ainsi que, du monothéisme à la résurrection des morts, les dogmes du zoroastrisme, religion des anciens Perses, se retrouvent dans le christianisme. Or, l'Avesta, le livre saint du zoroastrisme, est antérieur de plusieurs siècles à la rencontre des Juifs et des Perses, qui s'est produite en 539 avant Jésus-Christ, quand l'empereur Cyrus a pris Babylone, où les Juifs avaient été déportés. Il faut donc en conclure que le judaïsme a hérité des dogmes zoroastriens après cette date et qu'il les a transmis au christianisme. Celui-ci a hérité en outre, à travers l'enseignement des esséniens et de saint Jean Baptiste, de la morale de compassion du bouddhisme. Enfin, le christianisme, dans sa genèse et dans son développement, est tout imprégné de la culture grecque et de la philosophie issue de Platon.