Fascisme et bloc bourgeois. Avec Stefano Palombarini pour Lundi matin.


(0)
159 Vues
0 commentaire
06.2024

Dans leur livre L'illusion du bloc bourgeois, Stefano Palombarini et Bruno Amable citent L'Art de la guerre de Machiavel : "Celui-là est rarement vaincu, qui sait mesurer ses forces et celles de l'ennemi." À partir de cette prise de position "néoréaliste", essayons de mesurer la dynamique et l'histoire des forces de l'ennemi en dissipant les nuages du chaos apparent.
La crise que nous traversons semble, désormais, se réduire et se résumer dans la "décision" devenue presque arbitraire du président Macron. Elle semble atteindre une forme paroxystique. Voire extatique. Les stratagèmes électoraux du macronisme, devenus inopérants, font place à ce qu'il reste lorsque la stratégie semble morte : le pur pari – l'action votive – le coup de poker.
Ce qui est en jeu dans cette dissolution, c'est bien tout le paradoxe d'une victoire par deux fois d'un président dont le soutien est une base sociale minuscule, obligé d'essayer de se rallier non seulement le "bloc bourgeois", ni de droite ni de gauche, mais, à terme, le "bloc identitaire" - seul bloc "populaire" encore compatible avec le libéralisme autoritaire.
En bref : il y a, depuis 40 ans, une vaste crise d'hégémonie et de dominance sociale.

La conversion des esprits au néolibéralisme. Avec Pierre Dardot pour Elucid.


(0)
157 Vues
0 commentaire
04.2024

Philosophe et spécialiste du néolibéralisme, Pierre Dardot est notamment l'auteur de La nouvelle raison du monde et Ce cauchemar qui n'en finit pas : comment le néolibéralisme défait la démocratie, avec Christian Laval.
Ici, il explique de quelle manière une certaine élite a pensé la conversion des esprits au néolibéralisme, qui s'est imposé par la logique des pratiques tout en montrant à quel point notre système est mal compris : le néolibéralisme n'est pas le "laissez-faire", c'est l'édification de règles strictes visant à imposer la concurrence et l'adaptation sans mesure à toute la société. Tout doit être géré comme une entreprise, de l'état à l'individu lui-même.
Les effets sont profonds, et engendrent tout à la fois un malheur généralisé et des absurdités économiques.

Un entretien mené par Olivier Berruyer.

Michel Foucault, de la "pensée du dehors" au "capital humain". Avec Gilles Labelle pour le Collectif Société.


(0)
167 Vues
0 commentaire
04.02.2023

Une fréquentation même sommaire et partielle de l'immense littérature qui a été consacrée à Michel Foucault révèle qu'elle repose en grande partie sur une décontextualisation de l'oeuvre. Dans un souci de contextualiser celle-ci, Gille Labelle défend trois arguments :
 1) le rejet de la "pensée dialectique", dont la phénoménologie est le cas le plus récent suivant Foucault, doit être considéré comme structurant tout son travail, de l'Histoire de la folie à l'âge classique à l'Histoire de la sexualité et au cours de 1979 consacré au libéralisme et au néolibéralisme.
 2) Cette posture constitue une prise de position à l'égard des principes qui structurent ce qu'on peut désigner comme le monde moderne ou la modernité. À la pensée dialectique, Foucault oppose d'abord ce qu'il désigne comme "pensée du dehors", qui correspond à ce que Hegel désignait comme "pensée de l'entendement" en ce qu'elle pose l'existence d'oppositions irréductibles et indépassables. L'exemple paradigmatique de cette pensée désignée par Hegel comme pensée du "ou bien… ou bien…" est donné dès le départ de l'oeuvre de Foucault : ou bien la déraison (dont la folie est un cas), ou bien la raison. Ce qui est dès lors rejeté est l'idée de synthèse ou de réconciliation entre les éléments contradictoires dont hérite la modernité (par exemple entre l’idée de totalité et celle de liberté), qui caractérise selon Foucault la pensée dialectique dans ses diverses déclinaisons, hégélienne, marxienne et phénoménologique.
 3) Cette prise de position à propos de la pensée dialectique et de la modernité permet de situer Foucault dans l'actualité immédiate où s'est déployée son oeuvre – la critique de la colonisation d'abord, le gauchisme post-soixante-huitard ensuite, ce qu'on peut désigner comme le "post-gauchisme" enfin – et éclaire en partie au moins la réception dont elle a fait l’objet.

La critique de Foucault. Avec Daniel Zamora et Michael C. Behrent pour le Collectif Société.


(0)
195 Vues
0 commentaire
18.03.2023

Lorsque Michel Foucault décède en 1984, c'est également le monde de l'après-guerre, ses institutions et ses espoirs de transformation sociale, qui s'éteint avec lui. Les décennies qui suivront seront indéniablement celles du triomphe du néolibéralisme et des attaques contre les droits sociaux. Si Michel Foucault n'en a pas été le témoin direct, son oeuvre dans ce domaine apparaît néanmoins visionnaire. La question du libéralisme occupe en effet une place importante dans ses derniers écrits.
Depuis sa disparition, l'appareil de pensée foucaldien a, en outre, acquis une place centrale, pour ne pas dire dominante, au sein d'un large pan du monde intellectuel de gauche.
Pourtant, l'attitude du philosophe face au néolibéralisme fut pour le moins équivoque. Loin de mener une lutte intellectuelle résolue contre la doxa du libre marché, Michel Foucault semble, sur bien des points, y adhérer. Comment en effet interpréter sa critique radicale de la sécurité sociale, qualifiée d'instrument d'accomplissement du "biopouvoir" ? Foucault aurait-il été séduit par le néolibéralisme ?
Cette question, loin d'incarner simplement les évolutions d'un intellectuel, interroge plus généralement les mutations d'une certaine gauche de l'après-mai 68, les désillusions à venir et les transformations profondes du champ intellectuel français au cours des trente dernières années.

Autopsie de la Macronie. Avec Barbara Stiegler pour Elucid.


(0)
368 Vues
0 commentaire
09.2023

Professeur de philosophie politique, Barbara Stiegler est spécialiste du rapport entre la politique et la biologie. Elle s'est particulièrement intéressée aux origines du néolibéralisme, portées notamment par une injonction à l'adaptation elle-même issue du lexique biologique de l'évolution.
Elle revient ici sur ce qui caractérise notre régime politique et en tire les conséquences pour ce qu'il est convenu de désigner comme "démocratie" : dans un monde néolibéral, le pouvoir (la souveraineté) ne peut pas appartenir au peuple. En ce sens, l'ère d'Emmanuel Macron se présente comme une forme archétypale de ce régime à bout de souffle entraînant une contestation plus que logique.

L'Anarchisme de Marché et sa Théorie de la Valeur. Avec Robin Chaudron pour la Maison du Savoir.


(0)
341 Vues
0 commentaire
2021

Dans ce cycle d'interventions, Robin Chaudron présente les théories de l'anarchisme de marché américain de gauche, déroutantes au premier abord.
En effet, alors que le marché libre est associé au développement du capitalisme, les anarchistes de marché abordent ce dernier comme étant potentiellement anticapitaliste. Le marché n'a jamais été libre sous le capitalisme. L'enjeu pour ces théoriciens anarchistes étant alors de libérer le marché... du capitalisme !
Pour soutenir cette thèse originale, Robin Chaudron revient d'abord sur les fondements de l'anarchisme de marché, en passant par une relecture des économistes classiques. En découle une étude critique de la théorie objectiviste de la valeur, à laquelle répond une réévaluation de la théorie subjective de la valeur.

Figures juridiques de la démocratie économique (suite). Avec Alain Supiot au Collège de France.


(0)
544 Vues
0 commentaire
2018

Est-il possible de faire de l'entreprise l'un des cadres de la démocratie économique ? Jusqu'à quel point les entreprises transnationales peuvent-elles exercer un pouvoir normatif susceptible de concurrencer celui des états ?
Alain Supiot analyse les conditions de la démocratisation de l'entreprise en cherchant d'abord à saisir juridiquement la notion d'entreprise, en analysant les difficultés de sa définition, en retraçant sa généalogie institutionnelle et en revisitant les théories dont elle a fait l'objet en droit social, pour ensuite traiter des conditions d'une démocratisation de l'entreprise, en analysant la tension normative dont elle est aujourd'hui l'objet et la dynamique de son autoréglementation.

Béton et avenir des architectes. Avec Anselm Jappe et Véronique Biau pour La Fabrique Urbaine.


(0)
372 Vues
0 commentaire
04.2021

Le béton incarne la logique capitaliste. Il est le côté concret de l'abstraction marchande. Comme elle, il annule toutes les différences et est à peu près toujours le même.
Produit de manière industrielle et en quantité astronomique, avec des conséquences écologiques et sanitaires désastreuses, il a étendu son emprise au monde entier en assassinant les architectures traditionnelles et en homogénéisant par sa présence tous les lieux.
Monotonie du matériau, monotonie des constructions que l’on bâtit en série selon quelques modèles de base, à la durée de vie fortement limitée, conformément au règne de l’obsolescence programmée. En transformant définitivement le bâtiment en marchandise, ce matériau contribue à créer un monde où nous ne nous retrouvons plus nous-mêmes.