Nous ne sommes plus à l’époque où Margaret Thatcher martelait : "there is no alternative !" Les deux invités se rejoignent dans la critique radicale du capitalisme et pensent que le monde peut fonctionner autrement.
En effet, il est aisé de trouver des auteurs qui suggèrent des réformes du système actuel, mais rares sont ceux qui proposent d’en sortir, comme le fait l'historien Jérôme Baschet, tout en donnant l’exemple d’une autre organisation sociétale possible qui a fait ses preuves depuis 20 ans, basée sur l’auto-organisation et l’abolition de l’Etat. Il s’agit de la rébellion zapatiste du Ciapas au Mexique qui a donné lieu à cette nouvelle forme sociale, où le "bien-vivre" et la qualité de vie ont remplacé la quantification marchande. Cette nouvelle forme du vivre ensemble se déroule sur un territoire grand comme la Belgique.
Anselm Jappe, philosophe, affirme que la crise que nous traversons n’est pas seulement économique, mais aussi anthropologique, écologique et énergétique et que nous risquons de nous auto-détruire. Sa critique du capitalisme est donc radicale : "Dans la société capitaliste, toute production ne sert qu’à transformer une somme d’argent dans une somme plus grande d’argent. La création d’argent est devenue la seule finalité de la vie sociale. Une telle société ne peut qu’être malheureuse."
Bienvenus à ceux qui osent penser le monde "autrement".
Après avoir surmonté en un siècle les deux séismes majeurs que furent le nazisme et le stalinisme, la civilisation occidentale, se trouve emportée par le libéralisme d'aujourd'hui, le néolibéralisme. Il en résulte une crise générale d'une nature inédite : politique, économique, écologique, morale, subjective, esthétique et intellectuelle.
Il n'y a cependant nulle fatalité dans cette troisième impasse historique en un siècle. Il convient en effet de reprendre les choses là où elles ont été interrompues par le triomphe de cette religion immanente et matérialiste qu'on appelle le "divin Marché". Laquelle fonctionne, comme toute religion, sur une promesse : le salut par l'augmentation sans fin de la richesse. Fuite en avant qui mène tout droit à la dévastation du monde.
Pour obvier à ce sort, il faut en revenir au cœur de la civilisation occidentale afin d'y trouver les principes nécessaires à la refondation de notre monde. Cette civilisation possède les sources et les ressources nécessaires à sa Renaissance pour peu qu'on se donne un droit d'inventaire sur les deux sources du grand récit occidental :
- le récit monothéiste, que les Latins tenaient de Jérusalem, pour lui faire admettre une seconde fois la dignité de l'homme et de la femme
- le récit du Logos, venu des Grecs et d'Athènes en particulier, en visant à le débarrasser de l'exclusion qu'il prononçait à l'encontre de certaines catégories de citoyens voués à l'entretien des maîtres.
L'enjeu, c'est tout simplement la perspective d'une nouvelle Renaissance