Alors directeur du "Centre de sociologie européenne" et directeur de la revue Actes de la recherche en sciences sociales, Pierre Bourdieu aborde ici des questions générales liées à la discipline sociologique et, plus précisément, les enseignements que l'on peut en tirer pour les problèmes liés à l'éducation.
Il revient notamment sur la définition, les fonctions et la place de la sociologie dans la société, analyse la responsabilité de l'école dans l'accès à l'éducation ainsi que l'accélération de la prise de conscience de l'inégalité des chances en matière d'éducation et la reconsidération de l'intelligence en tant que facteur de réussite sociale. Enfin, il revient sur la conception de l'individu et de l'action individuelle dans la sociologie moderne.
Émission "Ne quittez pas l’écoute", animée par Françoise Malletra.
Spécialiste de la Rome antique, longtemps professeur au Collège de France, auteur d'ouvrages majeurs, Paul Veyne est considéré comme l'un des historiens les plus érudits, les plus indépendants et les plus importants du XXe siècle.
En 1985, c'était à Bédoin, dans le Vaucluse, là où il vivait alors, que Paul Veyne et ses invités revenait sur son parcours et ses objets d'études, en évoquant ses enthousiasmes intellectuels et artistiques, ses amitiés, en particulier celle qu'il avait entretenue avec Michel Foucault, "l'une des deux ou trois personnes que j'aurais le plus aimé en ce monde".
L'occasion de revenir sur quelques éléments biographiques de cet immense historien de l'Antiquité qui, pourtant, minimise l'importance des idées en Histoire !
Dans leur livre L'illusion du bloc bourgeois, Stefano Palombarini et Bruno Amable citent L'Art de la guerre de Machiavel : "Celui-là est rarement vaincu, qui sait mesurer ses forces et celles de l'ennemi." À partir de cette prise de position "néoréaliste", essayons de mesurer la dynamique et l'histoire des forces de l'ennemi en dissipant les nuages du chaos apparent.
La crise que nous traversons semble, désormais, se réduire et se résumer dans la "décision" devenue presque arbitraire du président Macron. Elle semble atteindre une forme paroxystique. Voire extatique. Les stratagèmes électoraux du macronisme, devenus inopérants, font place à ce qu'il reste lorsque la stratégie semble morte : le pur pari – l'action votive – le coup de poker.
Ce qui est en jeu dans cette dissolution, c'est bien tout le paradoxe d'une victoire par deux fois d'un président dont le soutien est une base sociale minuscule, obligé d'essayer de se rallier non seulement le "bloc bourgeois", ni de droite ni de gauche, mais, à terme, le "bloc identitaire" - seul bloc "populaire" encore compatible avec le libéralisme autoritaire.
En bref : il y a, depuis 40 ans, une vaste crise d'hégémonie et de dominance sociale.
Le nom de Michel Freitag, en dehors de quelques cercles restreints, n'est guère connu. Pourtant, son œuvre, toujours en cours d'édition près de quinze ans après sa disparition (2009), est monumentale, tant par le volume physique des ouvrages que par l'envergure théorique qui s'y déploie.
Le philosophe Baptiste Rappin nous propose ici de découvrir un sociologue discret et marginal, pour ne pas dire méconnu ou ignoré : il est l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société.
Pour Julien Mattern, maître de conférence en sociologie, l'idée que la société occidentale était dans une forme d'extase progressiste jusque dans les années 1980 est une idée reconstruite. En effet, dès le XIXe siècle, les sociologues classiques constatent les effets néfastes du progrès tout en se résignant à l'embrasser.
Il illustre ce rapport paradoxal de la sociologie au progrès en revenant d'abord à la pensée d'Émile Durkheim : alors que ce sociologue français observe l'explosion du taux de suicides à son époque, il établit que le progrès est une loi de la nature qui s'impose aux hommes. Et si le présent semble si chaotique, c'est parce que le monde est en transition. C'est ensuite dans l'oeuvre de Georges Friedmann que l'on déplore la perte de contact avec la Nature, même s'il juge lui aussi qu'elle est inéducable.
Pour Julien Mattern, l'adhésion des classiques au mythe du progrès relève plutôt d'un pari : celui d'une transition la plus harmonieuse possible humanisant le progrès.
La petite bourgeoisie culturelle s'est fabriqué un destin collectif partagé entre des membres des classes populaires en ascension, grâce à l'école, et une fraction de la bourgeoisie en rupture avec le capital économique.
Le socialisme municipal des années 1970-1980 a libéré les initiatives locales, la vie associative, les pratiques artistiques ou sportives.
Elie Gueraut, sociologue, nous présente l'enquête qu'il a menée et qui montre comment cette effervescence collective retombe aujourd'hui faute de moyens et de soutiens politiques, participant au déclin des petites villes françaises.
C'est d'arbod des points de vue épistémoloique et méthodologique que Loïc Chaigneau se consacre à l'examen des reproches formulés par Michel Clouscard à l'encontre des sociologues Pierre Bourdieu (et Jean Baudrillard). Clouscard critique Bourdieu en raison du sociologisme de ce dernier, c'est-à-dire de l'importation d'une forme de néo-positivisme dans la compréhension du monde social.
L'approche de Bourdieu, quoique intéressante sur le plan relationnel, c'est-à-dire de la mise en relation d'éléments propres au monde social, pèche par son absence de fonctionnalité pratique et réelle. C'est l'approche anhistorique de la sociologie de Bourdieu qui lui fait en réalité très mal connaître la bourgeoisie qu'il prétend expliquer et critiquer.
Et si les sociétés humaines étaient structurées par quelques grandes propriétés de l'espèce et gouvernées par des lois générales ? Et si leurs trajectoires historiques pouvaient mieux se comprendre en les réinscrivant dans une longue histoire évolutive ?
En comparant les sociétés humaines à d'autres sociétés animales et en dégageant les propriétés centrales de l'espèce, parmi lesquelles figurent en bonne place la longue et totale dépendance de l'enfant humain à l'égard des adultes et la partition sexuée, ce sont quelques grandes énigmes anthropologiques qui se résolvent.
Le pari de Bernard Lahire est que seul un effort d'intégration des domaines du savoir aussi différents que la biologie évolutive, l'éthologie et l'écologie comportementale, la paléoanthropologie, la préhistoire, l'anthropologie, l'histoire et la sociologie, permet de comprendre la trajectoire des sociétés humaines par-delà leur diversité et d'augmenter la maîtrise qu'elles peuvent avoir de leur destin incertain.
Connaitre pour agir, bien sûr.