Le nom de Michel Freitag, en dehors de quelques cercles restreints, n'est guère connu. Pourtant, son œuvre, toujours en cours d'édition près de quinze ans après sa disparition (2009), est monumentale, tant par le volume physique des ouvrages que par l'envergure théorique qui s'y déploie.
Le philosophe Baptiste Rappin nous propose ici de découvrir un sociologue discret et marginal, pour ne pas dire méconnu ou ignoré : il est l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société.
La démocratie est un régime politique qui ne paraît plus contestable en Occident. Cependant, le système représentatif démocratique apparaît aujourd'hui en crise dans nos sociétés et notamment en France et dans le contexte de l'Europe.
Trois intervenant nous proposent leurs réflexions sur l'évolution de la démocratie telle qu'elle s'exerce aujourd'hui, entre société civile et institutions politiques :
1. L'effacement du politique : pouvoir informe et société victimaire, par Jean-Pierre Le Goff
2. La réinvention démocratique, par Patrick Savidan
3. Le multiculturalisme contre la diversité, par Alain-Gérard Slama
Un échange modéré par Jean-Michel Helvig.
La théorie critique de la société fait-elle face à la crise écologique comme à un défi qui l'oblige à se renouveler et à se transformer ? Poser la question en ces termes, c'est présumer que la théorie critique ne serait en réalité pas véritablement armée pour faire face au défi de la crise climatique et écologique, que son histoire et l'héritage qu'elle porte ne lui permettraient pas de l'affronter sans devoir subir un sévère aggiornamento. Ce jugement est aujourd'hui largement répandu, notamment au sein de l'éco-marxisme nord-américain.
Tout en reconnaissant que "l'une des contributions durables des théoriciens sociaux de l'École de Francfort, représentée en particulier par la Dialectique de la raison publiée en 1944 par Max Horkheimer et Theodor Adorno, a été le développement d'une critique philosophique de la domination de la nature", John Bellamy Foster et Brett Clark n'en estiment pas moins que, "lorsque le mouvement écologique a émergé dans les années 1960 et 1970, le marxisme occidental était, avec sa notion abstraite, philosophique de domination de la nature, mal équipé pour analyser les formes changeantes et de plus en plus périlleuses de l'interaction matérielle entre l'humanité et la nature".
Franck Fischbach se demande dans quelle mesure une telle critique de la catégorie de domination est fondée et dans quelle mesure aussi cela peut justifier de lui substituer la catégorie de "rupture métabolique". Est également posée la question de savoir si la liquidation de la catégorie de domination n'aurait pas le tort de s'accompagner de l'occultation d'un double lien auquel les théoriciens de Francfort accordaient à juste titre une importance considérable, à savoir d'une part le lien entre la domination de la nature et la domination sociale, et d'autre part (mais les deux sont inséparables) le lien entre raison et domination.
Une conférence organisée par le Centre d'études sur les médias, les technologies et l'internationalisation, dans le cadre du séminaire "Capitalisme Cognitif : communs, plateformes et crise écologique".
Spécialiste de l'opinion et directeur au sein de l'Institut IFOP, Jérôme Fourquet est l'un des plus fins politologues français. Connu du grand public pour son ouvrage à succès L'Archipel français, il revient avec un livre tout aussi important La France d'après aux éditions du seuil.
Dans cet échange, il revient en profondeur sur l'état des statistiques indiquant les bouleversements politique en France : l'impact du vote musulman, le recul du catholicisme, les ressorts du vote pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, mais également la résurgence des thématiques sécuritaires et migratoires dans l'opinion.
Un entretien dense et profond.
L'impératif généalogique est au fondement même de l'ordre social en ce qu'il demeure l'articulation grâce à laquelle une société civilise l'inconscient.
C'est cet acte de transmettre résidant au cœur du fonctionnement de la société que Pierre Legendre explicite ici.
Une conférence donnée au Touquet, en ouverture des VIIIe Assises du Conseil national de l'Action Éducative en Milieu Ouvert.
Comment le gauchisme culturel, d'emblème de la révolte soixante-huitarde, est-il devenu l’air du temps ? Quels ont été les effets de l'idéologie post-soixante-huitarde sur le tissu sociétal et éducatif ? L'adolescence est-elle devenue un nouveau type de comportement social et politique ? Sommes-nous parvenus à la fin d’un cycle historique ?
Autant de questions que Jean-Pierre Le Goff, sociologue et philosophe, auteur du récent Mes années folles. Révolte et nihilisme du peuple adolescent après Mai 68 et Romain Marsily, enseignant, abordent avec une bonne génération d'écart !
Un échange animé par Robert Kopp.
Surtout connu pour ses prises de positions polémiques, l'écrivain, réalisateur et éditeur Alain Soral n'en est pas moins un passionné et un pratiquant accompli de la boxe pieds-poings, plus spécifiquement de la boxe anglaise et de la savate.
Il revient dans ce long entretien sur le sport contemporain, ses évolutions récentes et ses contradictions qui permettent de comprendre, de manière plus générale, l'évolution de la société.
Qu'ont donc en commun les plateformes logistiques d'Amazon, les émissions de Stéphane Plaza, les restaurants de kebabs, les villages de néo-ruraux dans la Drôme, l'univers des coaches et les boulangeries de rond-point ? Rien, bien sûr, sinon que chacune de ces réalités économiques, culturelles et sociales occupe le quotidien ou nourrit l'imaginaire d'un segment de la France contemporaine.
Or, nul atlas ne permet de se repérer dans cette France nouvelle où chacun ignore ce que fait l'autre. L'écart entre la réalité du pays et les représentations dont nous avons hérité est dès lors abyssal, et, près d'un demi-siècle après l'achèvement des Trente Glorieuses, nous continuons à parler de la France comme si elle venait d'en sortir.
Pourtant, depuis le milieu des années 1980, notre société s'est métamorphosée en profondeur, entrant pleinement dans l'univers des services, de la mobilité, de la consommation, de l'image et des loisirs.