L'histoire et la géographie, la sociologie et l'anthropologie, l'économie et la linguistique, la psychologie et la psychanalyse font toutes partie des sciences humaines. Ces disciplines trouvent-elles leur unité dans l'usage de certains concepts, dans un objet commun aux contours définis ou en raison d'un certain leg historique lié aux entreprises de savoir ?
Le philosophe et linguiste Sylvain Auroux, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur l'histoire des sciences du langage, la philosophie et l'épistémologie des sciences humaines, se propose d'étudier les sciences humaines dans ses problématiques philosophiques afin d'en mesurer la cohérence et la pertinence sur le plan scientifique.
Une étude aussi vaste que passionnante.
"En ce début du XXI° siècle, lit-on dans le dernier rapport de l'Académie Française, tous les pays du monde et en particulier la France et les autres pays entièrement ou en partie de langue française connaissent une évolution rapide et générale de la place qu'occupent les femmes dans la société de la carrière professionnelle qui s'ouvre à elles, des métiers et des fonctions auxquelles elles accèdent sans que l'appellation correspondant à leur activité et leur rôle réponde pleinement à cette situation nouvelle. Il en résulte une attente de la part d'un certain nombre croissant de femmes qui souhaite voir nommées au féminin la profession ou la charge qu'elles exercent et qui aspirent à voir combler ce qu'elles ressentent comme une lacune de la langue."
Mais le jumelage systématique du genre grammatical avec le sexe est-il une victoire pour les femmes et pour la langue ? Cet aggiornamento tardif réjouit en tout cas le linguiste Bernard Cerquiglini autant qu'il attriste la philosophe Bérénice Levet qui, tous deux, expliquent leurs positionnements.
Paul Ricoeur n'a pas cessé d'interroger le rapport au texte, tout en cherchant à construire des outils précieux pour favoriser l'étude la plus efficace et parler au plus près, au plus vrai dans une quête absolue d'exactitude.
Ce sont l'historien François Dosse et le théologien Henri Blocher qui nous apportent une réflexion sur ce rapport que Paul Ricoeur entretenait face au Verbe, révélé, parlé et écrit.
L’humanité semble issue de deux processus apparemment contraires : l'hominisation (évolution biologique) résulterait de l'émergence d'une seule espèce humaine ; en revanche l'humanisation (évolution sociale et culturelle) s'est faite par la diversification des cultures et l'émergence d'une normativité propre à chaque groupe humain.
On pourrait penser que les deux processus doivent être étudiés séparément car ils ne relèvent ni de la même échelle de temps, ni des mêmes critères. Et pourtant, l'humanité s’est faite par interaction : bien que les facultés intellectuelles (sociales et morales) ne soient pas propres à l'homme, elles limitent chez lui l'influence de la sélection naturelle. D'ailleurs le langage articulé, qui est rendu possible par l'évolution biologique, favorise la diversification des cultures.
De l'hominisation à l'humanisation, la tension entre le relatif et l'universel semble suggérer un universalisme pluriel, mais sans dire comment le mettre en pratique.
Le linguiste Claude Hagège nous invite à prendre un recul dans le temps et l'espace pour penser conjointement le développement des fonctions cognitives de l'homme et la diversité des langues dans le processus d'humanisation.
Lors de cette journée d'étude en hommage à Jack Goody, Clarisse Herrenschmidt revient sur sa tentative de subversion de la dichotomie nous/autres en comparant sa méthodologie à celle de Claude Lévi-Strauss.
Car si le grand anthropologue britannique a bien été ce réel inventeur qui, comme Einstein, savait sortir "par effraction des types merveilleusement nets de pensée fermée" (Bachelard) qui organisent nos catégories conceptuelles, il n'en demeure pas moins que notre rapport à l'Autre reste structuré selon une logique nous/autres, même si celui-ci a été profondément bouleversé.
Le philosophe Alain de Benoist, dans ce nouveau numéro des "Idées à l’endroit", nous invite à nous pencher sur la question indo-européenne en compagnie de ses invités Jean Haudry et Xavier Delamarre.
L'occasion d'évoquer en détails la personnalité et l'œuvre du célèbre linguiste et anthropologue Georges Dumézil, spécialiste du sujet.
Nous écrivons les langues naturelles depuis 5000 ans, environ, dans le continuum sémiologique qui va de l’Iran de l’Ouest, de la Mésopotamie et de l’Égypte à la Méditerranée orientale, à l’Europe continentale et ses extensions aujourd’hui mondiales.
Nous frappons monnaie depuis environ 600 ans avant notre ère et jusqu’au 15 août 1971 le dollar fut convertible en or et les devises européennes rattachées au dollar.
Depuis quelque temps, nous écrivons avec un ordinateur : une machine qui compte et calcule.
Il existe une histoire des signes d'écriture qui met en relation ces modes d'écrire. Écrire les langues, écrire les nombres sur les monnaies, écrire avec une machine qui contient du langage en elle : voilà ce que Clarisse Herrenschmidt se propose de nous raconter.