Comment devient-on communiste dans un monde non-communiste ? Ou plus précisément : comment des valeurs collectivistes peuvent-elles sans cesse réapparaître, et de façon nécessaire, à la fois dans la vie personnelle des individus et dans les grands mouvements de masse, dans un monde qui semble être l'incarnation parfaite de l'antithèse de ces valeurs ?
Cette question fut le fil conducteur de la vie et l'œuvre de Georg Lukács (1885-1971), militant communiste indéfectible et immense intellectuel marxiste, parfois qualifié de "plus grand philosophe marxiste après Marx", tant sa contribution a paru incontournable à ses contemporains. Pourtant, Lukács reste, particulièrement en France où l'université s'est acharnée à faire disparaître tout marxiste attaché au socialisme réel, un grand inconnu.
A l'heure où l'urgence d'amener au communisme des masses d’hommes qui ne sont pas communistes se fait de plus en plus pressante et vitale, il ne paraît pas inutile de (re)découvrir la pensée de celui qui a montré à quel point le marxisme était une solution efficace aux impasses de la modernité capitaliste.
C'est en compagnie de Victor Sarkis et après sa contribution (lien vers l'article ci-dessous) que Dominique Pagani engage la discussion sur les problématiques inhérentes au rapport Hegel/Marx.
D'un côté, il est absolument évident que Marx doit énormément à Hegel quand de l'autre, il est tout aussi indéniable que dès sa jeunesse et jusqu’à sa mort, Marx n'a cessé de proclamer sa "rupture"avec Hegel. Alors : rupture ou continuité ?
Un problème à dominante philosophique mais dont les retombées sont immédiatement politiques, tant la dissociation de Marx à Hegel, dans son interprétation dominante, est historiquement corrélée à des périodes de recul de la classe ouvrière.
Un échange modéré par Étienne Burle.
Il est un débat qui ressurgit périodiquement entre militants de la reconstruction communiste : pour faire face à l'irréversible dégénérescence réformiste des partis de la gauche de gouvernement, faut-il ressusciter la tactique "classe contre classe", que conseillait pour l'essentiel l'Internationale communiste des années 1920, ou faut-il revivifier la tactique de Front populaire, patriotique et antifasciste qu'expérimenta le PCF des années 1930 sous l'égide de Maurice Thorez ? Cette tactique, qui stoppa l'offensive fasciste en France et que trop de gens confondent avec la très confuse "union de la gauche" des années 1970, mérite d'être étudiée avec attention.
Ce sont les conceptions de l'Etat chez Lénine qui sont ici exposées par le professeur de philosophie Victor Sarkis, notamment à partir des brochure L'Etat et la Révolution en 1917 et La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky en 1918, rédigée immédiatement après la révolution d'Octobre.
Afin d'en saisir tous les enjeux, il faut d'abord accomplir un détour substantiel par Hegel et par Marx, qui ont posé les bases théoriques qui seront celles à partir desquelles le prolétariat pensera la question de l'Etat au XXe siècle.
Une question plus actuelle que jamais, alors que la prochaine élection présidentielle arrive à grands pas.
Il est aujourd'hui admis que le "système totalitaire" a prétendu, au XXe siècle, réaliser les lois de la nature dans le nazisme ou accomplir les promesses de l'histoire avec le stalinisme. Avec le totalitarisme moderne, l'idéologie se fait fort de donner un sens aux événements, elle en fournit une explication sans faille.
Le professeur de philosophie Victor Sarkis revient ici en détails sur la notion de "totalitarisme" pour en montrer les manquements et les aveuglements, produits d'un concept à l'abstraction peccamineuse.