En matière de déconstruction, on avait déjà fort à faire avec les injonctions sociétales de la "théorie du genre" et l'obsession raciale du décolonialisme. Mais un troisième front s'est déjà ouvert et commence à prendre de l'ampleur : celui de l'antispécisme, qui récuse la notion d' "espèce" et s'élève contre toutes "discriminations" faites aux animaux.
Si l'on ne peut que souscrire au meilleur traitement possible fait aux animaux, il convient de se demander quels sont les ressorts de cette nouvelle radicalité, qui ne fait pas mystère de vouloir remettre en cause la dignité supérieure de l'homme. Car, avec l'antispécisme, la défense des animaux se mue en procès de l'homme et de son humanité.
D'où vient ce nouveau courant de pensée déconstructeur qui s'ajoute aux autres ? Quels sont ses fondements philosophiques ? Que nous dit-il de la mutation profonde du rapport de l'homme à l'animal et, au-delà, à la nature à l'œuvre dans nos sociétés ? Comment expliquer qu'une partie significative de la jeunesse le regarde avec sympathie ? Comment éviter qu'il se diffuse plus avant dans l'université, les milieux intellectuels et, au-delà, dans la société ?
Olivier Rey, c’est le Little Big Man de l'écologie bien comprise. Philosophe, mathématicien, romancier à hauteur d'homme.
Avec lui, l'écologie retourne dans la maison du père : la tradition, la conservation, le conservatisme, la bonne mesure — lui le penseur de la démesure inhumaine de nos sociétés.
Ses livres sont des antidotes. Les lire, c'est retrouver ce qu'il y avait de bon hier, sans renoncer à ce qu'il y a de bon aujourd'hui ni à ce que l'on pourrait faire mieux demain.
Pour l'historien de l'art Wolfgang Schöne, l'histoire des images de Dieu en Occident fut marquée par une phase de visibilisation croissante, culminant dans la seconde moitié du XVe siècle, suivie d'une phase de visibilisation décroissante, reconduisant à l'invisible. À travers le mystère de l'Incarnation, Dieu se donnait toujours plus à voir dans la forme humaine ; mais quand la forme humaine devint la véritable référence – comme c'est le cas au plafond de la Sixtine, peint par Michel-Ange au début du XVIe siècle –, celle-ci devint également inapte à figurer Dieu.
Peinte au milieu du XVe siècle, la Pietà d'Avignon, d'Enguerrand Quarton, se situe à peu près au point culminant de la visibilité divine. Appartenant encore à l'ère de l'image, mais précédant de très peu l'ère de l'art, cette œuvre nous donne la possibilité d'apprécier, à partir d'elle, l'ensemble de la trajectoire.
Un minuscule virus, en quelques semaines, a placé le monde face à lui-même ; il a réveillé les sentiments contraires de l'homme moderne.
Comment devons-nous alors comprendre que le monde entier ait cessé ses activités sociales et économiques dans le but affiché de protéger des vies individuelles ?
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
Un autre monde est en train de naître devant nos veux. Un autre esprit, dans nos façons de penser, d'espérer et d'avoir peur. L'angoisse écologique n'annonce rien moins, pour notre civilisation, qu'un changement d'englobant. Ce fut l'Histoire, ce sera la Nature...
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
En tant qu'il commande un respect absolu, le sacré se trouvait anciennement placé au-dessus de la vie. C'est pourquoi il pouvait, le cas échéant, réclamer le sacrifice de celle-ci.
Comment la vie nue en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré ? Au point que sa conservation, comme l'a montré la crise engendrée en 2020 par l'épidémie de coronavirus, semble bien être devenue le fondement ultime de la légitimité de nos gouvernements.
Que cela apprend-il du rapport des populations à la politique, au pouvoir ? À quelles servitudes nous disposons-nous, si nous accordons à la "vie" la position suprême ?
En tant qu'il commande un respect absolu, le sacré se trouvait anciennement placé au-dessus de la vie. C'est pourquoi il pouvait, le cas échéant, réclamer le sacrifice de celle-ci.
Comment la vie nue en est-elle venue à prendre elle-même la place du sacré ? Au point que sa conservation, comme l'a montré la crise engendrée en 2020 par l'épidémie de coronavirus, semble bien être devenue le fondement ultime de la légitimité de nos gouvernements.
Que cela apprend-il du rapport des populations à la politique, au pouvoir ? À quelles servitudes nous disposons-nous, si nous accordons à la "vie" la position suprême ?
Un entretien mené par Natacha Polony.
Grâce aux progrès scientifiques et technologiques, le transhumanisme œuvre à améliorer l'homme par son hybridation avec les machines et défend le bouleversement de notre condition biologique, au nom même de l'accomplissement de l'humanité.
Quelles sont donc exactement les raisons de se méfier d'un tel projet ? On peut s'inquiéter des conditions démocratiques de sa réalisation, mais également de son sens lui-même. S’agit-il alors de lui reprocher d'occulter la dimension normative de la nature ou plutôt de trahir la liberté qu'il promet ?