Loin des salons d'intellectuels et des universités d'État, Gustave Thibon (1903-2001) a incarné, dans sa vie et dans son œuvre, la figure du philosophe et poète paysan. Cet autodidacte, formé par la lecture de Nietzsche, a écrit, en 1943, un "essai de physiologie sociale" qui fait suite aux Diagnostics écrits trois plus tôt.
Retour au réel n'est ni une somme de philosophie, ni un traité de morale : c'est un appel à retrouver le réalisme, cette sagesse qui liait les anciens aux réalités physiques et métaphysiques, et qui manque tellement aux modernes abreuvés d'idéaux révolutionnaires. Rien n'est plus mortel, pour les civilisations, que les abstractions désincarnées, car on élève d'autant plus haut l'idéal qu'on ne le réalise pas dans sa vie. Détaché de ses liens vitaux avec ses "communautés de destin", l'homme est condamné à mourir.
Dans une époque plus atomisée que jamais, qui a détruit ce qui restait de communauté organique, les leçons de réalisme de Gustave Thibon doivent être redécouvertes avec le plus grand intérêt.
Les philosophes modernes prétendent qu'il existe une rupture radicale entre la réalité et la pensée, entre les choses et les concepts, entre ce qui existe et le modèle de ce qui existe. Leur anti-réalisme est secondé par leur anti-réceptivisme : la thèse que le réalité n'est jamais, à proprement parler, le contenu de nos concepts ni la signification de ce que nous disons.
Le rejet de tels présupposés (ou préjugés) de la philosophie moderne (et post-moderne) caractérise la tradition aristotélico-thomiste, telle qu'elle se développe aujourd'hui dans le thomisme analytique. Question : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Réponse : parce que Dieu existe.
La métaphysique ainsi comprise est aussi une théologie rationnelle. D'une apologie de la métaphysique, on en vient à une apologétique.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
La question du "réalisme" souffre de l'indétermination dans laquelle on y laisse la notion même de "réel". Car le réel ne se résume pas à l'objet, et la chose demande précisément qu'on l'émancipe de sa constitution comme un objet pour un ego constituant.
Cette opération, négligée par la plupart des "réalistes" contemporains impose non seulement la décontraction de l'objectité de la metaphysica moderne, mais aussi la réduction au donné.
Un exposé dans le cadre des "Lundis de la Philosophie".
Dans l'histoire de la philosophie, le réalisme désigne la position qui affirme l'existence d'une réalité extérieure indépendante de notre esprit. Cette position affirme également que le monde est une chose et que nos représentations en sont une autre.
Depuis l'interpréation douteuse qu'en a proposé Fichte, Kant est resté assigné à la catégorie des idéalistes.
Bernard Bourgeois, grand spécialiste de l'histoire de la philosophie allemande moderne, entend ici démontrer que Kant appartient pourtant bien à la tradition réaliste lorsqu'il est compris correctement, et que sa philosophie s'oppose même frontalement à l'idéalisme et à ses conséquences les plus néfastes.
Le professeur de littérature française Pierre Glaudes est un spécialiste de la littérature du XIXe siècle. Auteur d'un Esthétique de Barbey d'Aurevilly (Classiques Garnier, 2009), il cherche à replacer Barbey d'Aurevilly dans un horizon esthétique qui lui est propre, sans se laisser porter vers les deux écueils qui seraient pour l'un d'en faire un écrivain régionaliste, pour l'autre de le réduire à un chantre des pulsions du corps.
Il faut également souligner l'influence du brûlant réactionnaire Joseph de Maistre, en qui il trouve une certaine éthique, une morale, mais aussi une philosophie du mal que l'on retrouve dans ses romans, vers une "esthétique de l'intensité". Il faut enfin replacer Barbey en décalage par rapport au courant réaliste de son époque : pour lui, le réel ne se réduit pas au monde physique. Ses romans présentent donc une autre forme de rapport à la réalité, qui hérite également du Don Quichotte de Cervantès et du récit balzacien.
Émission "La Compagnie des auteurs", animée par Matthieu Garrigou-Lagrange.
Les choses ont beaucoup changé depuis la guerre du Kosovo du printemps 1999, alors que Boris Eltsine dirigeait une Russie très affaiblie qui se fit imposer une guerre qu'elle n'avait pas voulue. Ce pays c'est depuis relevé avec Vladimir Poutine à sa tête, pour s'affirmer comme une puissance incontournable sur la scène internationale. Quelle rôle la Russie fait-elle désormais jouer à sa diplomatie, et selon quelles méthodes ?
C'est à ces questions que répond Renaud Girard, chroniqueur de politique internationale et grand reporter de guerre depuis plus de trente ans. Il plaide pour une approche réaliste des relations internationales, position qui nous oblige à traiter avec tous les acteurs d'une scène internationale multipolarisée, et en nous obligeant donc à reconnaître leur légitimité et à les comprendre.
La mécanique quantique, dans son interprétation commune dite de l'École de Copenhague et telle qu'elle est généralement comprise par le grand public cultivé, aurait prouvé l'existence d'un "hasard intrinsèque" dans la Nature.
Pourtant, une alternative existe, parfaitement déterministe et réaliste du point de vue philosophique : il s'agit de la théorie de De Broglie-Bohm.
Et comme la petite histoire des sciences est imbriquée dans la (grande) histoire des événements politiques, c'est avec un regard croisé d'histoire de la physique et d'analyse de la guerre froide que Jean Bricmont nous introduit à cette controverse.