Les techniques issues de la tradition militaire de contre-insurrection et d'action psychologique sont aujourd'hui largement banalisées, y compris dans le management d'entreprise, dans nombre de polices du monde, voire dans des groupes mafieux. Mais on ignore souvent ce qu'elles doivent à la doctrine française de la guerre révolutionnaire (DGR). D'où l'intérêt du travail entrepris par Jérémy Rubenstein où il entreprend de retracer son histoire méconnue.
Sa genèse remonte aux armées coloniales du XIXe siècle - principalement française et britannique - qui ont constitué un savoir-faire répressif permettant l'émergence de la DGR au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle a été formalisée par des officiers français engagés dans la guerre d'Indochine, devenant hégémonique dans l'état-major durant celle d'Algérie.
Elle se veut une réponse au mouvement de décolonisation, conçue comme une guerre totale impliquant l'ensemble de la société, et vise son contrôle intégral par la propagande et la manipulation, la conquête des coeurs et des esprits. Mais aussi par la terreur, associée à la séduction propagandiste : torture, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, déplacements de populations...
Malgré ses nombreux fiascos, la DGR a essaimé depuis les colonies françaises vers bien d'autres terrains, de la guerre du Vietnam à celles d'Irak et d'Afghanistan, de l'Argentine des années 1970 à l'Afrique des années 1980 ou l'Algérie des années 1990. Et comment ses principes se retrouvent aujourd'hui au coeur des techniques violentes de maintien de l'ordre comme des outils de manipulation de l'information.
La guerre de l'information par le contenu est peu étudiée dans le monde académique ainsi que -malheureusement- dans l'appareil d'Etat.
C'est la raison pour laquelle Christian Harbulot, expert international en intelligence économique et directeur de l'Ecole de Guerre Economique, nous propose cette série d'émissions, démarche pédagogique visant à faire naître une réelle culture civile du combat par l'information.
Une série d'émission animée par Nicolas Moinet.
"En Algérie, nous combattions pour nous-mêmes, pour notre droit à un destin, pour notre dignité. Nous combattions pour relever le défi des défaites passées, pour effacer l’humiliation intolérable et la douleur. Nous combattions pour garder notre bien, pour conserver une terre acquise par le droit de conquête, de sang, de sueur et de colonisation. Nous combattions pour défendre sur cette terre, nos berceaux et nos cimetières. Nous combattions pour protéger les nôtres en danger", dit Dominique Venner dans Le Cœur rebelle.
Cinquante ans après les faits, avec le recul que l'on attend de l'historien, il est temps de revenir sur les années fiévreuses de la guerre d'Algérie, évaluer le rôle du général de Gaulle et s'interroger sur le sens que la révolte des généraux a pu avoir.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
L'historien Alain Ruscio a mis en chantier une entreprise titanesque, celle qui vise à la publication d'une encyclopédie exhaustive de la colonisation française.
Alors que plusieurs tomes sont déjà disponibles, c'est l'occasion de revenir sur quelques épisodes marquant de l'histoire coloniale de la France, notamment l'expérience douloureuse de la colonisation et de la décolonisation en Algérie.
Intellectuel de sensibilité écologiste, ancien homme politique et chef d'entreprise, Laurent Ozon nous propose une mise en perspective de l'actualité politique, économique ou techno-scientifique.
Car la déferlante d'informations journalière mérite d'être analysée avec recul et sans passion, afin qu'elle prenne sens et oriente l'action.
Les livres changent le monde. En douteriez-vous ? C'est en compagnie de l'écrivain philospohe Régis Debray et du haut fonctionnaire Didier Leschi qu'au travers de cette série d'émissions nous allons comprendre pourquoi, mais surtout comment.
Cette série sur l'histoire des idées, l'histoire du monde, l'Histoire donc tout simplement dessine le paysage (subjectif) de la trentaine de livres qui ont bouleversé, depuis 1900, la marche des choses et transformé les représentations à l'échelle internationale.
Introduite par une émission sur l'histoire de la diffusion des textes, l'étude se termine sur une tentative de dessiner l'avenir. Il y a des livres qui font tomber des murs.
S'il y a une seule conclusion à tirer de l'œuvre de Galula, c'est que toute communauté humaine, mise devant un problème politique, peut, sous certaines conditions, se fracturer en trois groupes : une minorité active très déterminée à renverser la table, une autre minorité attachée au maintien du statu quo mais incapable d'agir et enfin une majorité silencieuse qui rêve de ne rien faire mais dont la vocation est d'appuyer le camp qui a le plus de chances de l'emporter.
Hier face au FLN algérien et aujourd'hui face à l'Etat Islamique, la pensée de Galula permet à une démocratie comme la nôtre de se défendre sans se renier. La mise en œuvre de ses idées est encore d'actualité pour tous ceux qui, parmi nous, assument la responsabilité de lutter contre les insurrections de notre temps.
Un entretien mené par Pierre-Yves Rougeyron.
Durant les années 1990, la recherche historique concernant la guerre d'Algérie fut touchée par un mal insidieux et malheureusement profond. On vit monter au créneau une génération d'historiens jeunes et prétendument désinhibés, mais n'ayant rien connu du conflit et n'ayant surtout qu'une très faible idée des passions et des déchirements qu'il causa. Encensés par les media auxquels ils facilitèrent l'étrange travail de repentance qui a transformé notre pays, ils acquirent vite le monopole de la parole publique. Le conflit algérien, c'était eux.
Le résultat est aujourd'hui confondant et l'on peut s'attendre au pire alors qu'Emmanuel Macron vient de confier à Benjamin Stora une mission sur "la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie", en vue de favoriser "la réconciliation entre les peuples français et algérien".
En pleine guerre contre l'hydre islamiste, le conflit en Algérie comme la période coloniale tout entière sont devenus les sources inépuisables d'un procès de l'armée française et de la France tout court. Ils nourrissent un acte d'accusation partial. Dans cette historiographie jeune et désinhibée, il n'y a guère de préoccupation nationale, ni la crainte d'embellir, fût-ce indirectement, la violence révolutionnaire.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.