Le philosophe et universitaire Eric Martin nous propose, dans cette série d'interventions, de (re)découvrir des auteurs de la théorie critique, de la pensée québécoise ou de la tradition philosophique.
Le point commun entre toutes les pensées exposées étant de récuser la conception de la liberté supposément "auto-fondée", c'est-à-dire indépendante de quelque condition que ce soit. La liberté, en effet, a des "racines", c'est à dire qu'elle suppose des conditions qui la rendent possible et dont il importe de se montrer soucieux si l'on veut qu'elle conserve un sens et une réelle effectivité.
Le travail du sociologue Jean-Pierre Le Goff met en lumière les postures et les faux-semblants d'un conformisme individualiste qui vit à l'abri de l'épreuve du réel et de l'histoire, tout en s'affirmant comme l'incarnation de la modernité et du progrès.
En effet, une nouvelle conception de la condition humaine s'est diffusée en douceur à travers un courant moderniste de l'éducation, du management, de l'animation festive et culturelle, tout autant que par les thérapies comportementalistes, le néo-bouddhisme et l'écologisme. Une "bulle" angélique s'est ainsi construite tandis que la violence du monde frappe à notre porte.
Albert Camus disait : "Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse." Cet impératif est plus que jamais d'actualité.
"L'essentiel du travail de Freud a consisté, peut-être, dans la découverte de l'élément imaginaire de la psyché – dans le dévoilement des dimensions les plus profondes de ce que j'appelle ici l'imagination radicale." Cornelius Castoriadis, L'institution imaginaire de la société
C'est donc de son rapport à la psychanalyse en général et à Freud en particulier dont disserte Castoriadis ici : une mise au point aussi importante que passionnante.
Émission "L'univers de la connaissance", animée par Renato Parascandolo.
De nouvelles sciences du comportement humain ne cessent de prendre de l'ampleur et de susciter l'engouement depuis le début des années 1990 : il s'agit des neurosciences cognitives. Leur ambition est de faire de l'exploration du cerveau le moyen de traiter les pathologies mentales (comme la dépression ou la schizophrénie) mais aussi de nombreux problèmes sociaux et éducatifs, comme l'apprentissage ou la maîtrise de ses émotions.
Ces sciences sont-elles devenues le baromètre de nos conduites et de nos vies, prenant la place autrefois occupée par la psychanalyse ? L'homme "neuronal" est-il en passe de remplacer l'homme "social" ?
Alain Ehrenberg montre que l'autorité morale acquise par les neurosciences cognitives tient autant à leurs résultats scientifiques ou médicaux qu'à leur inscription dans un idéal social majeur : celui d'un individu capable de convertir ses handicaps en atouts en exploitant son "potentiel caché". Elles sont la chambre d'écho de nos idéaux d'autonomie.
Une conférence qui s'inscrit dans le festival de la philosophie de Modène.
Depuis les années 1970, l'œuvre de Cornélius Castoriadis apparaît de plus en plus comme une référence majeure pour tous ceux qui s'efforcent d'analyser la dynamique des sociétés contemporaines, d'élucider le sens du projet démocratique, ou de mettre en lumière les conditions auxquelles on peut penser l'histoire et la liberté.
Ce colloque a pour but de montrer et de discuter les principaux apports de cette pensée exigeante à la philosophie et à la théorie politique, mais aussi à la compréhension du présent et à l'épistémologie du savoir contemporain.
Cinq thèmes ont été retenus qui donnent lieu à des exposés et à des débats entre Cornélius Castoriadis et des intellectuels de divers pays :
- ontologie et épistémologie
- la théorie de la démocratie et l'expérience grecque
- le social-historique et l'imaginaire social des sociétés modernes
- les conflits politiques et les perspectives contemporaines
- l'inconscient et la psychanalyse
Les Instituts Thérapeutiques Éducatifs et Pédagogiques (ITEP) sont en constantes évolutions. Avec le "fonctionnement en dispositif", les ITEP ont engagé une mutation conceptuelle et organisationnelle d'ampleur. Ces évolutions ont une influence sur les pratiques et sur la culture professionnelle.
Cette nouvelle approche est-elle incompatible, par nature, avec l'éthique professionnelle des praticiens ? Vise-elle à abraser les symptômes en ignorant la souffrance psychique qui les sous-tend ? Prône-elle réellement une conception réductrice et purement adaptative du Sujet ?
- 02'58 : les troubles du comportement
- 05'23 : changement de l'esprit des institutions
- 08'19 : fil conducteur de cet exposé
- 11'22 : la valeur des relations sociales
- 14'32 : nouvelle morbidité
- 17'05 : la dynamique de l'autonomie
- 19'52 : travail flexible
- 22'14 : developper les capacités des individus
- 25:23 : la santé mentale
- 28'03 : morbidité comportementale
- 30'28 : équilibre psychique
- 33'09 : compétences émotionnelles
- 35'46 : conclusion
Une conférence qui s'inscrit dans le cadre du colloque "Les DITEP à l'aune des influences contemporaines" organisé par l'Association des ITEP et des leurs Réseaux (AIRe).
Cofondateur de la revue Le Débat, directeur d'études émérite à l'EHESS, Marcel Gauchet ausculte depuis plus de trente ans le triomphe de la modernité politique et la sortie de l'ère du religieux. Avec Le Désenchantement du monde, en 1985, il a écrit un des livres les plus essentiels pour comprendre notre temps.
Depuis, il ne cesse de s'interroger sur L'Avènement de la démocratie qui a fini par créer Un monde désenchanté. Est-ce qu'après avoir vaincu la réaction et la révolution, la démocratie n'aurait pas trouvé son pire ennemi en elle-même, en se dissolvant dans l'individualisme et la perte du sens de ce qui nous réunit ?
"7 conversations philosophiques" animées par François Huguenin.
La souffrance psychique et la santé mentale semblent être l'horizon de l'individualisme contemporain, comme le paradis et l'enfer étaient celui du Moyen Âge. Pourquoi et en quel sens ce couple d'expressions est-il devenu l'un des principaux points de repère de "la société de l'homme-individu" (Louis Dumont) ?
Partant des incertitudes de la psychiatrie et plus généralement de la psychopathologie, Alain Ehrenberg soulève ensuite les questions posées par la notion de santé mentale, dont l'usage est aussi transversal que son objet est mal identifié, et propose une démarche d'ensemble pour y répondre.
Une conférence qui s'est tenue lors de la 2e rencontre du Département de Promotion de la Santé Mentale et de Prévention.