Du désir mimétique qui enflamme les sociétés humaines au mécanisme victimaire qui les apaise, il n'y a qu’un pas que le René Girard littéraire de Mensonge romantique et Vérité romanesque franchit avec assurance, sans considération excessive pour les clôtures universitaires, intellectuelles et idéologiques.
Comment le spécialiste de Proust et Stendhal en est-il venu à renouer le fil de la grande anthropologie classique et comment cette démarche, qui se voulait un retour aux sources, a-t-elle fini par bouleverser le champ des sciences humaines ?
Comment expliquer le comportement humain et notamment la violence ? Pour René Girard, le mimétisme d'appropriation serait l'origine du conflit.
Il revient ici sur les interdits, les rites, le désir, les sociétés primitives, le christianisme, la désacralisation de la société moderne et propose, pour l'avenir de l’humanité, une nouvelle lecture des textes évangéliques.
Émission "Questionnaire", animée par Jean-Louis Servan-Schreiber.
C'est s'appuyant sur la pensée du philosophe René Girard que Benoît Girard, son petit-neveu, nous livre une réflexion sur le retour du tragique dans notre histoire.
Il s'agit d'ailleurs d'affirmer une "tragique espérance" qui se définit comme "tragique" précisément parce qu'elle sait que toute culture et toute philosophie résultent de la distinction d'un "nous" et d'un "eux", d'un "dedans" et d'un "dehors", mais que, pour des raisons qu'il convient d'élucider, cette opération première de la civilisation s'est retournée contre elle-même et ne produit plus, sous les apparences de son affirmation "identitaire" comme de sa négation "déconstructrice", qu'un impressionnant retour à la barbarie.
Contre toutes les mythologies dont nous vivons la résurrection désordonnée et carnavalesque, Benoît Girard cherche à présenter les différents récits que notre société a sécrétées et dont peut seule nous émanciper la volonté héroïque de ne pas "choisir".
Au sein de la théorie mimétique de René Girard, le mécanisme victimaire, sacrificiel, vient instaurer de l'ordre lorsque la crise indifférenciée est à son comble. Ce mécanisme, c'est le sacrifice : l'homme est donc fils du religieux.
Alors que l'actualité est marquée par une poussée des actes de racisme, les concepts girardiens peuvent nous aider à analyser ce phénomène en recrudescence, tout comme ils nous donnent une explication convaincante des mythes ou des textes sacrés – fût-ce avec l'angoisse qu'engendre le caractère apparemment inévitable du sacrifice du bouc émissaire.
Théoricien littéraire fasciné par les sciences sociales, né en Avignon en 1923, René Girard est l'un des grands penseurs de la deuxième moitié du XXe siècle. Il a fondé sa pensée sur les écritures saintes, autant lues que les grands classiques de la littérature (Proust, Stendhal ou Dostoïevski).
Il est spécialement connu pour son concept de "désir mimétique" qu'il définit ainsi : "c'est toujours en imitant le désir de mes semblables que j'introduis la rivalité dans les relations humaines et donc la violence". Pour lui, la Bible est une immense entreprise pour sortir l'homme de la violence.
Cette émission nous invite à découvrir la pensée de cet archiviste-paléographe de formation qui était installé depuis 1947 aux Etats-Unis.
Les travaux de René Girard ont remis l'anthropologie religieuse au goût du jour. Son apport à l'intelligence de la foi chrétienne est considérable : en montrant comment la Passion du Christ dévoile les ressorts de la violence constitutive des sociétés, Girard a éclairé la singularité des Évangiles par rapport aux mythes fondateurs de la culture humaine.
L'un des bénéfices de cette lecture des Évangiles est de souligner la cohérence entre la prédication du Royaume et la signification des circonstances de la mort de Jésus. Plus largement, elle permet de lire les textes bibliques comme la découverte progressive de la non-violence de Dieu.
Alors, en quoi le christianisme est-il une religion du livre ?
Émission "Présence protestante".
Cet entretien en marge de l'exposition "Traces du sacré" au Centre Pompidou offre à l'auteur de La Violence et le Sacré la possibilité de s'exprimer conjointement sur l'histoire, les écrivains, les philosophes et les artistes. Sont alors évoqués Clausewitz, Hölderlin, Hegel, Nietzsche et Dostoïevski, mais aussi Stendhal, Baudelaire, Stravinski, Nijinski et Proust.
Partant, c'est toute son œuvre que René Girard a prise à rebours, commençant par sa récente réflexion sur la rivalité franco-allemande dans Achever Clausewitz pour remonter jusqu'aux premières intuitions de Mensonge romantique et vérité romanesque.
Cette discussion avec Benoît Chantre prend la forme d'un palindrome : commencée avec Clausewitz, elle s'achevet sur Proust. De Iéna à Combray, de l'enfer de la guerre au paradis de l'enfance, nous sommes ainsi passés d'une apocalypse à l'autre : de la "montée aux extrêmes" à la révélation finale du Temps retrouvé.
Et si René Girard évoque ici la distance qu'il a vite ressentie à l'égard de l'art moderne, c'est l'Histoire qu'il cherche à penser quand il quitte l'Europe pour les Etats-Unis, son sens qu'il scrute à travers les textes littéraires. Et c'est bien sa "conversion romanesque" qui lui donne les clés d'une œuvre qui remontera jusqu'au religieux archaïque révélé à la lumière des Evangiles.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'02'00 : Clausewitz et Napoléon
- 0'16'40 : Hegel et le christianisme
- 0'21'00 : Hölderlin, Dostoïevski et Nietzche
- 0'42'15 : La France et l'Allemagne ou Baudelaire et Wagner
- 0'53'50 : Le Sacre du printemps
- 1'12'30 : Les Etats-Unis, Simone Weil
- 1'28'40 : Marcel Proust
Dans cette conférence, l'essayiste Sylvain Durain poursuit le travail qui l'a amené à écrire Ce Sang qui nous Lie. Il développe notamment ses intuitions concernant la nouvelle religion écologiste mondiale qui semble s'imposer dans la vie intellectuelle et médiatique moderne : la religion "gaïatique".
Par un mélange d'écologisme et de collapsologie, Sylvain Durain démontre qu'il s'agit en fait d'un retour à l'archaïque et que cette nouvelle ré-volution manipule la jeunesse et utilise une nouvelle figure de "golem", la jeune Greta, au service de la déesse-mère Gaïa.