Pour l'historien de l'art Wolfgang Schöne, l'histoire des images de Dieu en Occident fut marquée par une phase de visibilisation croissante, culminant dans la seconde moitié du XVe siècle, suivie d'une phase de visibilisation décroissante, reconduisant à l'invisible. À travers le mystère de l'Incarnation, Dieu se donnait toujours plus à voir dans la forme humaine ; mais quand la forme humaine devint la véritable référence – comme c'est le cas au plafond de la Sixtine, peint par Michel-Ange au début du XVIe siècle –, celle-ci devint également inapte à figurer Dieu.
Peinte au milieu du XVe siècle, la Pietà d'Avignon, d'Enguerrand Quarton, se situe à peu près au point culminant de la visibilité divine. Appartenant encore à l'ère de l'image, mais précédant de très peu l'ère de l'art, cette œuvre nous donne la possibilité d'apprécier, à partir d'elle, l'ensemble de la trajectoire.
L’art, nous savons tous ce que c’est, et nous avons l'impression qu'il a toujours existé tel que nous l?entendons. Pourtant, c'est loin d'être le cas.
Cette série d'interventions nous permet de parcourir l'histoire du concept d'art, dans une volonté de assumée de vulgarisation portant sur l'art et les théories esthétiques. Elle a pour but d'interroger nos idées reçues et nos lieux communs sur le sujet, car ils sont nombreux...
Savions-nous que les débuts du communisme en URSS ont donné lieu à une véritable révolution artistique ? Car si en 1917, la révolution d'Octobre fait naître l'espoir d'une société nouvelle, celui-ci fut rapidement contrarié par l'exercice réel du pouvoir et l'arrivée de Staline, quelques années plus tard, à la tête du parti.
Les œuvres de Rodtchenko, Malevitch ou encore Klutsis relatent les tensions, les innovations plastiques et les contraintes idéologiques de cette époque...
Émission "Les histoires de l'art", animée par Marie-Thérèse Hablot.
Écrivain, peintre et critique d'art, Pierre Lamalattie nous partage ses réflexions originales sur l'état des arts plastiques aujourd'hui en France.
Bien qu'ayant appris très tôt les bases de la peinture à l'huile, il entreprend pourtant des études d'agronomie - en compagnie de Michel Houellebecq. S'ensuivront plusieurs voyages et rencontres où son goût pour l'art pictural s'intensifie et il décide, en 1995, après avoir travaillé comme médiateur social et enseigné quelques années la gestion des ressources humaines, de se consacrer uniquement à la peinture.
Son travail, résolument figuratif et férocement ironique, propose notamment une réflexion sur la vie contemporaine au travail.
Émission "Libre journal de la nouvelle droite", animée par Thomas Hennetier.
Les lieux communs ont la vie dure. Ainsi cette idée d'un Moyen Age dualiste, qui aurait instauré une guerre entre le corps et l'âme : d'un côté, un corps coupable, source du péché, de l'autre, une âme pure tournée vers Dieu.
Réfutant cette construction, Jérôme Baschet montre plus subtilement que le Moyen Age chrétien a développé une pensée positive du lien entre l'âme et le corps, soucieuse de valoriser l'unité psychosomatique de la personne.
Ce modèle a permis de penser non seulement l'être humain mais aussi l'ordre social dont l'Eglise est alors l'institution dominante.
Jérôme Baschet dépasse les limites habituelles du Moyen Age en prolongeant l'analyse jusqu'au moment où, avec Descartes et Locke, s'impose une conception radicalement nouvelle de la personne, identifiée à la conscience, qui ne doit son activité à rien d'autre qu'à elle-même.
En montrant enfin les différentes perceptions de la personne dans d'autres cultures - de la Chine impériale aux sociétés amérindiennes en passant par l'Afrique ou la Nouvelle-Guinée - Jérôme Baschet nous offre un voyage comparatiste indispensable pour évaluer la singularité des conceptions occidentales de l'humain et mettre à distance l'idée moderne du moi.
Émission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.
Le grand historien des couleurs et des symboles Michel Pastoureau, dans le cadre de l'exposition Manguin, la volupté de la couleur dédiée à cet artiste précurseur, pilier du mouvement des Fauves et coloriste enthousiasmé par le monde méditerranéen, nous livre une réflexion autour de la signification, de l'usage et des évolutions de la couleur dans l'art pictural, des premiers élans de l'Impressionnisme aux premiers obus de la Grande Guerre.
Passionnant comme à son habitude, il nous explique comment l'invention de la couleur en tube à bouleversé lʹunivers de la peinture, en permettant aux artistes de sortir de lʹatelier pour peindre "sur le motif". La palette du peintre sʹen trouve également modifiée pour sʹouvrir à la lumière, à cette "touche" qui rendra célèbre les impressionnistes et leurs contemporains.
Jean-Louis Harouel nous présente une réflexion puissante sur les causes de la modernité artistique, mettant en évidence le caractère culturellement négatif à la fois de certains effets de la technique moderne et d'une partie non négligeable des processus idéologiques et sociaux à l'œuvre dans les sociétés égalitaires à haut niveau de vie de la seconde moitié du XXè siècle.
Soit, à partir de la culture, de l'art, de leurs vicissitudes présentes et de leur problématique avenir, une "lecture" lucide de nos démocraties techniciennes, égalitaristes et médiatiques, dans lesquelles les "mauvais coups" contre la culture se perpètrent bien souvent au nom du culturel, par une exploitation délibérée de l'actuelle polysémie du terme de culture.
Jean-Louis Harouel, pourtant, ne se résigne pas à renoncer à l'espoir d'une réconciliation de nos sociétés avec l'art et la vraie culture, leur permettant d'y retrouver leur âme.
Nous vivons le temps des images, et c’est accroître ses plaisirs que de s'en donner l'intelligence. Les grands érudits et amateurs d'art que sont Jean Clair et Régis Debray nous relatent comment ils ont eux-même appris à ouvrir les yeux, dans les grottes ornées comme dans nos salles de musée, et partagent leur joyeuse idolâtrie.
Car ces images fixes que l'on peut dater par leur style ou leur technique sont des énigme du temps immobile : elles nous demeurent étonnamment contemporaines.
C'est à ce voyage à la fois dans et hors du temps que nous convient Jean Clair et Régis Debray, mais aussi à une réflexion profonde sur l'état actuelle de la production artistique.