Sans débat, pas de démocratie, répète-t-on à l’envi. C'est encore plus vrai dans le monde des idées. La philosophie crève de ne plus débattre, sinon en vase clos. Tout le contraire de Renaud Camus et d’Olivier Rey. Quand l'auteur de La Dépossession rencontre celui d'Une question de taille, cela donne une rencontre au sommet.
Une rencontre qui se veut le début d'une réponse écologique à la fois radicale et enracinée à opposer à la technique sans âme et au marché sans loi qui nous dépossèdent du monde que nous aimons.
Un échange modéré par François Bousquet.
Le regain d'intérêt, en France ces dernières années, pour les écrivains très marqués à droite ou d'extrême-droite, à commencer par Maurras, est sans doute à rapprocher de l'immense succès de Michel Houellebecq, dont les romans déplorent un déclin des grandes autorités socio-culturelles du passé qui laisserait l'homme contemporain en mal de repères, livré sans remède à la dépression en contrepartie d'une liberté illusoire. Mais existe-t-il, au plan du style littéraire, une caractéristique commune et spécifique aux auteurs classables dans la catégorie "réactionnaires" ?
C'est la question sur laquelle se penche Vincent Berthelier dans un livre récemment paru aux éditions Amsterdam. Il y revient sur les liens entre classicisme et même purisme stylistique, ou au contraire inventivité des forme littéraires, d'un côté, et conservatisme ou fascisme. Le cas Renaud Camus, par exemple, paraît confirmer le lien entre passéismes stylistique et politique fixé par le modèle de Maurras, puisque Camus abandonne l'inventivité littéraire qui avait jusque caractérisé son oeuvre au moment où il s'engage dans son combat d'extrême droite. Le seul cas où la radicalité politique réactionnaire et la radicalité stylistique vont vraiment de pair est sans doute celui de Louis-Ferdinand Céline. Ce qui n'empêche pas Vincent Berthelier de proposer une très stimulante plongée dans l'histoire stylistique et politique de la littérature des XXe et XXIe siècle, où l'on croise entre autres Georges Bernanos, Marcel Jouhandeau, Marcel Aymé ou encore Cioran et Richard Millet.
Émission "On s'autorise à penser", animée par Julien Théry.
Renaud Camus, qu'on n'entend plus et ne voit plus nulle part a forgé une expression qu'on entend tout le temps et partout : le grand remplacement. Certaines personnalités qui ont pignon sur rue la reprennent à leur compte, d'autres en contestent la pertinence. D'autres encore en font un drapeau. Bref Renaud Camus n'a plus de voix au chapitre et il est sur toutes les lèves.
C'est donc en lui donnant la parole que l'anomalie de cette absence omniprésente doit prendre fin. Lui est opposé le démographe Hervé Le Bras dont les deux derniers livres sont des réponses cinglantes et argumentées aux thèses du premier.
Le temps de l'explication est donc venu : qu'est ce que le grand remplacement ?
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
La littérature, la vraie, se doit d'engager une "lutte à mort" avec le mode d'exister savant et technicien qui domine notre monde. Il apparaît dès lors normal que ce mode d'exister implique différentes formes de censure envers cette forme d'expression qui revendique sa liberté.
Qu'en est-il alors de ces écrivains qui subissent les censures ou, plus simplement, les avanies d'un système calibré pour produire une littérature politiquement correcte ?
Émission du "Libre Journal des littératures", animée par Jérôme Besnard.
Un an après la mort de Philippe Muray, une émission est consacrée a celui qui prenait un malin plaisir à dénoncer les platitudes de notre modernité, ainsi que les précieuses ridicules qui l'incarnaient jusqu'à la caricature.
Un dernier voyage en compagnie de celui qui nous manquera pour nous moquer de ceux que nous sommes devenus.
Amis du Désastre et Niveau-montistes sont formels : la culture s'est répandue dans toutes les couches de la population. Renaud Camus soutient le contraire.
Si la culture s'est répandue, selon lui, c'est comme le lait de Perette : plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance. L'université fait le travail des lycées, les lycées celui des écoles primaires, les classes maternelles celui que les parents ne font pas, ayant eux-mêmes été élevés par l'école de masse, qui a formé la plupart des nouveaux enseignants. Arte, France Culture ou France Musique se consacrent aux tâches jadis dévolues aux chaînes généralistes, celles-ci imitent les postes et stations de divertissement.
Tout a baissé d'un cran. C'est la grande déculturation. Le paradoxe est que l'objectif quantitatif, qui est au cœur de l'ambition démocratique en sa transposition culturelle, fait partout le lit de l'argent, par le biais de la publicité, des taux d'audience et des lois du marché.
Le constat est-il partagé ? Et ce phènomène est-il irréversible ?