La température, le chômage, l'abstention, l'extrême-droite, le racisme… Quel point commun entre ces phénomènes ? Tous montent ! Est-ce à dire que la démocratie est en voie de disparition ? Engloutie par les océans, la peste brune et la gélatine financière ? Ou bien est-il encore possible de faire machine arrière ? D'empêcher ces désastres ?
D'ordinaire, les sociologues rechignent à parler de l'avenir. Ils préfèrent s'en tenir au présent, qu'ils peuvent tâter, inspecter, observer, questionner, arpenter, selon des méthodes qui ont maintes fois fait leur preuve. Sus aux prédictions et aux prospectives. Le sociologue n'est pas un prophète !
Certes. Mais à partir des tendances à l'œuvre aujourd'hui, on peut extrapoler des scénarios pour demain. C’est l'avis du professeur de sciences politiques Yves Sintomer, dont le diagnostic est aussi limpide qu'éclairant : nous entrons dans l'ère de la post-démocratie. Autrement dit, les régimes démocratiques conservent leur façade (élections régulières, compétition des partis, séparation des pouvoirs) tout en se vidant de leur contenu.
Est-ce à dire que nous entrons dans une sombre époque ? Que la démocratie est finie ? Que les seuls conflits opposent désormais néoracistes et néolibéraux, extrême-droite et droite extrême, intégrisme religieux et intégrisme de la laïcité ?
Émission "Aux Sources", animée par Manuel Cervera-Marzal.
Dans ses derniers travaux, la sociologue franco-israélienne Eva Illouz débusque et démonte les ressorts qui, dans nos démocraties, nourrissent le récit des courants populistes. Elle en relève quatre : la peur, le dégoût, le ressentiment et l'amour de la patrie.
Démonstration de la mécanique à l'oeuvre.
Un entretien mené par Raphael Dupin.
"Je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL" avait déclaré Michel Onfray en 2015. Mais qui est vraiment Alain de Benoist ?
Philosophe, penseur de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist a écrit plus d'une centaine d'essais sur la métapolitique et l'histoire des idées. Son dernier ouvrage s'intitule L'Exil intérieur, carnets intimes paru récemment chez Krisis Editions. Un essai qui témoigne de la forte évolution intellectuelle et politique d'un jeune militant d'extrême-droite dans les années 60 passsé au populisme actuel, invoquant ainsi Proudhon et Orwell.
Les classes populaires subissent un éloignement géographique, social, politique et culturela alors qu'ils sont pourtant la majorité. Ils sont aussi à l'origine de toutes les contestations actuelles, qui ne ressemblent à aucun des mouvements sociaux des siècles passés. Ils sont les dépossédés.
Le géographe et essayiste Christophe Guilluy montre comment les classes populaires répondent magistralement à leur disparition programmée, en imposant une alternative à un modèle condamné.
Émission "En toute vérité", animée par Alexandre Devecchio.
Les systèmes politiques modernes sont à peu près tous fondés sur la souveraineté populaire. Ce souverain intimide, enthousiasme ou effraie. Sauf qu'il n'est peut-être pas celui qu'on croit.
Plusieurs textes de Pascal Ory -dont quatre livres- viennent d'être rassemblés dans un volume, textes qui présentent tous un caractère d'étude historique où les thèmes du populisme, de l'anarchisme de droite, et certaines conjonctures radicales, comme le fascisme ou la Collaboration, sont analysées en détail.
Retour, en sa compagnie, sur les séquences modernes dans lesquelles le Peuple et la souveraineté qu'il exerce basculent du côté autoritaire, jusqu'à l'amour de la dictature, du côté identitaire, jusqu'à la xénophobie.
La réflexion sur la modernité semble indissociable d'une méditation sur ses limites. C'est probablement pourquoi on parle si souvent d'un malaise dans la modernité. Le conservatisme exprime philosophiquement ce malaise. Aujourd'hui, il tend à se radicaliser et se traduit peut-être même politiquement avec ce qu'on appelle plus ou moins confusément le populisme.
Retour sur ce "malaise dans la modernité" avec la philosophe Chantal Delsol.
Émission "Les idées mènent le monde", animée par Mathieu Bock-Côté.
S'appuyant sur l'étude des structures familiales, le démographe Emmanuel Todd développe la thèse selon laquelle ces structures sont un déterminant essentiel des systèmes religieux ou politiques.
Il intervient régulièrement dans les débats qui agitent la vie politique française pour dénoncer le fossé qui sépare désormais les élites "post-démocratiques" des classes moyennes et populaires, préconisant le protectionnisme pour combattre la montée des inégalités et la pression que la mondialisation exerce sur les économies européennes.
Il est ici question du néolibéralisme sur le terrain qui, dès ses origines, fut le sien : le choix de la guerre civile en vue de réaliser le projet d'une pure société de marché. Une guerre de domination polymorphe qui sait parfois se doter des moyens de la coercition militaire et policière, mais qui se confond souvent avec l'exercice du pouvoir gouvernemental et qui se mène dans et par les institutions de l'État.
De Hayek à Thatcher et Pinochet, de Mises à Trump et Bolsonaro et de Lippmann à Biden et Macron, le néolibéralisme a pris et prend des formes diverses selon ce que commandent les circonstances. Et ce qui apparaît, dans cette perspective stratégique, c’est l'histoire d'une logique dogmatique implacable qui ne regarde pas aux moyens employés pour affaiblir et, si possible, écraser ses ennemis...