Si le droit à l'avortement est aujourd'hui menacé aux Etats-Unis, alors que la question ne fait plus vraiment débat en France, c'est l'inverse qui se produit pour la GPA. Elle suscite peu d'oppositions outre-Atlantique, au nom du libéralisme.
Là ou elle est toujours interdite dans l'Hexagone, la gestation pour autrui peut elle être un travail comme les autres ? Peut on rémunérer le temps, la fatigue et les risques de la grossesse ? Et comment les quantifier ?
Des questions qui s'inscrivent dans une réflexion plus générale sur l'économie de l'utérus, où le corps des femmes est pris en otage par le marché mondialisé de la GPA, requisitionné par le baby business, sommé de répondre aux injonctions à l'altruisme et offert aux nouvelles valoriations de la bioéconomie...
Émission "Entendez-vous l'éco ?", animée par Tiphaine de Rocquigny.
Avec Nietzsche s'inaugure une philosophie nouvelle, centrée dorénavant sur le corps et la vie, qui appelle une nouvelle histoire de la philosophie. En parcourant les grandes étapes de cette histoire, Barbara Stiegler introduit le lecteur aux philosophies de Descartes, Kant, Schopenhauer, Hegel et Marx, ainsi qu'à quelques grandes figures de la philosophie contemporaine, proches ou héritières de cette nouvelle philosophie de la vie.
Parce que le fil conducteur de cette nouvelle histoire suit la réalité concrète du corps et de la vie, son travail est aussi une introduction à l'histoire de la biologie, de la physiologie à la théorie de l'évolution, et jusqu'aux débats les plus brûlants de la biologie et des sciences médicales contemporaines.
À la lumière de ce parcours, la philosophie de Nietzsche ne peut plus apparaître comme une météorite solitaire et fulgurante. Elle se situe bien plutôt au beau milieu d'un tournant : celui à partir duquel, sur fond de fin de la métaphysique et de crise des savoirs, le gouvernement de la vie et des vivants doit devenir l'affaire de tous, nous obligeant à repenser de fond en comble les notions de "réalité" et de "vérité" en même temps que la valeur des énoncés produits par la science.
Les périodes de transformation, d'effondrement et de crises du niveau de celles que nous vivons sont exceptionnelles. Nous n'assistons pas seulement à une crise économique ou sociale mais à une rupture civilisationelle, anthropologique, démographique, d'une rapidité et d'une portée inouïe.
Pour comprendre notre époque et anticiper un avenir qui verra revenir des stress archaïques pour les territoires, les ressources et la reproduction, il faut faire l'équivalent d'une anamnèse, un recour à la mémoire. Pour rester vivant, comprendre notre monde et ce qui nous le rend invivable ou anxiogène, dangereux ou absurde, la nature et l'histoire sont des outils utiles.
Laurent Ozon cherche à éclairer notre époque à partir de l'histoire et des sciences du vivant de façon profonde et amusante, surprenante et très concrète.
À l'heure des foules hypnotisées et malades, et du retour des totalitarisme stimulés par la technologie et la génétique, il s'agit de se donner les moyens d'un regard réaliste et éveillé, sans y perdre son sens de l'humour et nos capacités d'émerveillement.
Rester vivant et pour cela comprendre la façon dont le monde vivant gère ses crises, ses stress vitaux, comprendre un peu mieux les sociétés humaines parfois si désespérantes et les forces qui détruisent le monde.
Il est temps de rendre possibles les coopérations sous stress maximal qui permettront de voir un nouveau jour se lever.
Père scientifique d'Amandine, le premier bébé-éprouvette français né en 1982, le biologiste Jacques Testart n'a cessé depuis lors de dénoncer les risques d'eugénisme de la procréation médicalement assistée (PMA).
Les règles de bioéthique diront-elles ce que sont les choix licites en les opposant aux choix de confort ? Les demandes seront sans fin et presque toujours soutenues par une angoisse authentique que la possibilité technique stimulera.
Préserver notre espèce d'un eugénisme de masse exigerait alors que chacun comprenne l'énorme part d'illusions qu'apporte aussi l'innovation et que des interdits collectifs soient acceptés au niveau international.
Si la bioéthique sert à quelque chose, ce serait à empêcher que la puissance technique justifie le refus de toute limite.
Les nouvelles thématiques de lutte contre le racisme renouvellent l'approche du concept de race. On a ainsi pu parler d'un racialisme antiraciste. Ce renouvellement, et le nouveau vocabulaire qui l'accompagne, est à l'origine de nombreuses polémiques dont il conviendra d'examiner quelques-uns des enjeux.
Nous verrons notamment que dans sa volonté de disqualifier l'antiracisme "moral" pour lui opposer un antiracisme "politique", il prend le risque d'essentialiser des catégories que la démarche antiraciste est supposée déconstruire. Mais il manifeste également une précieuse façon de donner à entendre la parole des victimes, et il oblige à un effort définitionnel du concept de racisme.
Aussi, à condition d'éviter les impasses d'une stricte épistémologie du point de vue, peut-il servir à dégager les invariants du racisme et, corrélativement, à fournir les moyens théoriques de refuser la concurrence victimaire.
À l'heure où l'on s'inquiète de l'avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À mi-chemin entre le biologique et l'artificiel, les bio-objets (gamètes, embryons, cellules souches) sont les descendants directs des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Or ces entités biologiques sont, malgré leur omniprésence, des objets insaisissables dont la vitalité brouille de manière concrète le découpage culturel entre sujet et objet, entre nature et artifice, entre humain et non-humain. Dotés d'une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés. En quoi leur production croissante transforme notre rapport au vivant et à l'identité corporelle ? Quelles implications matérielles, économiques, sociales et culturelles sous-tendent leur prolifération ?
À partir d'exemples tirés de la médecine reproductive, du génie génétique et d'une enquête menée auprès de chercheurs en bio-impression, la sociologue Céline Lafontaine insiste sur le fait que les produits de la culture in vitro ne sont justement pas des objets comme les autres, du seul fait de leur vitalité biologique. Plus globalement, elle souligne les défis et les questionnements épistémologiques que les bio-objets posent à la sociologie.
A l'heure où l'on s'inquiète de l'avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. A mi-chemin entre le biologique et l'artificiel, les bio-objets (gamètes, embryons, cellules souches) sont les descendants des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Dotés d'une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés.
En quoi leur production croissante transforme notre rapport au vivant et à l'identité corporelle ? Quelles implications matérielles, économiques, sociales et culturelles sous-tendent leur prolifération ?
Céline Lafontaine analyse les imaginaires scientifiques, les pratiques et les espoirs mirobolants que soulève la production d'objets vivants. Elle rend visible les ressorts épistémologiques, industriels et éthiques de ce qui est devenu une véritable économie de la promesse.
L'enjeu de son étude originale est essentiel : les frontières entre vivant et non-vivant sont de moins en moins opérantes pour comprendre un monde où la matière biologique est transformée en objet biotechnologique. Les frontières du corps humain et les barrières entre espèces, qu'on croyait immuables, deviennent malléables.
Une contribution passionnante à la réflexion sur la condition du vivant à l'ère de l'Anthropocène.
L'antispécisme, a priori si sympathique venant défendre des animaux qui souffrent de conditions d'élevage atroces, est en réalité une idéologie profondément nihiliste. En refusant à "l'animal humain" toute particularité et en faisant des animaux un groupe victime, à l'égal des races, genres, sexes, colonisés et esclaves, il aboutit à l'élimination systématique de toute organisation sociale chez l'homme. Particulièrement dévastateur, il détruit aussi le monde animal, puisqu'il ne considère que l'individu, en lui déniant toute interaction avec son environnement. En toute logique l'antispécisme combat l'écologie qui, au contraire, se préoccupe de cet environnement.
Paradoxalement, il collabore sans réticence avec le pire de l'agro-industrie – celle-là même qui a développé l'élevage industriel - qui a trouvé dans cette idéologie et son expression, le véganisme, un moyen de confisquer l'agriculture mondiale en imposant la consommation exclusive d'aliments industriels de synthèse.