Imagine-t-on en France une loi qui établirait deux catégories de citoyens : par exemple, les "Français de souche" et les autres, qui ne bénéficieraient pas de droits égaux ? Une loi ségrégationniste de ce type, le Parlement israélien l'a votée en 2018, au bénéfice des seuls citoyens juifs. Comment s'étonner que, de Trump à l'Indien Modi, du Hongrois Orbán au Brésilien Bolsonaro, les nouveaux dirigeants dits "illibéraux", dont certains cultivent leurs franges antisémites, plébiscitent désormais Israël ?
Ce qui les fascine, c'est la capacité de cet État à imposer sa politique "identitaire", à multiplier les lois antidémocratiques, à faire taire les critiques et à promouvoir un modèle où la "guerre au terrorisme", la xénophobie et l'islamophobie assumées jouissent d'un soutien massif au sein de l'ethnie majoritaire.
En France, le CRIF, représentant du judaïsme qui fait aussi office de lobby pro-israélien, entraîne ses adhérents dans un soutien sans faille aux actions des gouvernants d'Israël. Aucun débat n'a agité la communauté juive française après le vote de la loi ségrégationniste en Israël. Aux États-Unis, celle-ci et de multiples actes du même ordre sont vivement critiqués par des responsables juifs de premier plan et plus encore dans la jeunesse juive. Ceux-là dénoncent l'occupation indigne des Territoires palestiniens et les dangers de l'idéologie identitaire qui l'accompagne. Israël, clament-ils, est devenu "mauvais pour les Juifs". Certains pronostiquent un divorce irrémédiable entre Juifs israéliens, engoncés dans le tribalisme, et Juifs américains, qui redécouvrent les attraits de la diaspora.
Comment en est-on arrivé là ?
Le 10 mai 2001, en votant la "Loi Taubira", les députés français ont imposé une vision idéologique et manichéenne de la traite esclavagiste. Cette loi ne dénonce en effet que la Traite pratiquée par les Européens. Elle fait l'impasse sur les Traites arabo-musulmanes, afin que, selon Christiane Taubira, "les jeunes Arabes (…) ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes" (L'Express, 4 mai 2006).
En pliant sous "l'air du temps", les députés français ont donc effacé de la Mémoire collective des millions de victimes. À commencer par ces femmes et jeunes filles razziées dans ce que les conquérants arabes appelaient la "moisson berbère". Ibn Khaldun évoque à ce sujet les "belles esclaves berbères, de toison couleur de miel". Et que dire des enlèvements opérés jusque dans les années 1800 en mer et le long des rivages méditerranéens européens ?
Cette loi fait également l'impasse sur le rôle des Africains eux-mêmes. En Afrique sud-saharienne, les Européens, dont il n'est évidemment pas question d'évacuer la part de responsabilité, n'ont pas participé à la chasse aux esclaves, attendant sur le littoral que leur soient livrés les captifs. Il dépendait donc in fine de leurs partenaires africains d'accepter ou de refuser de leur vendre leurs "frères". La réalité est qu'une partie de l'Afrique s'est enrichie en vendant l'autre partie.
Loin des nuées et des manœuvres culpabilisatrices, Bernard Lugan réfute une histoire officielle dont la finalité est de paver la route de la repentance.
Dès la fin du Moyen Âge, l'Occident a imposé sa puissance au reste de la planète. Comment cette aire géographique et culturelle s'y est-elle prise pour devenir si riche et puissante ?
- 0'00'00 : Problématique
- 0'05'00 : Qu'est-ce que l'Occident ?
- 0'07'46 : Que veut dire "supériorité" ?
- 0'09'46 : État des lieux avant le XVe siècle
- 0'13'49 : Le bond en avant de l'Occident
- 0'17'48 : Le relatif recul de l'Occident
- 0'25'20 : L'impérialisme n'est pas une cause
- 0'34'13 : Un ancienne supériorité à discuter
- 0'37'30 : L'énergie
- 0'42'26 : La concurrence
- 0'53'02 : L'ingéniosité
- 0'56'57 : La puissance martiale
- 1'02'42 : La propriété et la liberté
- 1'13'08 : La maîtrise rationnelle du monde
- 1'22'35 : Le savoir
- 1'30'31 : Le travail et l'abondance
- 1'37'29 : La culpabilisation de l'Occident
- 1'44'44 : Résumé des causes
- 1'47'21 : Les menaces sur l'Occident
Le samedi 7 octobre 2023, au lever du jour, la bande de Gaza était le théâtre d'une démonstration de force inquiétante de la part du Hamas. Dans une attaque audacieuse, ce movuement islamiste et nationaliste palestinien a défié la puissance militaire israélienne en lançant des milliers de roquettes sur plusieurs colonies. Cette série d'attaques a ébranlé la mythique réputation du dôme de fer israélien. En parallèle, des combattants du Hamas ont pénétré en territoire israélien en franchissant l'une des frontières les plus fortement gardées au monde, perpétuant ensuite plusieurs massacres et capturant de nombreux civils. Les heures qui ont suivi étaient marquées par une tension palpable, provoquant un traumatisme indélébile du côté israélien.
Lors de cet échange, Youssef Hindi, Eric Denécé et Rachid Achachi nous livrent trois lectures géopolitiques qui, selon les aspects traités, se complètent ou divergent, mais nous permettent de mieux comprendre les tenants et aboutissants du conflit autour de la bande de Gaza.
L'historien Alain Ruscio a mis en chantier une entreprise titanesque, celle qui vise à la publication d'une encyclopédie exhaustive de la colonisation française.
Alors que plusieurs tomes sont déjà disponibles, c'est l'occasion de revenir sur quelques épisodes marquant de l'histoire coloniale de la France, notamment l'expérience douloureuse de la colonisation et de la décolonisation en Algérie.
Si vous croyez que la France s'est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier.
Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d'irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d'argent et de volonté politique.
Le problème est simple à énoncer, mais il est interdit d'en parler : l'histoire de la colonisation est la "propriété privée" de lobbies, français et étrangers, qui n'ont aucun intérêt à ce que la vérité soit connue des Français, des Maghrébins et des Africains.
C'est pour cela que Driss Ghali nous livre une contre-histoire de la colonisation qui se veut un véritable antidote contre la désinformation et la pensée unique.
Si vous croyez que la France s'est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier. Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d'irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d'argent et de volonté politique. Le problème est simple à énoncer, mais il est interdit d'en parler : l'histoire de la colonisation est la "propriété privée" de lobbies, français et étrangers, qui n'ont aucun intérêt à ce que la vérité soit connue des Français, des Maghrébins et des Africains.
C'est pour cela que Driss Ghali a entrepris une véritable contre-histoire de la colonisation, antidote contre la désinformation et la pensée unique. Il explose les cloisons mentales qui dissimulent l'histoire véritable de cet épisode douloureux afin de nous libérer des mensonges institutionnels qui servent des intérêts qui ne sont pas les nôtres.
En 2003, dans la foulée de la deuxième intifada sortait une bizarrerie politico-littéraire : "le sionisme expliqué à nos potes". L'ouvrage collectif était signé par des sionistes notoires qui se fixaient comme but de "réhabiliter le sionisme pour faire comprendre à "[leurs] potes qu'il n'est pas contradictoire d'être sioniste et citoyen français, sioniste et pro palestinien". Parmi eux les truculents Alexandre Adler, Elie Barnavi, Patrick Klugman, Bernard-Henri Levy et Jacques Tarnero.
Face à cette entreprise de sauvetage d'une idéologie foncièrement coloniale et raciste et à l'inquiétante instrumentalisation corrélative de l'antisionisme, il apparaît urgent d'opposer à ce discours falsificateur une approche politique et historique du sionisme, d'en expliquer la genèse comme produit de l'impérialisme occidental et de le comprendre comme un rouage de celui-ci et non comme une agression tentaculaire dont les pauvres démocraties libérales seraient les victimes.
Cette dérive actuelle risque de porter un coup sévère à l'anticolonialisme en général et à la Palestine en particulier.