Les sens de l'amour. Avec Claude Hagège, Fabrice Hadjadj et Valérie Girard au Forum Le Monde-Le Mans.


(0)
1382 Vues
0 commentaire
04.08.2013

Une table ronde animée par Jean Birnbaum et constituée de trois interventions :
 - Claude Hagège : "Amour et langue". La gestuelle, notamment des yeux et des mains, peut tenir lieu de déclaration, mais il n'est de meilleur et plus adéquat canal pour la faire que les mots. Le langage de l'amour est le langage lui-même, ou l'amour lui-même, comme on voudra.
 - Fabrice Hadjadj : "Devoir aimer". On connaît la chanson : "Aimez-vous les uns les autres". On nous commande d'aimer. N'est-ce pas une méprise ? Un autre refrain ne nous dit-il pas que l'amour est un "oiseau rebelle" ? Pour sortir de cette apparente contradiction, certains ont cru bon d'opposer Eros et Agapè, le premier relevant de la passion ignorante des règles, le second, de l'accomplissement même de la loi. Et si l'amour venait avec son propre ordre ? Si le sexe lui-même, dans son élan le moins maîtrisé, contenait une exigence que le puritain aussi bien que le libertaire s'efforcent de ne pas entendre ?
 - Valérie Gérard : "Une question de géographie ?" Tomber amoureux, c'est désirer vivre une histoire, qu'il sera possible de raconter et de se raconter. Mais s'il s'agit d'histoire, il s'agit aussi de monde - du monde dans lequel s'inscrit l'histoire et qu'elle crée. Elle est en effet d'emblée inséparable de son lieu, de son cadre ; ce qui est désiré et chanté c'est tout un monde - et cette inscription donne à l'histoire sa précarité mais aussi sa consistance. Et lorsqu'il arrive que l'histoire se termine, s'il y a eu quelque chose, et ce qu'il reste, c'est un monde.

Comment ré-informer autrui ? Avec Lucien Cerise pour E&R à Dijon.


(0)
1446 Vues
0 commentaire
25.04.2015

Aujourd'hui, le Pouvoir gouverne par le chaos et le pilotage de la guerre de tous contre tous. Autrement dit, le Pouvoir ne fait plus la guerre directement, mais il veut nous faire faire la guerre à sa place, c’est-à-dire qu’il cherche à nous entraîner au moyen d’appâts dans des conflits dont il sera le chef d’orchestre inapparent. Application systématique d’un "diviser pour régner" furtif, ni vu, ni connu.
Pour ne pas se laisser hameçonner et entraîner de manière subliminale dans des conflits triangulés, un travail de ré-information est nécessaire. La notion de ré-information, qui succède à l’information et à la désinformation, est bien connue, mais pourquoi parler de "ré-information active" ? Parce que, dans un premier temps, la ré-information est seulement "défensive". On se ré-informe en partageant des informations entre gens qui pensent la même chose. Or, ce n’est plus suffisant aujourd’hui et il faut passer à la vitesse supérieure : chacun doit devenir lui-même un agent actif de ré-information autour de lui, dans la famille, chez les amis, au travail, sur les réseaux sociaux.
Il faut devenir un agent d’influence, un spin doctor, en se formant aux méthodologies de retournement de l’opinion et d’ingénierie sociale appliquées dans les think tanks. Cela revient à fonctionner sur le mode du réseau de Renseignement, comme le font les lobbies et les sociétés de pensée, qui ont quelques longueurs d’avance sur le bon peuple, peu habitué à ce qui ressemble fort à une double vie et à des relations empreintes de faux-semblants. Mais nous n’avons pas le choix : reprendre le pouvoir se fera dans l’institution, en élaborant une vraie stratégie d’infiltration du Système et de contamination virale et capillaire.
Cet atelier a pour objectif de lancer une dynamique stimulante de passage à l’action, appuyée sur l’observation des bonnes pratiques de communication qui permettent de se réarmer mentalement, et surtout de réarmer notre entourage afin de gagner la guerre culturelle, au sens de Gramsci, qu’on appelle aussi guerre de l’information, guerre psychologique, guerre cognitive. Le but final est simple : imposer notre hégémonie culturelle pour endiguer celle du mondialisme et de ses diverses facettes morbides. Concrètement, localement, appliqué au cas français, cela signifie en finir totalement avec la pensée libérale-libertaire issue de Mai 68 et donc de "dé-soixante-huitariser" définitivement les esprits, au nom de la lutte contre le capitalisme et ses dérives transhumanistes.
N’attendez plus, ré-informez !

Le nouvel ordre narratif. Avec Christian Salmon au Centre de Recherches sur les arts et le langage.


(0)
1742 Vues
0 commentaire
11.2009

Le champ d’études ouvert par les nouveaux usages du récit est immense, sous l’autorité de multiples disciplines, qui se disputent des territoires aux contours flous parmi lesquels on peut repérer quatre entités ou régions principales :
 1) Au niveau microéconomique de l’entreprise, le storytelling est investi par les techniques de production ("storytelling management") et de vente ("marketing narratif") qui permettent de produire, de transformer et de distribuer des marchandises. Il désigne des modes d’actions et des dispositions de contrôle qui ont pour but de répondre à une crise générale de la participation et à la nécessité d’une mobilisation permanente des individus. Les techniques du storytelling interviennent ainsi dans les organisations afin de convertir des schémas ou des plans d’organisation en conduites individuelles. Ce sont des pratiques de configuration concrète des conduites : apprentissage, adaptation, formation, guidage et contrôle des individus, mais aussi de gestion des flux émotionnels, des investissements affectifs, d’organisation du sensible.
 2) Au niveau juridico-politique, le storytelling inspire de nouvelles techniques de pouvoir qui déterminent la conduite des individus, les soumettent à certaines fins par le quadrillage des territoires, la télésurveillance et le profilage narratif rendu possible par le croisement des fichiers. C’est l’équivalent de ce que Michel Foucault avait repéré et qualifié de "pouvoir d’écriture" à la naissance des sociétés disciplinaires (apparition des registres, des fichiers) et qui se prolongerait aujourd’hui à l’heure numérique par un pouvoir de narration capable non seulement d’enregistrer les allées et venues et les faits et gestes des individus, mais de prévoir leur comportement, de profiler leur histoire et de l’anticiper.
 3) Au niveau macropolitique, ce que Foucault appelait la "gouvernementalité", on constate la multiplication des références légitimantes au récit comme discours de validation des pratiques sociales, et de légitimation de l’ordre social dans lequel s’inscrivent ces pratiques telles qu’elles s’expriment par exemple dans les discours des hommes politiques. Ce storytelling (comme ethos qui s’oppose au storytelling comme praxis des niveaux 1 et 2) a pour but de justifier et d’engager les masses, de synchroniser et de mobiliser les individus et les émotions. C’est l’œuvre des storyspinners, des candidats et des agences de lobbying et de narration politique.
 4) Au niveau individuel, le storytelling se manifeste aussi dans les nouvelles techniques d’écriture et de jeux (digital storytelling) aux applications sans cesse nouvelles (blogs, chat, jeux interactifs en ligne, etc.) et qui permettent aux individus de prolonger l’action régulatrice des pouvoirs par des conduites d’auto-examen et d’autocontrôle. Cette mise en récit de l’existence par le sujet lui-même généralise un nouveau mode d’individuation : une autoprésentation de soi qui est à la fois écriture et exhibition. Autocontrôle narratif des individus : autoblographies, webcam, second life…
L’exposé s’est concentré sur deux points.
 1. Obama in fabula : Barak Obama a élevé le storytelling politique au rang d’un nouvel art rhétorique. Il doit sa victoire à un modèle nouveau, qualifié par Christian Salmon de "carré magique" : 1) raconter une histoire capable de constituer l’identité narrative du candidat (Storyline) ; 2) "inscrire l’histoire dans le temps" de la campagne, gérer les rythmes, la tension narrative tout au long de la campagne (timing) ; 3) "cadrer le message" idéologique du candidat (framing), c’est-à-dire encadrer le débat, comme le préconise le linguiste Georges Lakoff, en imposant un "registre de langage cohérent" et en "créant des métaphores" ; 4) "créer le réseau" sur Internet et sur le terrain, c’est-à-dire un environnement hybride et contagieux susceptible de capter l’attention et de structurer l’audience du candidat (networking).
 2. Kate Moss Machine : le "système de la mode" décrit par Roland Barthes à la fin des années 1960, immuable et souverain avec ses sentinelles silencieuses du style et sa loi d’euphorie, explose au début des années 1990. La mode sort de ses gonds. Elle fusionne avec la culture de masse et vivra désormais au rythme de ses polémiques et de ses scandales. Christian Salmon poursuit son enquête sur le "nouvel ordre narratif" en interrogeant la figure énigmatique de Kate Moss, mannequin célèbre dans le monde entier et nouveau mythe "trash" à l’âge d’Internet… Avec le corps maigre et mobile de Kate Moss, c’est une nouvelle figure qui apparaît au tournant du XXe siècle, celle d’un sujet idéal, adaptable en toutes circonstances, capable de se réinventer sans cesse à travers la mise en scène et la narration de soi.

Livres-machines et capitalisme linguistique : comment le numérique transforme notre manière d’écrire. Avec Frédéric Kaplan au webinaire Pédauque.


(0)
1162 Vues
0 commentaire
08.11.2012

L’histoire de Google pourrait se résumer en deux algorithmes : l’un, qui permet de trouver des pages répondant à certains mots (celui que nous utilisons tous!), et l’autre, qui affecte à ces mots une valeur marchande, l’a rendu riche.
Ce jeu d’enchères rapporte chaque année des dizaines de milliards de dollars. La découverte de ce territoire du capitalisme jusqu’ici ignoré ouvre un nouveau champ de bataille économique.
L’utilisation du langage est désormais l’objet de toutes les convoitises. Nul doute qu’il ne faudra que peu de temps avant que la langue elle-même s’en trouve transformée.

La fin de la pensée : philosophie analytique contre philosophie continentale. Avec Babette Babich pour Citéphilo à Lille.


(0)
1494 Vues
0 commentaire
22.11.2013

Dans cet intervention, Babette Babich approfondit le débat entre philosophie analytique et philosophie continentale en analysant les grandes différences qui permettent de les distinguer.
Elle revient sur le point de vue des tenants de la philosophie analytique qui affirment que les problèmes philosophiques proviennent du manque de rigueur scientifique et souligne que la philosophie continentale s’attache à étudier les questions auxquelles tout être humain est confronté au cours de sa vie, ne serait-ce que ponctuellement.
Si le parcours de la philosophie ne mène nulle part, explorer les tours et détours qu’il emprunte, son cheminement, est capital pour la compréhension de notre humanité.

Le langage, le monde, l'universel. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure de Paris.


(0)
1123 Vues
0 commentaire
11.07.2005

Qu'est-ce qui, dans le monde, existe réellement ? Peut-on tout savoir du monde ? Peut-on agir librement dans le monde ? Telles sont quelques questions que pose la philosophie populaire et les réponses se doivent d'être éclairées par l'un des acquis de la philosophie savante : le langage. Lui seul permet de dire le monde avant de pouvoir parler du monde.

La place des affects dans les sociétés humaines, tels que les reflète leur expression dans la diversité des langues. Avec Claude Hagège à l'Université de Grenoble.


(0)
1147 Vues
0 commentaire
06.03.2013

Les phrases d'affects, c'est-à-dire celles qui expriment ce qui arrive à un expérient (sensations, émotions, perceptions, processus cognitifs, possessifs, etc.), surabondent dans l'échange dialogal quotidien.
Cependant, aucune langue n'a de formes grammaticales spécifiques, qui soient exclusivement consacrées à l'expression des affects. C'est donc du côté du contenu sémantique que l'on peut tenter de dégager une certaine unité, en étudiant les tendances reliées au degré de volition, qui caractérise les phrases d'affects.

Conférence prononcée à l'Université Stendhal-Grenoble 3, à l'École doctorale Langues Littérature et Sciences Humaines.

L'anglais, support de la pensée unique ? Avec Claude Hagège à Rouen.


(0)
2007 Vues
0 commentaire
2013

Est-ce qu'une langue change notre vision du monde ? C'est le thème central du dernier ouvrage du linguiste Claude Hagège : "Contre la pensée unique".
Avec lui, nous allons essayer de comprendre comment se forme une pensée unique et pourquoi, selon lui, il faut s'y opposer. "Imposer sa langue, c'est imposer sa pensée" écrit-il. Une pensée serait donc strictement liée à l'usage d'une seule langue et elle pourrait façonner nos esprits. La richesse de la pensée passe-t-elle par la diversité des langues ? La langue française peut-elle résister à la pensée unique ?
Or, comme l'anglais est la langue de communication la plus couramment utilisée aujourd'hui, cette langue serait-elle le vecteur de la pensée unique ?