La crise économique ne suffit pas à expliquer le malaise français. Face aux bouleversements de l’ordre du monde et aux difficultés du pays, la montée du populisme et du Front national témoigne d’une inquiétude identitaire et culturelle. Comment vivre ensemble malgré nos différences ?
Laurent Bouvet examine l’origine de cette angoisse et ses effets. En décortiquant les représentations, vraies ou fausses, que nos concitoyens se font de la mondialisation, de l’Europe, de l’immigration, de l’islam ou des élites, il montre comment des dimensions culturelles se mêlent étroitement aux conditions matérielles.
Rompant avec l’aveuglement et le conformisme, Laurent Bouvet propose des pistes pour combattre ce mal qui ronge la société française : l’insécurité culturelle.
Une intervention qui prend place dans le cycle de conférences organisé par la revue Place Publique, le Conseil de déloppement de Nantes Métropole et le CCO.
Pascal Gauchon, géopolitologue, et directeur de la revue trimestrielle "Conflits", répond à diverses questions sur l'histoire et le sens de la discipline qu'il exerce.
Thèmes abordés :
0:00:32 - définition de la géopolitique
0:03:31 - géopolitique et géostratégie
0:05:03 - Machiavel et Clausewitz, deux pères de la géopolitique
0:09:47 - les écoles de géopolitique anglo-saxonne et allemande
0:12:38 - l'école française de géopolitique
0:16:23 - les géopoliticiens qui ont influencé Pascal Gauchon
0:20:54 - les notions clés de la géopolitique
0:25:32 - chaque nation est-elle porteuse d'une vision géopolitique propre et permanente ?
0:30:55 - les critères déterminants de la construction d'une unité géopolitique
0:33:31 - les limites du matérialisme économique en analyse géopolitique
0:40:26 - les principales forces à l’œuvre dans la géopolitique mondiale contemporaine
0:47:26 - développement des entités déterritorialisées et obsolescence des États
0:50:03 - raisons de l'improbabilité de cette obsolescence
0:53:05 - les États-Unis pourraient-ils renouer avec leur tradition isolationniste ?
0:58:35 - la pérennité de l'hégémonie américaine face à la montée en puissance des BRICS
1:03:01 - la Russie : une nation oscillant entre occidentalisme et panslavisme
1:06:19 - la reconfiguration de la carte moyen-orientale
1:10:16 - la construction européenne est-elle fondamentalement anti-géopolitique ?
1:15:46 - avantages et inconvénients d'un monde multipolaire
Si la crise qui frappe le monde entier est certes une crise bancaire et financière, c'est d'abord la première crise de l'unification planétaire, affirme Hervé Juvin, qui cherche à montrer les logiques, les intérêts et les passions à l'œuvre derrière le désordre des systèmes, des actions et des comportements.
Le système occidental dominait le monde, mais c'en est fini. Il n'a plus le monopole du bien ni des certitudes.
Nous vivons le renversement du monde. Cette crise le rend sensible avec acuité, si elle n'en est pas la cause : elle révèle que l'économie ne peut constituer le fondement, hors marché, des sociétés.
Une émission présentée par Patrick Péhèle.
"La politique d'un Etat est dans sa géographie, elle suggère, à la manière d'un portrait, une destinée". Sans conteste, la célèbre formule prêtée à Napoléon convient à la Turquie. Avancée de terre entourée de mers, aux confins de l'Europe et de l'Asie, la Turquie est un Janus géopolitique. A l'image du Dieu romain, elle associe deux visages antagonistes, l'un tourné vers l'Occident, l'autre profondément épris de sacré. L'histoire de la Turquie contemporaine est celle d'un conflit permanent entre Islam et laïcité, démocratie et autoritarisme, peuple et élite. Or, depuis 2002 et l'arrivée des islamistes aux affaires, une révolution silencieuse est en cours.
La marche vers l'Europe, la mondialisation, ont bousculé les clivages. Convertis, non sans arrière-pensée, au rêve européen, les islamistes turcs sont les plus ardents partisans de l'adhésion. Nationaliste, laïque, progressiste, la matrice kémaliste est démantelée au profit d'une synthèse originale alliant foi, démocratie et économie de marché. Ce processus est porté par une classe d'entrepreneurs islamiques dynamiques. La nouvelle élite entend aujourd'hui construire un nouveau contrat social à l'écoute des attentes réelles de la population. L'ancienne Turquie s'était bâtie sur l'oubli du passé impérial et le rejet de la théocratie, la nouvelle puise, sans complexe, ses racines dans l'histoire ottomane et la transcendance. Cette révolution verte clôt chaque jour davantage la parenthèse ouverte en 1923 par Mustapha Kemal.
Pour ce Grand Entretien couvrant l'actualité politique et géopolitique de février 2016, Pierre-Yves Rougeyron revient notamment sur le remaniement ministériel, les primaires chez les Républicains (les cas Wauquiez et Lemaire), la colère paysanne, la révolte des généraux, le Brexit, Donald Trump, la Syrie, et la question des frontières…
Si la crise qui frappe le monde entier est certes une crise bancaire et financière, c'est d'abord la première crise de l'unification planétaire, affirme Hervé Juvin, qui cherche à montrer les logiques, les intérêts et les passions à l'œuvre derrière le désordre des systèmes, des actions et des comportements.
Le système occidental dominait le monde, mais c'en est fini. Il n'a plus le monopole du bien ni des certitudes. Nous vivons le renversement du monde. Cette crise le rend sensible avec acuité, si elle n'en est pas la cause : elle révèle que l'économie ne peut constituer le fondement, hors marché, des sociétés.
Gilles Ardinat s’attache d'abord à définir avec précision plusieurs termes trop souvent employés à tort et à travers. Ainsi, si le mot "mondialisation" est souvent perçu comme un concept économique synonyme de néolibéralisme, il désigne plus largement "un processus de généralisation des échanges entre les différents territoires de la planète". La "généralisation des échanges" évoquée ne concernant pas uniquement les échanges économiques mais également l’information, les idées ou les personnes. À ne pas confondre avec le "mondialisme", c’est à dire "la doctrine visant l’instauration d’un super état mondial".
C'est en recouvrant le sens complet du terme mondialisation que nous comprenons que les altermondialistes n'en formulent qu'une critique partielle, sans aller au bout de sa logique. Ce mouvement politique est aujourd'hui en échec, malgré la pertinence de certaines analyses.
Pourquoi ce blocage ? On sait à quel point les altermondialistes ont peur d’être catalogués de réactionnaires, passéistes, protectionnistes voire nationalistes, et pourquoi pas même racistes ! En effet, l’antiracisme est devenu une espèce d’étendard dévoyé qui fonctionne en pratique comme une arme permettant de diaboliser, terroriser, ou rendre impossible un certain nombre de débats (sur le protectionnisme, par exemple).
Pour Gilles Ardinat, ce n’est pas d’une autre mondialisation dont nous avons besoin, mais bien d’une démondialisation : si l’on doit faire une critique de la mondialisation en restant logique, il faut proposer un programme politique qui en serait le contraire, et non une copie conforme plus ou moins moralisée.
Une conférence importante qui nous rappelle les contradictions et autres impasses idéologiques de l'extrême-gauche politique.