À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Figures du communisme (La Fabrique, 2021), Frédéric Lordon revient sur son parcours et le déploiement de questionnements stratégiques menés depuis plusieurs années pour contribuer à sortir de l'impuissance.
Dans un premier temps, c'est l'état du capitalisme parvenu à un stade d'accumulation tel qu'il devient non plus seulement délétère mais mortifère, responsable d'un véritable écocide, qui est analysé. Le capitalisme est décrit ici comme une prise d'otage, un capturat, qui renvoie aussi à un certain régime d'affects et de pulsions.
Il est ensuite important de formuler une alternative qui serait désirable, ce que Frédéric Lordon avec d'autres n'hésite pas/plus à appeler "communisme". On y revient sur les expériences émancipées de l'emprise capitaliste et l'on débat de l'État, sur son dépérissement ou pas.
Enfin, l'échange se termine sur une exploration des nœuds stratégiques qui forment en eux-mêmes une perspective de transition, notamment par la description de ce qui est dénommé garantie économique générale : on s'interroge sur un programme et plus encore un projet qui ne soit pas institutionnel mais bel et bien émancipateur.
Émission "C'est quoi le plan ?", présentée par Ludivine Bantigny.
Le nouveau livre de Frédéric Lordon, Figures du communisme, est directement tourné vers l'action, ici et maintenant. Face à l'inhumanité du néolibéralisme, face aux désastres engendrés par un capitalisme dont plus personne ne peut douter qu'il est en train de rendre la planète inhabitable, que faire ? Telle est la question à laquelle l'auteur s'efforce de répondre. Par un exercice de méthode et de conséquence – à rebours du règne du déni et de l'inconséquence.
Émission "On s'autorise à penser.", animée par Julien Théry.
Les générations humaines se succèdent au sein d'une zone monétaire de façon continue. Comment assurer le principe de liberté entre générations distantes de plus d'une espérance de vie pour éviter ce que Thomas Paine dénonçait, à savoir l'illégitimité d'imposer des choix qui "lient la postérité pour toujours" ?
La théorie relative de la monnaie répond très précisément à cette question par l'application du principe de relativité économique associé à la reconnaissance pleine et entière des libertés économiques pour tous les hommes, vivants et à naître.
Les plus récents rapports sur l'avenir du travail nous indiquent que nous pourrions perdre jusqu'à 50% des emplois dans les dix à quinze prochaines années. L'automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l'on appelle "l'économie des data". Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l'emploi dans tous les secteurs – de l'avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire – et dans tous les pays.
Pourtant, ces informations ne nous poussent pas à agir. Pourquoi le gouvernement n'ouvre-t-il pas un débat sur l'avenir de la France et de l'Europe dans ce nouveau contexte ?
L'automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date – notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d'un changement macro-économique, politique et culturel radical.
Le temps de ce changement est venu, et le philosophe Bernard Stiegler se consacre à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d'une situation exceptionnelle à tous égards – où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.
Allons-nous bientôt vivre dans un monde où les robots prendront la relève du travail humain ? Mais s'il y a de moins en moins de travail, comment les gens vont-ils gagner leur vie ?
Dévrons-nous au moins partiellement découpler les revenus du travail ? Le revenu de base peut-il répondre à ce besoin et constituer une véritable reconnaissance d'autres formes de création de valeur que le capitalisme moderne ne reconnaît pas ?
Yann Moulier-Boutang, économiste et co-directeur de la revue Multitudes, revient sur ces questions dont les réponses engagent l'avenir de nos sociétés.
Le sociologue et économiste Bernard Friot revient sur l'histoire des politiques sociales qui ont été mises en place à l'initiative du Conseil National de la Résistance (CNR) après la Libération, entre 1945 et 1947 principalement. Statut de la fonction publique, sécurité sociale, lois diverses sur les comités d’entreprises, nationalisations multiples et lois sur les libertés fondamentales de la presse en sont les axes majeurs.
C'est surtout le nouveau rapport qui est instauré entre le salaire et l'emploi qui doit retenir notre attention : en effet, l'idée révolutionnaire visant à fixer un salaire lié au grade et non au poste du salarié permet de dépasser le marché de l'emploi et donc la création de valeur capitaliste.
Voici pourquoi Bernard Friot défend la généralisation du salaire à vie, entendue comme la reconnaissance de la création de valeur par les individus.
Une conférence organisée par l'association "Devenons Citoyens".
André Gorz réalise, tout au long de son oeuvre, une synthèse entre Sartre, Marx et Illich. Ingénieur chimiste de formation, c'est en autodidacte qu'il étudie la philosophie, l'économie et la sociologie.
Il se considère comme un théoricien. Son rôle est de donner des clés de lecture pour guider afin qu’ensuite s’amplifient les mouvements. Ce n’est pas un homme d’action ni d’implication.
Il a été avec René Dumont et Edgar Morin le fondateur de l’écologie politique en France au début des années 70.
Gorz, critique du keynésianisme, se situe entre la social-démocratie et la gauche radicale dont il ne partage pas la croyance à la révolution au "grand soir".
Une conférence organisée à la librairie "Le comptoir des mots", Paris 20ème.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, Bernard Friot poursuit une réflexion originale sur le devenir historique et l’avenir du salariat, dans laquelle il a accordé une place importante à l’avènement de la cotisation sociale, ce qui lui a donné l’occasion d’intervenir de manière remarquée dans le débat qu’a suscité en France la réforme des régimes de retraite en 2010.
Dans ses derniers travaux, il reprend et radicalise certaines des thèses déjà développées précédemment tout en en explicitant davantage les fondements théoriques. Car Bernard Friot prétend porter un projet "neuf" et "révolutionnaire".
Mais qu'en est-il vraiment ? Ce membre du Parti communiste français propose-t-il un projet d'émancipation crédible ?
En quoi son projet se distingue-t-il d'un classique capitalisme d'état avec sécurité sociale et salariat universels ?