Si au commencement était le verbe, qu'en est-il aujourd'hui ? Là où étaient les mots, ce sont souvent des chiffres, des courbes, des diagrammes qui les remplacent. Les statistiques ne sont plus des indices de la réalité, mais ses plus sûrs garants. In numbers we trust.
On imagine volontiers que l'importance prise par les statistiques est une conséquence du développement scientifique : on se serait mis à traiter les affaires humaines avec les mêmes méthodes que celles en usage en mathématiques et dans les sciences de la nature. Mais historiquement, c'est l'inverse qui est vrai : c'est d'abord dans les affaires humaines que les statistiques ont pris leur essor - avant de devenir une méthode scientifique.
A quelles conjonctures, à quelles nécessités sociales a répondu l'explosion statistique ? Répondre à cette question, c'est se donner les moyens de comprendre ce qui donne aux nombres un tel empire sur nos vies ; et, aussi, ce qu'il conviendrait de faire pour limiter cet empire.
Un entretien pour la section suisse Unité Populaire, où les sujets suivants sont abordés :
- La société et son évolution depuis mai 68.
- Jacques Attali, membre du conseil culturel de l'EPFL.
- Notre société et la dépression.
- Qu'est devenu la jeunesse par rapport à celle des années 70 ?
- Une révolution ?
- Egalité & Réconciliation deviendra-t-il un parti politique ?
- Conseils à la jeunesse.
Le philosophe et essayiste Dany-Robert Dufour explique que nos sociétés ne sont pas individualistes, mais seulement égoïstes. Les individus, sous l'influence des innombrables injonctions de la publicité, cèdent égoïstement à leurs envies et à leurs pulsions.
Dany-Robert Dufour pointe du doigt la philosophie libérale : celle-ci trouve son origine au XVIIe siècle dans les idées de Bernard de Mandeville, reprises par Adam Smith, et résumées par l'aphorisme "Les vices privés concourent au bien public".
Cette idéologie conduit évidemment aux crises contemporaines -financières, écologiques, sociétales-. Pour nous sortir de cet inéluctabilité, nous devons développer notre individualisme, en d’autres termes notre discernement, notre maîtrise de soi et notre sens de la responsabilité, afin de redonner place aux autres systèmes d'échanges symbolique ou solidaire que l'économie fondée sur l'égoïsme individuel entend éliminer.
Le philosophe cite enfin la Grèce antique en exemple : on y apprenait aux jeunes gens à contrôler leurs pulsions afin que ceux-ci résistent à la croyance que tout est possible (l’hubris).
Le "malaise dans la société" est moins un point de départ de l’analyse sociologique qu’un problème à élaborer et à clarifier.
Alain Erhenberg propose de remplacer l’idée individualiste que la société cause des souffrances psychiques par l’idée sociologique que la souffrance psychique est aujourd’hui une forme d’expression obligatoire, c’est-àdire attendue, du mal social.
Cela le conduit à l’hypothèse qu’avec la santé mentale, on assiste à une généralisation de l’usage d’idiomes personnels pour donner forme et résoudre des conflits de relations sociales. Ces jeux de langage consistent à mettre en relation malheur personnel et relations sociales perturbées à l’aune de la souffrance psychique, unissant ainsi le mal individuel et le mal commun.
À partir de là, le conférencier développe l’hypothèse que, brouillée dans le malaise, se joue une crise de l’égalité à la française, c’est-à-dire d’une égalité conçue essentiellement dans les termes de la protection, et une protection en termes de statut, sur le modèle de la fonction publique, alors que l’égalité d’aujourd’hui, et donc la lutte contre les inégalités sociales, se joue dans les termes de la capacité.
Le polémiste Alain Soral accorde une interview exclusive à Médias-Presse-Info TV pour exposer les fondamentaux du nouveau parti politique qu’il vient de créer avec Dieudonné : "Réconciliation Nationale".
S'ensuit une session de questions/réponses, où les digressions d'Alain Soral en surprendront plus d'un...
Le journaliste et historien Jean Sévillia nous présente son dernier livre qui s'inscrit dans un travail qui prend à rebours les poncifs de l’époque : "Moralement correct" examine une société "fondée sur l’exaltation de l’individu où chacun a pris l’habitude de définir ses propres critères du bien et du mal."
Une leçon de courage et d'intelligence.