Cornelius Castoriadis : un titan dans le labyrinthe (1922-1997). Avec Myrto Gondicas, Edgar Morin, Enrique Escobar, Manuel Cervera-Marzal, Florence Giust-Desprairies et Olivier Fressard sur France Culture.


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08.12.2018

Né à Constantinople en 1922, mort à Paris en 1997, ce grec en marge plus qu'en exil, a traversé le XXe siècle en prenant des chemins de traverse. Une pensée qui n'adhère pas à un parcours académique classique, une carrière tout en rebondissements : résistant trotskiste en Grèce jusqu'en 1946, fondateur du groupe révolutionnaire Socialisme ou Barbarie en 1948, économiste à l'OCDE jusqu'en 1970, philosophe, directeur d’études à l'EHESS en 1980, psychanalyste, mélomane par sa mère pianiste. Marxiste avec ou contre Marx, longtemps son engagement fut suspecté de contradiction voire d’échec ; il fallut du temps pour qu’apparaisse la cohérence d’une trajectoire qui se sédimente brique par brique.
N'appartenant à aucune discipline, ou plutôt à toute, il cherchait à penser l'ensemble du pensable, dans la filiation antique des penseurs grecs qui lui étaient chers. Un éclectisme qui lui valut cette reconnaissance difficile mais qui aujourd'hui nous interpelle plus que jamais, dans une période d'aspiration à la transdisciplinarité, où l'hyperspécialisation des savoirs reste très forte. Sa manière d'articuler individu et société, révolution et liberté, reste brûlante d'actualité.
Accomplissant lui-même l'autonomie qu'il souhaitait pour tous, ce démocrate plaça sa vie sous le signe de l'engagement, son œuvre sous le signe de la création. Dévorant la vie avec appétit, il ne fut pas qu'une pensée, et ses textes, sous la forme de fragments partant toujours de l'expérience et de l'actualité, révèlent encore aujourd’hui, à ceux qui le découvrent, le caractère malicieux, résolu, charismatique, de cet éternel bâtisseur de ponts.

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Clémence Mary.