L'Homme n'a pas de rapport direct au réel. Il passe par un intermédiaire (langage, mathématiques, idée, concept, etc.) et vit dans un monde de symboles. Mais ce dernier est-il un brouillard obscurcissant sa vue ou un outil lui permettant de mieux appréhender le réel ?
La réponse nous est donnée par la pensée dialectique. Forgée depuis Platon et poussée à son paroxysme par Hegel et Marx, la pensée dialectique est l'outil conçu par les philosophes pour disséquer ce monde de symboles.
Tout comme le bois est la matière première du menuisier, le monde de symboles est la matière première du philosophe mais également, l'objet de convoitise du pouvoir politique. La manipulation des mots dans le débat politique et l'utilisation des mathématiques dans les sondages sont autant de façons de prendre le pouvoir sur le monde symbolique et donc sur les hommes.
Mohamed Ridal, au travers de multiples "clefs de lecture", nous aide à comprendre ce qu'est la pensée dialectique et comment elle nous aide à atteindre le réel. Ce au travers de l'étude d'oeuvres réputées ardues, principalement d'inspiration hégéliennes et marxistes, avec pour principe de donner des clefs de compréhension permettant de déverrouiller le texte.
Inégalités grandissantes, crise économique majeure, bruits de guerres… Depuis maintenant plusieurs mois, la France vit au rythme des grèves contre la réforme des retraites, grèves qui reçoivent une approbabtion massive au sein de la population. La France est-elle en période pré-révolutionnaire ?
C'est de l'actualité du mouvement social que le philosophe Denis Collin nous entretient, et de la possibilité de faire revivre une République qui ne soit plus stérilisée par des factions ou des idéologies.
Qu'ont donc en commun les plateformes logistiques d'Amazon, les émissions de Stéphane Plaza, les restaurants de kebabs, les villages de néo-ruraux dans la Drôme, l'univers des coaches et les boulangeries de rond-point ? Rien, bien sûr, sinon que chacune de ces réalités économiques, culturelles et sociales occupe le quotidien ou nourrit l'imaginaire d'un segment de la France contemporaine.
Or, nul atlas ne permet de se repérer dans cette France nouvelle où chacun ignore ce que fait l'autre. L'écart entre la réalité du pays et les représentations dont nous avons hérité est dès lors abyssal, et, près d'un demi-siècle après l'achèvement des Trente Glorieuses, nous continuons à parler de la France comme si elle venait d'en sortir.
Pourtant, depuis le milieu des années 1980, notre société s'est métamorphosée en profondeur, entrant pleinement dans l'univers des services, de la mobilité, de la consommation, de l'image et des loisirs.
Les classes populaires subissent un éloignement géographique, social, politique et culturela alors qu'ils sont pourtant la majorité. Ils sont aussi à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés. Ils sont les dépossédés.
Le géographe et essayiste Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
Émission "En toute vérité", animée par Alexandre Devecchio.
Oeuvrant depuis de nombreuses années dans le champ de l'anthropologie économique et sociale, Christophe Darmangeat applique avec profit la grille de lecture du matérialisme historique pour comprendre la question de la division sexuelle, de la violence et de l'exploitation du travail dans les sociétés pré-étatiques.
Il n'a cessé d'interroger la manière dont les sociétés traditionnelles s'organisent et ses conséquences directes en terme de domination, montrant par là tout l'intérêt d'une discipline comme l'anthropologie.
S'appuyant notamment sur les travaux de Ruwen Ogien et de Michel Clouscard, Romain Roszak intervient sur les questions d'éthique et de morale.
Conférence :
- 0'00'00 : Introduction de Loïc Chaigneau
- 0'05'15 : Introduction Romain Roszak
- 0'08'43 : Principes de l'éthique minimale d'Ogien
- 0'18'51 : Principes de l'éthique de la praxis
- 0'22'21 : Quel lien y a-t-il entre l'éthique et les rapports de production-consommation ? À propos de quoi l'éthique de la praxis s'oppose-t-elle à l'éthique minimale (et à l'ambiance morale dominante en général) ?
- 0'31'33 : Explicitation du rapport entre plaisir et exploitation. Pourquoi le minimalisme est intenable
- 0'42'10 : L'éthique de la praxis comme suppression et accomplissement de la morale (répressive ou émancipatrice)
Questions :
- 0'55'11 : Le Frivole et le Sérieux de Clouscard est-il idéaliste ?
- 1'06'29 : Quelle application individuelle de l'éthique de la Praxis ?
- 1'12'01 : Quel rapport entre l'éthique minimale et certaines activités amorales visant uniquement le gain ?
- 1'17'18 : La polarisation et la décadence morale de la bourgeoisie est-il annonciateur de sa fin proche ?
- 1'26'01 : Clouscard réalise t-il un retour marxiste à l'impératif catégorique kantien ?
- 1'33'32 : Clouscard met-il à jour le marxisme-léninisme ?
L'écrivain François Bégaudeau s'attaque, au travers de son oeuvre et plus particulièrement dans Histoire de ta bêtise, à la classe bourgeoise et sa pensée jugée "bête et détestable" même sous des habits devenus plus "acceptables".
Cette bourgeoisie, dans laquelle il semble aussi se ranger par moments pour mieux la critiquer, autorise en contre-point une réflexion sur notre époque, ses tensions et ses aspirations.
Une approche proprement littéraire où les paroles, les attitudes, ne sont souvent que l'illustration de réflexes de classe...
Émission du "Libre Journal des littératures", animée par Hector Burnouf.
Et si la principale fracture au sein de nos sociétés n'opposait pas le 1% des superriches aux 99% restants, mais les20 % des surdiplômés à tous les autres ?
Environ un jeune sur cinq sort du système scolaire avec un master ou un diplôme de "grande école". Faire partie de ces 20% est aujourd'hui la condition nécessaire pour maîtriser son avenir et intégrer les professions dans la lumière : le monde des start-up, des consultants conviés à penser le futur et, plus largement, celui des influenceurs culturels.
Jean-Laurent Cassely dresse le portrait de ces premiers de la classe et montrent que, loin de former un groupe homogène, ils se partagent entre tentation du pouvoir, confort et contestation du système.
Alors que les 20% se détachent du reste de la société, leurs prétentions à proposer un modèle de vie et à fixer un cap politique résisteront-elles à l'entre-soi social qui les caractérise ? Le changement peut-il avoir lieu sans le peuple ?
Un entretien mené par Kévin Boucaud-Victoire.