L'historien Henri Guillemin nous offre un exposé du contexte historique dans lequel la Guerre d'Espagne s'est inscrite. Il rappelle d'abord l'aide politique et militaire que Franco reçut de Mussolini et d'Hitler, mais aussi le télégramme de félicitations que le pape Pie IX adressa à Franco après avoir salué sa "croisade" dès septembre 1936, et s'efforce ensuite d'expliquer la non-intervention du gouvernement du Front Populaire de Léon Blum.
Il évoque également les positions prises par les grands écrivains français comme Paul Claudel et Henri Bordeaux qui applaudissent à la victoire de Franco, rejoignant Maurras, Raymond Cartier et François Mauriac qui déclenchèrent alors une campagne de presse violente. L'engagement de Malraux est à relever ainsi que le courage de Georges Bernanos qui s'indigne publiquement contre cette guerre dans Les Grands Cimetières sous la lune.
L'historien Arnaud Imatz, spécialiste de l'histoire espagnole, nous présente les conditions dans lesquelles s'est formée la "légende noire" espagnole, compilation d'idées reçues, de mensonges et de préjugés qui ont largement contribué, depuis plusieurs siècles, à une méconnaissance des réalités espagnoles de ce côté des Pyrénées.
Il revient en particulier sur les questions de l'inquisition espagnole et de la conquête des Amériques sur lesquels beaucoup de contre-vérités sont encore coloportées. Dans quel but ?
Émission "Parole et pensée", animée par Jean-René Ladmiral.
Dans l'Europe actuelle confrontée à une immigration musulmane continue, on aime bien se référer au modèle de cohabitation pacifique des trois cultures d'Al-Andalus.
L'histoire de l'Hispanie musulmane ou d'Al-Andalus est ainsi un enjeu archétypique. Au Moyen Âge, la Péninsule ibérique aurait connu une remarquable et inhabituelle cohabitation pacifique entre juifs, chrétiens et musulmans. Une admirable symbiose culturelle qui aurait duré vaille que vaille du VIIIe siècle jusqu'à l’expulsion des juifs en 1492, voire, jusqu'à l’expulsion des morisques en 1609.
Pourtant, force est de constater qu'il s'agissait, dans la réalité des faits, d'un régime très semblable à l'apartheid sud-africain et d'une époque globalement "terrifiante". Soulignant que les motifs et les facteurs de luttes et d'affrontements entre l'Espagne musulmane et l'Espagne chrétienne ont été prédominants pendant toute la période concernée, Philippe Conrad montre qu'Al-Andalus a été tout sauf un modèle de tolérance.
Il ne s'agit pourtant pas de nier qu'il y a eu des éléments de communication culturelle (surtout d'origine hellénistique) jusqu'au XIIe siècle, mais plutôt de montrer qu'il n'y a jamais eu un merveilleux système mixte sur lequel aurait reposé la cohabitation pacifique ; qu'il n'y a jamais eu un mode de vie partagé par tous, une même perception du monde valable pour tous.
Raison pour laquelle fut entreprise la Reconquista de toute la péninsule ibérique par des puissances chrétiennes.
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.
Le 1er novembre 1700 s'éteint le roi Charles II d'Espagne, souverain d'un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais. A la surprise générale, il désigne comme héritier le jeune Philippe, duc d'Anjou, petit-fils du Roi-Soleil. Cette décision arrime le royaume d'Espagne, immense mais à bout de souffle, à celui de France, première puissance du continent. Pour les autres Etats d'Europe, cette alliance est inacceptable. Le conflit qui s'ensuit représente la plus longue et la plus difficile épreuve du règne de Louis XIV.
La guerre de Succession d'Espagne oppose, de 1701 à 1714, les deux rois de la Maison de Bourbon à une vaste coalition dirigée par l'Angleterre, la Hollande et l'Empereur. La France dispose alors de la plus forte armée d'Europe, invaincue depuis plus d'un demi-siècle, et d'une direction stratégique unifiée. Elle va pourtant subir une série de désastres sans précédent face aux troupes alliées commandées par le duc de Marlborough et le prince Eugène de Savoie. La ceinture de fer érigée par Vauban est entamée, les frontières du royaume occupées.
C'est à l'étude de cette catastrophe que se consacre Clément Oury. Dans la lignée d'une histoire militaire renouvelée, il étudie la conduite des opérations depuis Versailles ou La Haye, dans les cabinets des ministres ou sur le champ de bataille. Il s'intéresse au quotidien du soldat comme à son expérience du combat ; aux souffrances des populations dans les zones de conflit ; aux réactions des opinions publiques qui, sidérées ou enthousiastes, voient s'effondrer l'image d'un Roi-Soleil invincible et menaçant. Il analyse enfin les ressorts de la résilience du royaume.
Alors que le désastre parait consommé, les dissensions entre Alliés permettent d'obtenir une paix de compromis. Celle-ci bouleverse l'agencement des pouvoirs en Europe, avec l'affirmation de la Grande-Bretagne et de la Maison d'Autriche. On ne craint plus que le royaume de Louis XIV ne prétende à l'hégémonie. Des décombres du conflit s'impose un principe diplomatique nouveau : l'équilibre des puissances.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Auteur d'un récent ouvrage destiné à constituer un véritable outil de compréhension de l'Espagne contemporaine, l'hispanisant Nicolas Klein nous invite à réfléchir au destin de ce grand voisin latin en nous introduisant aux grandes questions institutionnelles, politiques, culturelles, sociales, économiques et diplomatiques qui se posent aujourd'hui en Espagne.
Un savoir de base qui fait défaut à bon nombre de français alors que ce pays limitrophe, qui va compter de plus en plus dans le destin des nations européennes, a beaucoup à nous apprendre.
Justifiées ou non, les mauvaises réputations ont la vie dure : l'Espagne mériterait plus que tout autre pays l'opprobre de l'Histoire et la sévérité des historiens. Destruction du "miracle" que constituait Al-Andalus et expulsion des musulmans lors de la Reconquista, édification par l'épée d'un empire colonial, excrasement des républicains et accession au pouvoir du camp nationaliste en la personne de Franco, ... autant de sujets qui méritent aujourd'hui d'être étudiés avec distance et objectivité.
La vérité historique toute nue corrobore-t-elle la "légende noire" de l'Espagne ? La repentance et la haine de soi dont font preuve bon nombre de politiques et d'historiens est-elle justifiée ? Car si l'Espagne ne fut ni pire ni meilleure que les autres puissances politiques de son temps, il est peut-être temps de tourner la page de l' "historiquement correct".
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
À chaque expulsion des juifs d'un royaume d'Europe, un grand nombre optait pour la conversion, et, même s'ils "judaïsaient" pendant une ou deux générations, ils finissaient par s’intégrer dans la chrétienté. Mais la conversion forcée, sans autre alternative que la mort, d'une centaine de milliers de juifs portugais (la plupart exilés d'Espagne) en 1496 transforma le phénomène en raz-de-marée civilisationnel. La dispersion de ces crypto-juifs animés d'un ressentiment profond et durable contre l'Église catholique, et d'une conscience raciale exacerbée, eut un impact majeur sur l'évolution économique, culturelle et religieuse de l'Europe, du Proche-Orient et des Amériques.
Le milieu marrane fut aussi le creuset du sionisme moderne. Depuis le 17e siècle, les sionistes travaillent l'histoire dans les profondeurs, par infiltration des cercles de pouvoir. Le néoconservatisme, avec son patriotisme de façade, est une forme moderne de crypto-sionisme. Car en dernière analyse, le crypto-judaïsme est bibliquement fondé sur le modèle de Jacob, vêtu "des plus beaux habits d'Ésaü" et disant à son père aveugle : "Je suis Ésaü, ton premier-né" (Genèse 27,15-19).
Dans l'Europe actuelle confrontée à une immigration musulmane continue, on aime bien se référer au modèle de cohabitation pacifique des trois cultures d'Al-Andalus.
L'histoire de l'Hispanie musulmane ou d'Al-Andalus est ainsi un enjeu archétypique. Au Moyen Âge, la Péninsule ibérique aurait connu une remarquable et inhabituelle cohabitation pacifique entre juifs, chrétiens et musulmans. Une admirable symbiose culturelle qui aurait duré vaille que vaille du VIIIe siècle jusqu'à l’expulsion des juifs en 1492, voire, jusqu'à l’expulsion des morisques en 1609.
Pourtant, force est de constater qu'il s'agissait, dans la réalité des faits, d'un régime très semblable à l'apartheid sud-africain et d'une époque globalement "terrifiante". Soulignant que les motifs et les facteurs de luttes et d'affrontements entre l'Espagne musulmane et l'Espagne chrétienne ont été prédominants pendant toute la période concernée, les intervenants montrent qu'Al-Andalus a été tout sauf un modèle de tolérance.
Il ne s'agit pourtant pas de nier qu'il y a eu des éléments de communication culturelle (surtout d'origine hellénistique) jusqu'au XIIe siècle, mais plutôt de montrer qu'il n'y a jamais eu un merveilleux système mixte sur lequel aurait reposé la cohabitation pacifique ; qu'il n'y a jamais eu un mode de vie partagé par tous, une même perception du monde valable pour tous.