Pour penser, nous avons besoin de catégories tout comme pour parler nous avons besoin de noms, de verbes, d'adjectifs et d'autres termes grammaticaux. Et pour penser la politique, nous avons besoin de catégories politiques. Encore faut-il qu'elles soient utiles, c'est-à-dire qu'elles aident à clarifier nos propos.
Or, à l'évidence, ce n'est plus avec les mots "droite" et "gauche" que nous pouvons rendre compte de la mutation radicale qu'a connue le champ politique ces deux dernières décennies.
Décryptant les programmes et la sociologie mais aussi les jeux de pouvoir, les réseaux et les affaires, David L'Epée, politologue suisse, nous montre où se trouvent aujourd'hui les lignes de fractures qui structurent le politique.
Pour penser, nous avons besoin de catégories tout comme pour parler nous avons besoin de noms, de verbes, d'adjectifs et d'autres termes grammaticaux. Et pour penser la politique, nous avons besoin de catégories politiques. Encore faut-il qu'elles soient utiles, c'est-à-dire qu'elles aident à clarifier nos propos.
Or, à l'évidence, ce n'est plus avec les mots "droite" et "gauche" que nous pouvons rendre compte de la mutation radicale qu'a connue le champ politique ces deux dernières décennies.
Décryptant les programmes et la sociologie mais aussi les jeux de pouvoir, les réseaux et les affaires, Denis Collin nous montre où se trouvent aujourd'hui les lignes de fractures qui structurent le politique.
La conquête est l’inverse de la résignation : elle est mouvement vers un ailleurs, désir d'élargissement de son propre territoire – géographique ou sentimental –, souvent aux dépens des autres, toujours pour accroitre sa propre puissance. Lorsqu'il est occasionnel, par exemple pour conquérir un droit, le conquérant d'un jour est tout entier à son but, il n'emprunte les habits de la conquête que temporairement, le temps d'obtenir gain de cause. Mais le conquérant, par définition, n'est jamais rassasié, il veut plus par principe. Or que devient la conquête lorsqu'elle n'a plus de but, lorsqu'elle n'est plus mouvement vers, mais mécanisme répétitif qui tourne à vide et ne retient de son dynamisme que l'aspect destructeur d'un étalement de soi, pays ou individu ?
Le texte de Benjamin Constant intitulé De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne, qui paraît en 1814 au moment de la première Restauration, est l'occasion de réfléchir à ces questions. Il y exprime là son opposition à Napoléon le conquérant, en pointant les contradictions et l'anachronisme de l'esprit de conquête à l'heure du libéralisme naissant.
Émission "Les Nouveaux Chemins De La Connaissance", animée par Adèle Van Reeth.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
Dans le domaine de la philosophie politique, la notion de conservatisme est sans doute l'une des plus difficiles à saisir. Le conservatisme relève-t-il d'une doctrine bien définie ou se manifeste-t-il surtout d'une manière réactive, face à des agressions ou à des menaces réelles ou supposées ? Est-ce plutôt un style, une allure, voire une morale ? Est-il synonyme d'immobilisme ? Est-il compatible avec le libéralisme économique ?
Pour en débattre de ces questions sont rassemblés, Paul-Marie Coûteaux, haut fonctionnaire, essayiste, directeur de la rédaction de la revue Le Nouveau Conservateur, Bérénice Levet, philosophe, auteur notamment du Crépuscule des idoles progressistes et Frédéric Rouvillois, professeur de droit public et co-directeur du Dictionnaire du conservatisme.
Émission "Les idées à l'endroit", animée par Rémi Soulié.
Philosophe française, Barbara Stiegler mène des recherches consacrées à la philosophie de la vie. Et c'est en tant que professeure qu'elle entend analyser, défendre et renouveler l'esprit de l'Université en ces temps de "démocratie sanitaire".
De la crise de la Bildung dans le contexte du capitalisme avancé à la situation actuelle en passant par le projet démocratique de l'Université française à la fin du 19e siècle et le sens de l'école dans le tournant pragmatiste, il s'agit de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l'espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties.
Le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de l'avenir du vivant.
Leçon inaugurale de la Chaire Francqui 2022-2023.
Parce qu'il a vécu dans l'Allemagne de la première moitié du XIXe siècle, pays pauvre et en retard, Friedrich List (1789-1846) a magistralement compris le dilemme des pays émergents. Soit ces pays imitent l'économie du pays dominant, acceptent le jeu du libre-échange et ils tombent dans une dépendance sans cesse accrue à l'égard du monde extérieur. Soit ils s'efforcent de se frayer une voie originale vers le développement en préservant leur souveraineté. Pour y parvenir, il est nécessaire que ces pays rompent avec la vulgate libre-échangiste et mondialiste en s'appuyant sur le rôle de l'Etat développeur et du protectionnisme éducateur.
Depuis un siècle et demi, tous les pays émergents comme l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon à la fin du XIXe et durant le XXe siècle, ont emprunté ce chemin, suivis ensuite par les pays du Sud-Est asiatique et, enfin, par la Chine aujourd'hui.
C'est en compagnie de Robert Steuckers que nous revenons sur la théorie du développement économique des nations de List pour traiter ensuite de l'influence ultérieure de sa pensée.
Enfin, et alors que nous vivons une période où le libre-échangisme reste l'un des dogmes de l'économie orthodoxe, il est légitime de s'interroger sur l'actualité de la pensée de List : nous dirigeons-nous vers une nouvelle ère de la démondialisation et du retour des nations ?
Émission "Quartier Libre", animée par Henry de Lesquen.
Partout, ça se rebiffait. Les années 1970, a-t-on dit à droite et à gauche, du côté de Samuel Huntington comme de Michel Foucault, ont été ébranlées par une gigantesque "crise de gouvernabilité".
Aux États-Unis, le phénomène inquiétait au plus haut point un monde des affaires confronté simultanément à des indisciplines ouvrières massives, à une prétendue "révolution managériale", à des mobilisations écologistes inédites, à l'essor de nouvelles régulations sociales et environnementales, et – racine de tous les maux – à une "crise de la démocratie" qui, rendant l'État ingouvernable, menaçait de tout emporter.
C'est à cette occasion que furent élaborés, amorçant un contre-mouvement dont nous ne sommes pas sortis, de nouveaux arts de gouverner dont Grégoire Chamayou retrace, par le récit des conflits qui furent à leurs sources, l'histoire philosophique.
On y apprend comment fut menée la guerre aux syndicats, imposé le "primat de la valeur actionnariale", conçu un contre-activisme d'entreprise ainsi qu'un management stratégique des "parties prenantes", imaginés, enfin, divers procédés invasifs de "détrônement de la politique".
Contrairement aux idées reçues, le néolibéralisme n'est pas animé d'une "phobie d'État" unilatérale. Les stratégies déployées pour conjurer cette crise convergent bien plutôt vers un libéralisme autoritaire où la libéralisation de la société suppose une verticalisation du pouvoir. Un "État fort" pour une "économie libre".