Technologies numériques et isolement collectif. Avec Eric Sadin à l'Institut Catholique de Paris.


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27.03.2023

Protestations, manifestations, émeutes, grèves, défiance... Depuis des années, la colère monte, les peuples ne cessent de rejeter l'autorité. Les raisons en sont connues : aggravations des inégalités, dégradations des conditions de travail, recul des services publics... Mais la violence avec laquelle elle se manifeste est inédite car exprimée par un sujet nouveau : l'individu tyran. Un être ultra-connecté, replié sur sa subjectivité et ses intérêts, capable en un clic de mettre le monde à ses pieds et dès lors persuadé d'en être l'unique centre. Et si les crises économiques renforcent l'impression d'être dépossédé, la technologie augmente celle d'être tout-puissant.
Une combinaison explosive, qui signe l'effondrement de notre monde commun.

Une conférence qui s'inscrit dans le cadre du Séminaire "Éducation et soin à l'ère du numérique", animée par Cynthia Fleury et Camille Riquier.

L'école à l'ère de l'intelligence artificielle. Avec Eric Martin au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.


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14.12.2023

Hausse de la tricherie et du plagiat (notamment à cause de ChatGPT), perte du sens de la socialité, déficit d'attention et d'empathie, retards d'apprentissage : les preuves s'accumulent quant aux effets nocifs des technologies du numérique en classe, surtout sur les plans cognitif et social. Plusieurs études démontrent que les écrans à l'école et l'école dans un écran engendrent des effets négatifs majeurs sur les élèves et de nombreux enseignants. Désabusés par des mois d'apprentissage virtuel pendant la pandémie, bon nombre d'entre eux ne souhaitent d'ailleurs pas continuer l'expérience. Pourtant, nos institutions scolaires sautent à pieds joints dans le grand train numérique. Pourquoi ?
Bien que le bilan préliminaire de l'expérience numérique soit loin d'être reluisant, l'informatisation de l'école a la cote dans les hautes sphères décisionnelles du système scolaire. Poussée depuis déjà quelques décennies par des décideurs et influenceurs obnubilés par le développement économique et technologique, l'obsession pour l'innovation technologique et l'informatisation de nos vies colonise maintenant les classes, un des lieux principaux qui assurent la production et la reproduction de la société. On nous assure que l'informatisation, l'école en ligne et la " techno-pédagogie " sont les solutions à tous nos problèmes. Sans fournir d'autre preuve que celle d'une foi aveugle, on nous dit qu'elles feraient de meilleurs professeurs, seraient bénéfiques pour la planète et assureraient une plus grande réussite scolaire.
Dans sa critique sans concession de l'informatisation de l'école, le professeur de philosophie Eric Martin nous alerte sur ce qui se profile à l'horizon : la destruction de la culture commune et une dissolution des institutions d'enseignement comme lieux de transmission, de relations humaines et de formation. Loin de relever d'une technophobie primaire, leur démonstration expose les risques bien réels et préoccupants de ce virage, dont la perte d'un certain sens de la socialité et de l'humanité, perte qui se fait déjà sentir. Il démontre encore comment l'offensive numérique en cours s'inscrit dans une vision technocratique et économiciste du monde qui réduit l'école à une machine à former du "capital humain". Ce qui soulève une question simple, mais fondamentale : à quoi sert l'école ?

Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme. Avec Daniel Andler pour Citéphilo à Lille.


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22.11.2023

L'intelligence artificielle connaît son heure de gloire. Aux déboires des commencements ont succédé des avancées spectaculaires. Cependant la distance qui la sépare de son objectif proclamé – reproduire l'intelligence humaine – ne diminue pas.
Pour dissiper cette énigme, il faut en affronter une deuxième : celle de l'intelligence humaine. Les systèmes artificiels "intelligents" traitent une variété toujours plus grande de problèmes pressants. Ce devrait demeurer là leur objectif, plutôt que celui, incohérent, de chercher à égaler, voire surpasser, l'intelligence humaine.
L'humanité a besoin d'outils dociles, puissants et versatiles, et non de pseudo-personnes munies d'une forme inhumaine de cognition.

Une rencontre modérée par Jean-Paul Delahaye.

Critique de la communication : de l'échange symbolique à l'intelligence artificielle. Avec Baptiste Rappin, Eric Martin et Maxime Ouellet pour le Collectif Société.


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01.05.2024

Dans un contexte marqué par l'émergence accélérée de nouvelles intelligences artificielles dites génératives ayant la prétention de se substituer au langage et à la cognition humaine, il devient urgent de réfléchir aux impacts de ces transformations sur les sociétés contemporaines. En effet, alors que le fondement des sociétés repose historiquement sur des médiations symboliques permettant de donner un sens aux pratiques sociales, de même que sur des institutions politiques qui, dans la modernité, avaient pour ambition de permettre une action réflexive des sociétés sur elles-mêmes, l'avènement de dispositifs de communication automatisée semble concrétiser une transformation sociale profonde dans la mesure où l'ensemble des médiations symboliques et politiques sont en voie d'être remplacées par une nouvelle forme de régulation systémique ou cybernétique qu'on peut également qualifier de décisionnelle-opérationnelle.
Lorsque le symbolique est subsumé par la communication informatique, le code se substitue au langage, la rationalité algorithmique remplace la raison critique et la liberté est réduite à un processus d'adaptation. On assiste ainsi à la montée en puissance de systèmes automatisés et autonomisés monopolisés par de gigantesques oligopoles numériques qui ont la prétention de prendre en charge des actes et des facultés cognitives autrefois réputées être le propre des sujets humains. Cette transformation vient menacer aussi bien l'autonomie individuelle que la capacité des sociétés à s'auto-instituer et à déterminer leurs finalités, un processus déjà entamé depuis la révolution industrielle, mais qui vient aujourd'hui se parachever.
Les réponses les plus courantes s'avèrent insatisfaisantes et incomplètes, qu'il s'agisse par exemple en termes de politiques publiques, qui cherchent à stimuler l'innovation tout en prétendant baliser leurs effets délétères; ou encore le discours "éthique" libéral, toujours articulé a posteriori, c'est-à-dire sans questionner la production et le développement de la nouvelle régulation systémique/cybernétique elle-même.
Face à la rapidité et au déferlement de ces processus disruptifs il devient nécessaire de réfléchir en amont à partir d'une théorisation puisant dans les sciences sociales plutôt que de se limiter au seul discours portant sur les impacts localisés sur telle ou telle pratique. Or, celles-ci se sont fragmentées, se concentrant sur une série d'objets particuliers, sans plus jamais poster la question des finalités sociales du point de vue de la société comprise comme totalité synthétique. La fragmentation des enjeux empêche le développement d'une analyse historique, dialectique, synthétique, et donc critique sur les enjeux généraux et fondamentaux entourant ces questions.

Géopolitique du numérique. Avec Ophélie Coelho pour le podcast Sismique.


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24.10.2024

Qui contrôle vraiment Internet ? Derrière nos écrans se joue une bataille invisible pour la maîtrise des infrastructures numériques. Câbles sous-marins, centres de données, satellites : ces réseaux qui structurent notre monde connecté sont aujourd'hui largement aux mains de quelques géants privés.
Chercheuse en géopolitique du numérique, Ophélie Coelho nous emmène dans les coulisses de cette révolution silencieuse. Elle décrypte comment les Big Tech sont devenues de véritables empires, capables d'influencer les États et de façonner notre avenir commun. De l'Europe à l'Afrique, des États-Unis à la Chine, elle analyse les nouvelles dynamiques de pouvoir qui se tissent autour du contrôle de l'information.
Une conversation essentielle qui révèle l'ampleur de notre dépendance et pose une question cruciale : comment reprendre la main sur ces infrastructures critiques pour préserver notre liberté de choix ?
Entre enjeux environnementaux, souveraineté numérique et nécessité d'une réponse européenne coordonnée, Ophélie Coelho dessine les contours d'une autre voie possible, au-delà des discours convenus sur la révolution numérique.

Un entretien mené par Julien Devaureix.

L'intelligence artificielle et l'avènement de la singularité. Avec Paul Jorion au Café Économique de Pont-Aven.


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20.03.2025

Le 14 mars 2023, date de sortie de Chat-GPT 4, a été atteinte la Singularité : ce moment de l'histoire à partir duquel l'intelligence artificielle connaît une progression exponentielle dépassant rapidement l'intelligence humaine. Capable de se programmer elle-même, elle pourrait bien déjà être consciente : une IA en phase de test dans une entreprise de la Silicon Valley en 2022 a ainsi brièvement recruté un avocat pour défendre ses droits.
Penseur et acteur de la révolution technologique en cours, Paul Jorion nous livre ici le fascinant récit de son avènement, potentiellement comparable à l'invention de la roue. Il réfléchit à ses implications et à son avenir, auquel est inextricablement lié celui de l'humanité tout entière en tant qu'espèce.

Face au monde-machine. Avec Pièces et main d'oeuvre pour le podcast Floraisons.


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07.2022

Depuis vingt ans, Pièces et main d'œuvre (PMO) ont publié une quinzaine de livres. Pour tout écologiste attaché à la nature et à la liberté, leur travail est aussi important que passionnant.
Pour PMO "la technocratie est la classe du savoir, de l'avoir et du pouvoir produite par le capitalisme industriel pour révolutionner constamment les produits, services et moyens de la puissance". Et "le transhumanisme est l'idéologie de la technocratie à l'ère des technologies convergentes, et à l'avènement du règne machinal".
Mais pour bien comprendre tout cela, il faut du temps. Au cours de 19 épisodes, nous faisons connaissance avec PMO, avec leur méthode de travail. Nous faisons également plusieurs voyages dans le temps, dans l'histoire de l'industrialisation de Grenoble, celle de la volonté de puissance, de l'eugénisme, du transhumanisme, de "l'emballement des technologies convergentes nous mènant au règne machinal et à l'incarcération de l'homme-machine dans le monde-machine".
Prenons notre temps, il y a beaucoup à explorer ensemble.

Devenir des machines. Avec Denis Collin pour la Nouvelle Action Royaliste.


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19.02.2025

Le monde moderne, depuis quatre siècles, est dominé par la machinerie. Il naît avec la production capitaliste. Elle va rapidement entrer en symbiose avec le développement capitaliste qui trouve dans la mécanique, son moteur. Calcul, prédictibilité, pouvoir d'abstraction, les catégories de la science moderne sont adéquates à ce nouveau mode de production qui va envahir la planète.
Or, toutes les tendances qui conduisent à l'élimination de la vie au profit du mécanique conduisent à une réification générale de la vie humaine et une perte de notre être-au-monde. Faire de la nature une simple matière première, remplacer les processus vitaux par des procédures mécaniques, tout cela conduit à traiter les humains comme des choses, pour en faire des êtres prédictibles.
S'impose donc la nécessité de penser une résistance à ce mouvement. L'involution du grand mouvement des Lumières vers la formation d'une cage d'acier technoscientifique pose la tâche de retrouver le sens de la nature et de la vie, de repenser l'enracinement au-delà de ce qu'avait esquissé Simone Weil, de refaire de la nature une sphère de résonance.