Depuis la nuit des temps, l'appréhension de la condition humaine et de la limite qui s'en déduit s'est transmise via la fonction du père dans la famille. La fin du patriarcat, l'évolution de la techno-science et ce qu'elle a rendu possible, le vœu de davantage de démocratie, la révolution des femmes..., tout cela a convergé vers la reconnaissance comme obsolète de ladite fonction.
Mais sans père, comment encore faire entendre qu'il s'agit pour chaque être humain d'intégrer ce que parler implique ? C'est ce point crucial de la structure de l'humain qui a été laissé à l'abandon par notre évolution depuis les quarante dernières années et qui a des effets délétères que nous ne pouvons pas continuer de dénier.
L'avènement de "l'individu total", de celui qui ne doit rien à la société mais peut en revanche tout exiger d'elle, construit une société de "l'immonde", caractérisée par la disparition de la limite reconnue collectivement. Le fait de nous être libérés à juste titre des carcans du patriarcat et du religieux nous a laissés croire que nous n'avions plus à nous soucier de la construction de la réalité psychique, que nous serions d'emblée des êtres libres et autonomes. Notre fascination pour les progrès scientifiques et technologiques nous a rendu sourds et aveugles à ce qui fait notre humaine condition.
Pourtant, nous sommes et restons des êtres de langage - des parlêtres - forcément dépendants des premiers autres, souvent les parents, et de la société dans laquelle nous vivons, et à partir desquels nous nous construisons comme sujets, et non comme des individus autonomes, voire autoengendrés.
Jean-Pierre Lebrun analyse les conséquences - sur la vie psychique, la vie politique, la clinique, l'éducation - de cet individualisme exacerbé qui a déconnecté le citoyen de son implication dans le lien social. Il montre la place que les psychanalystes ont aujourd'hui encore à tenir, alors que le risque d'une aliénation sociétale, qui se méconnaît elle-même, est sans précédent dans l'Histoire.
On a l'habitude d'assimiler, de manière un peu rituelle, la philosophie à l'amour de la sagesse. Elle permettrait de méditer sur le monde, de l'éclairer, de mieux le comprendre. Nul ne contestera que ce soit souvent le cas. Mais qu'arrive-t-il lorsque la philosophie devient folle ?
C'est la question posée par Jean-François Braunstein dans son livre Quand la philosophie devient folle (Grasset, 2018). Il se questionne sur les élucubrations de la théorie du genre, sur l'antihumanisme qui accompagne trop souvent la cause animaliste et sur le nouveau rapport à la mort qui s'impose dans notre société.
Une contribution fondamentale pour mieux comprendre certaines dérives actuelles de la philosophie.
Émission "Les idées mènent le monde", animée par Mathieu Bock-Côté.
Trois débats obsèdent la scène publique "progressiste", autour du genre, des droits de l'animal et de l'euthanasie. Et lorsqu'on lit certains des textes qui en donnent le la, on découvre derrière les bons sentiments affichés des horizons absurdes, sinon abjects.
Si le "genre" n'est pas lié au sexe, pourquoi ne pas en changer tous les matins ? Si le corps est à la disposition de notre conscience, pourquoi ne pas le modifier à l'infini ? S'il n'y a pas de différence entre les animaux et les humains, pourquoi ne pas faire des expériences scientifiques sur les comateux ? S'il est des vies dignes d'être vécues et d'autres qui ne le seraient pas, pourquoi ne pas liquider les "infirmes", y compris les enfants "défectueux" ? Pourquoi ne pas collectiviser les organes des quasi-morts au profit d'humains plus en forme ?
Tels sont quelques énoncés qui s'installent dans le discours contemporain de l' "émancipation". Il s'agit d'y prétendre abolir les "limites", toutes les limites. Alors qu'il convient au contraire de penser pour la vie, les limites qui nous constituent.
Olivier Rey, c’est le Little Big Man de l'écologie bien comprise. Philosophe, mathématicien, romancier à hauteur d'homme.
Avec lui, l'écologie retourne dans la maison du père : la tradition, la conservation, le conservatisme, la bonne mesure — lui le penseur de la démesure inhumaine de nos sociétés.
Ses livres sont des antidotes. Les lire, c'est retrouver ce qu'il y avait de bon hier, sans renoncer à ce qu'il y a de bon aujourd'hui ni à ce que l'on pourrait faire mieux demain.
Un autre monde est en train de naître devant nos veux. Un autre esprit, dans nos façons de penser, d'espérer et d'avoir peur. L'angoisse écologique n'annonce rien moins, pour notre civilisation, qu'un changement d'englobant. Ce fut l'Histoire, ce sera la Nature...
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
De quoi parle-t-on quand on utilise le mot "écologie" ? Comment l'écologie se situe-t-elle face au clivage droite/gauche ? Qu'est-ce que l'anthropocène ? Quelle place accorder à la question de la surpopulation ou à celle de la beauté du monde ? Bioéthique et écologie, même combat ? En quoi la question des limites est-elle essentielle ? Quel rapport entre l'Homme et la Technique ?
Professeur agrégé d'histoire, chroniqueur au magazine Eléments et militant de longue date au sein de la mouvance écologiste, Fabien Niezgoda vient répondre à ces questions plus actuelles que jamais, qui engagent notre avenir à tous.
Grâce aux progrès scientifiques et technologiques, le transhumanisme œuvre à améliorer l'homme par son hybridation avec les machines et défend le bouleversement de notre condition biologique, au nom même de l'accomplissement de l'humanité.
Quelles sont donc exactement les raisons de se méfier d'un tel projet ? On peut s'inquiéter des conditions démocratiques de sa réalisation, mais également de son sens lui-même. S’agit-il alors de lui reprocher d'occulter la dimension normative de la nature ou plutôt de trahir la liberté qu'il promet ?