Qui ignore ce qu'est l'eau ? Chacun a une connaissance intime et immédiate de cet élément frais, liquide, miroitant et irrésistiblement attiré vers le bas. Comment en sommes-nous arrivés, dès lors, à laisser cet élément premier, si présent dans notre expérience de tous les jours, si prégnant dans notre imaginaire, si riche de symbolique, être défini par la laconique formule chimique H2O ? Que perdons-nous dans cette opération ?
La science moderne s'est édifiée en répudiant les sensations, les impressions immédiates, au profit de la raison et des mesures : notre rapport au monde en a été bouleversé. Précisé à bien des égards, appauvri à d'autres. À présent qu'une chose aussi simple que l'eau devient une affaire d'analyse chimique et une ressource à gérer, on peut se demander : la science a-t-elle tenu sa promesse de dévoiler le monde dans sa vérité ? Nous en a-t-elle rapproché, ou éloigné ?
Olivier Rey s'attache à retrouver ce que, chemin faisant, nous avons perdu de l'eau. De Léonard de Vinci à Bachelard et Ponge, il remonte son cours, afin de rendre à l'eau sa dignité, et nous faire éprouver, grâce à elle, ce qui ne se laisse pas mettre en formule : la poignante volupté d'être au monde.
Le philosophe Olivier Rey entend nous rendre sensible à un risque majeur qui pèse sur la modernité : celui de l'involution possible qui menace une civilisation quand celle-ci perd contact avec ce qui la fonde à force de s'ennivrer de ses progrès jusqu'à négliger, mépriser et finalement détruire les strates antérieures qui continuaient de la porter.
Alors, à quel prix avons-nous collectivement réussi à nous affranchir des limites qui structuraient encore récemment le monde de nos aïeux ?
Une conférence donnée dans le cadre de l'université d'été "Rester humain aujourd'hui".
L'histoire de l'image ne peut être dissociée de l'Histoire de l'Église car à travers les siècles, les artistes y ont principalement célébré le mystère de l'Incarnation.
Le philosophe Olivier Rey analyse cette histoire et s'interroge sur la profusion actuelle d'images qui, au lieu de pointer vers le divin, tendent désormais à faire écran avec les réalités qui nous sont les plus immédiates.
Émission "Dialogue", animée par Sarah Brunel.
En matière de déconstruction, on avait déjà fort à faire avec les injonctions sociétales de la "théorie du genre" et l'obsession raciale du décolonialisme. Mais un troisième front s'est déjà ouvert et commence à prendre de l'ampleur : celui de l'antispécisme, qui récuse la notion d' "espèce" et s'élève contre toutes "discriminations" faites aux animaux.
Si l'on ne peut que souscrire au meilleur traitement possible fait aux animaux, il convient de se demander quels sont les ressorts de cette nouvelle radicalité, qui ne fait pas mystère de vouloir remettre en cause la dignité supérieure de l'homme. Car, avec l'antispécisme, la défense des animaux se mue en procès de l'homme et de son humanité.
D'où vient ce nouveau courant de pensée déconstructeur qui s'ajoute aux autres ? Quels sont ses fondements philosophiques ? Que nous dit-il de la mutation profonde du rapport de l'homme à l'animal et, au-delà, à la nature à l'œuvre dans nos sociétés ? Comment expliquer qu'une partie significative de la jeunesse le regarde avec sympathie ? Comment éviter qu'il se diffuse plus avant dans l'université, les milieux intellectuels et, au-delà, dans la société ?
Olivier Rey, c’est le Little Big Man de l'écologie bien comprise. Philosophe, mathématicien, romancier à hauteur d'homme.
Avec lui, l'écologie retourne dans la maison du père : la tradition, la conservation, le conservatisme, la bonne mesure — lui le penseur de la démesure inhumaine de nos sociétés.
Ses livres sont des antidotes. Les lire, c'est retrouver ce qu'il y avait de bon hier, sans renoncer à ce qu'il y a de bon aujourd'hui ni à ce que l'on pourrait faire mieux demain.
Pour l'historien de l'art Wolfgang Schöne, l'histoire des images de Dieu en Occident fut marquée par une phase de visibilisation croissante, culminant dans la seconde moitié du XVe siècle, suivie d'une phase de visibilisation décroissante, reconduisant à l'invisible. À travers le mystère de l'Incarnation, Dieu se donnait toujours plus à voir dans la forme humaine ; mais quand la forme humaine devint la véritable référence – comme c'est le cas au plafond de la Sixtine, peint par Michel-Ange au début du XVIe siècle –, celle-ci devint également inapte à figurer Dieu.
Peinte au milieu du XVe siècle, la Pietà d'Avignon, d'Enguerrand Quarton, se situe à peu près au point culminant de la visibilité divine. Appartenant encore à l'ère de l'image, mais précédant de très peu l'ère de l'art, cette œuvre nous donne la possibilité d'apprécier, à partir d'elle, l'ensemble de la trajectoire.
Un minuscule virus, en quelques semaines, a placé le monde face à lui-même ; il a réveillé les sentiments contraires de l'homme moderne.
Comment devons-nous alors comprendre que le monde entier ait cessé ses activités sociales et économiques dans le but affiché de protéger des vies individuelles ?
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
Un autre monde est en train de naître devant nos veux. Un autre esprit, dans nos façons de penser, d'espérer et d'avoir peur. L'angoisse écologique n'annonce rien moins, pour notre civilisation, qu'un changement d'englobant. Ce fut l'Histoire, ce sera la Nature...
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.