Guy Hocquenghem, la rage intacte : itinéraire d'un indompté (1946-1988). Avec Hélène Hazéra, Jean-Luc Hennig, Elisabeth Salvaresi, Antoine Idier, Roland Surzur et Marc Hatzfeld sur France Culture.


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02.07.2016

Guy Hocquenghem a grandi dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle et progressiste. Il fait de brillantes études au Lycée Henri IV à Paris et entre à l’Ecole Normal Supérieure de la rue d’ULM en 1966. Avec son professeur de philosophie René Schérer, il s’initie au sexe et à la politique. Tout en menant une vie homosexuelle clandestine, il plonge dans l’effervescence politique de la fin des années 60, il manifeste devant le théâtre de l’Odéon pour protéger les représentations des Paravents de Genet et tient le haut du pavé en Mai 1968.
En 1971, il rompt avec le gauchisme pur et dur en participant à la fondation du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire dont il sera la plume enragée, rédigeant tracts, manifestes et textes théoriques souvent censurés pour outrage aux bonnes mœurs. Le Désir Homosexuel, son essai publié en 1972, demeure un texte fondateur des études gays et lesbiennes et de la théorie Queer. Mais Guy Hocquenghem refuse de s’embourgeoiser dans aucun mouvement et délaisse la lutte minoritaire. Fidèle aux figures du traître, du voleur, chères à Jean Genet, il sera toujours celui qui dynamite de l’intérieur le système, la structure, le camp auquel il appartient, interrogeant les dogmatismes et fuyant toute assignation à une catégorie. Journaliste polémique et indomptable à Actuel puis à Libération, pamphlétaire voltairien, il est une vigie infatigable de son époque, dénonçant le racisme français dans La beauté du métis, ou l’abandon des utopies et les compromissions de la gauche dans sa Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary. Guy Hocquenghem, le franc-tireur, se détache peu à peu du monde militant et médiatique, pour se consacrer à la littérature. Publié chez Albin Michel, en lice pour le prix Goncourt, il ne pourra s’empêcher de fustiger le microcosme littéraire parisien.
Il découvre sa séropositivité en 1986 et passe les deux dernières années de sa vie à écrire dans l’urgence et la fièvre ses romans Eve, Les voyages et aventures extraordinaires du Frère Angelo et son autobiographie, L’amphithéâtre des morts, qu’il n’aura pas le temps d’achever. Il meurt du Sida en 1988 à 41 ans.

Émission "Une vie, une oeuvre", animée par Irène Omélianenko.