Omniprésente dans les rues comme dans le débat public, la police soulève davantage de questions qu'elle ne semble pouvoir en résoudre.
De son côté, Paul Rocher réfute les présupposés au fondement du mythe policier d'une institution sans doute imparfaite mais nécessaire, au service de toute la société dont elle ne ferait que refléter les travers. Frédéric Lordon, quant à lui, et tout en critiquant vertement la police actuelle telle qu'elle existe, prétend qu'une société ne peut se passer d'un concept général de police et de son institutionnalisation.
Alors : est-il impossible de se passer de police ? Est-il envisageable de dégager les voies possibles d'un monde sans police ?
Qui est vraiment Sigmund Freud ? Pas un dieu tout-puissant ni un charlatan, mais un Freud qui rêve tout haut, dissèque les anguilles, prend de la cocaïne, cite Shakespeare, aime l'humour juif et cultive la compagnie des femmes d'esprit. Un Freud inédit qui parle à la première personne.
Une série documentaire produite par Christine Lecerf et réalisée par Julie Beressi.
À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Figures du communisme (La Fabrique, 2021), Frédéric Lordon revient sur son parcours et le déploiement de questionnements stratégiques menés depuis plusieurs années pour contribuer à sortir de l'impuissance.
Dans un premier temps, c'est l'état du capitalisme parvenu à un stade d'accumulation tel qu'il devient non plus seulement délétère mais mortifère, responsable d'un véritable écocide, qui est analysé. Le capitalisme est décrit ici comme une prise d'otage, un capturat, qui renvoie aussi à un certain régime d'affects et de pulsions.
Il est ensuite important de formuler une alternative qui serait désirable, ce que Frédéric Lordon avec d'autres n'hésite pas/plus à appeler "communisme". On y revient sur les expériences émancipées de l'emprise capitaliste et l'on débat de l'État, sur son dépérissement ou pas.
Enfin, l'échange se termine sur une exploration des nœuds stratégiques qui forment en eux-mêmes une perspective de transition, notamment par la description de ce qui est dénommé garantie économique générale : on s'interroge sur un programme et plus encore un projet qui ne soit pas institutionnel mais bel et bien émancipateur.
Émission "C'est quoi le plan ?", présentée par Ludivine Bantigny.
En redécouvrant un texte oublié, Recherches sur l'origine de la vertu morale de Bernard de Mandeville, le philosophe Dany-Robert Dufour estime avoir trouvé le logiciel caché du capitalisme.
Les idées contenues dans ce texte ont en effet infusé toute la pensée économique libérale moderne, d'Adam Smith à Friedrich Hayek. Selon Mandeville, il faut confier le destin du monde aux "pires d’entre les hommes" (les pervers), ceux qui veulent toujours plus, quels que soient les moyens à employer. Eux seuls sauront faire en sorte que la richesse s'accroisse et ruisselle ensuite sur le reste des hommes. Et c'est là, le véritable plan de Dieu dont il résultera un quasi-paradis sur terre.
Pour ce faire, Mandeville a élaboré un art de gouverner – flatter les uns, stigmatiser les autres – qui se révélera bien plus retors et plus efficace que celui de Machiavel, parce que fondé sur l'instauration d'un nouveau régime, la libération des pulsions. On comprend pourquoi Mandeville fut de son vivant surnommé Man Devil (l'homme du Diable) et pourquoi son paradis ressemble davantage à l'enfer....
Émission "La couleur des idées", animée par Pascale Seys.
Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.
Le dernier essai du philosophe Dany-Robert Dufour Baise ton prochain. Une histoire souterraine du capitalisme résulte d'une sidération. Celle qui l'a saisi lorsqu'il est tombé sur un écrit aujourd'hui oublié, Recherches sur l'origine de la vertu morale de Bernard de Mandeville. C'est en 1714, à l'aube de la première révolution industrielle, que Mandeville, philosophe et médecin, a publié ce libelle sulfureux, en complément de sa fameuse Fable des abeilles. Cet écrit est le logiciel caché du capitalisme car ses idées ont infusé toute la pensée économique libérale moderne, d'Adam Smith à Friedrich Hayek.
Fini l'amour du prochain ! Il faut confier le destin du monde aux "pires d'entre les hommes" (les pervers), ceux qui veulent toujours plus, quels que soient les moyens à employer. Eux seuls sauront faire en sorte que la richesse s'accroisse et ruisselle ensuite sur le reste des hommes. Et c'est là le véritable plan de Dieu dont il résultera un quasi-paradis sur terre. Pour ce faire, Mandeville a élaboré un art de gouverner - flatter les uns, stigmatiser les autres - qui se révélera bien plus retors et plus efficace que celui de Machiavel, parce que fondé sur l'instauration d'un nouveau régime, la libération des pulsions. On comprend pourquoi Mandeville fut de son vivant surnommé Man Devil (l'homme du Diable) et pourquoi son paradis ressemble à l'enfer.
Trois siècles plus tard, il s'avère qu'aucune autre idée n'a autant transformé le monde. Nous sommes globalement plus riches. À ceci près que le ruissellement aurait tendance à couler à l'envers : les 1% d'individus les plus riches possèdent désormais autant que les 99% restants. Mais on commence à comprendre le coût de ce pacte faustien : la destruction du monde. Peut-on encore obvier à ce devenir ?
Toute culture est une tentative de juguler la violence. Prônant une liberté sans limites, faisant de l'égoïsme une vertu sociale et de la propriété privée un droit naturel inaliénable, le capitalisme libère une passion qui ne tolère pas d'obstacle et étend son emprise sur toutes choses : l'appât du gain.
Dans un tel cadre, le respect pour autrui se double d'une exploitation du voisin. La radicalité de cette passion engendre une sacralisation de la violence et du terrorisme.
L'avenir de l'humanité passe par une nouvelle révolution qui imposera des limites à l'accumulation de richesses.