Un chiasme curieux caractérise notre société libérale et technologique : d’un côté nous transformons radicalement la nature quand de l’autre nous proclamons l’impossibilité de modifier la société. Le libéralisme combine une acceptation supposément réaliste des buts humains et de l’organisation sociale tels qu’ils sont, avec un projet utopique de maîtrise et de transformation du monde.
Lorsqu’en 1992, au Sommet de la terre de Rio, George Bush père déclarait : "le mode de vie américain n’est pas négociable", cela impliquait que la nature et sa préservation l’étaient.
Comment ce chiasme destructeur s’est-il établi à partir de la fin du XVIIIe ? "Le siècle du progrès" n’a jamais été simplement technophile. L’histoire du risque technologique qu’il présente n’est pas l’histoire d’une prise de conscience, mais l’histoire de la production scientifique et politique d’une certaine inconscience modernisatrice.
Depuis vingt ans sont apparus des mouvements contestataires agissant au nom de l’éthique : altermondialisme, écologie, défense des droits des animaux. S’ils s’expriment majoritairement à travers des actions légales, ils ont cependant donné naissance à des groupes radicaux partisans d’attaques violentes et à des groupuscules terroristes n’hésitant pas à recourir à des actions "armées". Ce phénomène porte un nom : écoterrorisme.
Depuis le début des années 1990, les Black Blocs livrent une véritable guérilla urbaine aux forces de l’ordre et le Front de libération des animaux ou le Front de la libération de la terre multiplient les actes criminels – sabotages, attentats ou meurtres –, ciblant les entreprises et le "pouvoir de l’argent". Ils figurent aujourd’hui, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, sur la liste noire des organisations terroristes au même titre que Daech et Al-Qaïda.
La France est encore peu touchée mais tout laisse craindre que se développent dans un avenir proche des campagnes violentes dans l’Hexagone. Les événements de Sivens, Roybon et Notre-Dame-des-Landes en sont les signes annonciateurs.
La plupart des commentateurs de l'époque s'accordent à voir dans le capitalisme libéral mondialisé un système en faillite. Chute de la croissance, chômage de masse, dettes publiques au plus haut, effondrement des acquis sociaux… Les discours déclinistes d'hier sont devenus le triste constat de la réalité des temps présents.
Pourtant, si tous les spécialistes déplorent à l'unisson l'actuel échec du libéralisme économique, beaucoup de nos contemporains demeurent encore peu éclairés sur le rôle du libéralisme culturel dans l'essor et le développement des sociétés capitalistes. La mutilation du lien social, la culture du narcissisme, le règne médiatique du clash ou encore le triomphe de l'individu-roi : autant de phénomènes qui, sans même que l'on s'en aperçoive, soutiennent et dynamisent au quotidien l'irrésistible déploiement de la logique libérale dans nos états occidentaux modernes.
Ancien militant d'extrême gauche, Charles Robin revient sur son parcours pour montrer comment le libéralisme culturel célébré par la gauche, de la Révolution française à Mai 68, de Montesquieu et Voltaire à Skyrock et aux Femen, a participé à faire consentir les peuples à la tyrannie du capital et à l'aliénation de leurs consciences au pouvoir de la marchandise. En philosophe, mais dans un langage accessible au plus grand nombre, il nous encourage à nous affranchir des étiquettes.
La condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. Jusqu'ici cette séparation entre les hommes provenait de la langue, des mœurs, des lois et des cultures, et se traduisait par le phénomène universel de la frontière : on traçait des séparations matérielles entre «nous» et les «autres». Il s'agissait d'une séparation géographique, matérielle, et horizontale.
Depuis une trentaine d'années, on assiste à un phénomène nouveau, une forme de transgression qui se traduit par le "tout est possible" ou "le monde est à nous". Tout cela est en train de faire naitre une nouvelle séparation qui bouleverse radicalement tout ce qui faisait société.
Cet espoir un peu fou, c'est le transhumanisme : il propose de s'affranchir totalement de la condition humaine et veut en finir avec toutes les limites, toutes les déterminations de la nature.
Cette idéologie des "trans" vise à construire un homme hors-sol, délié de toute origine, et déterminé uniquement par sa propre volonté. C'est le retour du mythe de l'homme nouveau appuyé sur un délire scientiste qui voudrait que chacun soit à lui-même son petit Dieu autocréateur, pur produit de son désir, de ses intérêts ou de sa volonté propre.
C'est cela, la "grande séparation" : la fabrique d'un homme sans origines, sans liens et sans foi, mais qui a chaque instant se choisit lui-même et choisit qui il est.
Enquête sur le totalitarisme de demain.
À l'occasion de la sortie du premier numéro de la revue Limite, plusieurs collaborateurs et intellectuels abordent les grandes problèmatiques d' "écologie intégrale".
Face à la démesure contemporaine, c'est un esprit de sobriété qui est défendu, fondé sur le sens des équilibres et le respect des limites.
Une revue à découvrir.
Émission du "Libre Journal des enjeux actuels", animée par Arnaud Guyot-Jeannin.
Pour évoquer la transgression des limites, que ce soit par les visées des idéologues du transhumanisme, les thuriféraires du progrès ou les agents du capitalisme destructeur, Alain de Benoist reçoit deux invités dans ce nouveau numéro de l'émission "Les idées à l’endroit" : Paul Piccareta, rédacteur en chef de la revue d’écologie intégrale Limite et le philosophe et mathématicien Olivier Rey.
Une émission profonde, exigeante et passionnante.
Nous sommes entrés dans "l’Anthropocène", nous serions collectivement, en tant qu’espèce humaine, responsables du dérèglement climatique, d’une extinction massive des espèces, d’une déforestation tropicale et d’une destruction des environnements sans précédents, d’une pollution et d’une érosion historiquement inédites.
Peut-on vraiment incriminer un Anthropos indifférencié, une espèce complète, et en appeler à un "bon Anthropocène" techno-scientifique et à un capitalisme "vert" ?
Et s’il s’agissait plutôt, comme l’affirment Andreas Malm, Jason Moore, John Bellamy Foster et des auteurs issus du courant dit de "critique de la valeur", d’un Capitalocène, d’une dynamique socio-historiquement spécifique aux conséquences écologiques également spécifiques, celle du capitalisme, et appelant donc à une sortie conjointe de "l’Anthropocène" et du capitalisme ?
C’est cette hypothèse que développent Anselm Jappe et Armel Campagne.
Philipe Pascot, qui fut conseiller régional (PRG) et maire-adjoint à Evry, est désormais un citoyen engagé. Il est actif dans la lutte contre l'exploration et l'extraction du gaz de schiste en France, et tente d'en révéler les "enjeux cachés", notamment environnementaux.
Le présentation d'un documentaire sur le sujet, suivie d'un débat, permet de mettre en lumière les techniques de "green washing" employées par les industriels de l'énergie, destinées à retourner l'opinion public.
Il est urgent de s'informer et de comprendre les enjeux d'une industrie qui, une fois mise en place, pourrait grandement altérer la qualité de vie de millions de français.